L’exploitation et la gestion des marchés de Montigny-le-Bretonneux ont fait l’objet d’une nouvelle délégation de service public (DSP), soumise au vote lors du dernier conseil municipal du lundi 22  novembre. Un changement habituel qui s’accompagne de nombreuses évolutions pour les commerçants non sédentaires présents chaque mercredi et samedi sur la place Étienne Marcel.

Les plages horaires sont ainsi réduites sur les deux jours de marché, et l’accent sera mis sur une offre mixte, alliant alimentaire et non alimentaire, les premiers étant absents du marché le samedi après-midi. Une nouvelle organisation qui inquiète fortement les représentants du marché. Pour les élus, ces changements sont nécessaires pour réussir à répondre aux attentes des Ignymontains et redynamiser le marché de la place Étienne Marcel. Une nouvelle organisation qui aura également un impact sur le marché du quartier de la Sourderie.

« On veut juste garder nos horaires, tout simplement », explique Ahcen Fathi, représentant des commerçants non sédentaires du marché de Montigny-le-Bretonneux, présent sur le marché depuis sa création en 1989. Le samedi 20 novembre, comme depuis plusieurs semaines, il est présent sur le marché pour contester la décision de la Mairie de réduire les horaires du marché.

Au printemps, la Mairie a publié un marché public pour trouver le nouveau délégataire qui sera chargé de l’« exploitation et de la gestion des marchés d’approvisionnement de la Ville ». Un changement de délégataire qui ne semble pas inquiéter les représentants présents sur le marché. « Le changement de délégataire, ce n’est pas notre problème », affirme Françoise Nebout, représentante elle aussi des commerçants non sédentaires rejointe dans ses propos par Ahcen Fathi : « On a l’habitude des changements de délégataires, c’est courant. »

Les représentants des commerçants non sédentaires ont lancé une pétition qui, la veille, avait réuni 586 signatures sur le cahier et 288 sur le site internet change.org, avec 2 251 vues et 170 partages.

Le marché de la place Étienne Marcel avait lieu le mercredi, de 12 h à 19 h 30 et le samedi de 8 h 30 à 19 h 30, les commerçants alimentaires n’étant présents que de 8 h 30 à 13 h. Désormais, à compter du 1er janvier, le marché du mercredi aura lieu de 15 h à 19 h, prolongé jusqu’à 20 h durant la période estivale et les horaires du marché du samedi seront réduits, se terminant à « 14 h 30-15 h », indique le maire, Lorrain Merckaert (DVD), avec présence des alimentaires et non alimentaires tout au long de cette plage horaire.

Les représentants expliquent avoir le sentiment de ne pas avoir été concertés dans cette prise de décision. « Ils nous ont mis au pied du mur en fait », raconte Ahcen Fathi. De passage sur la place, l’élu d’opposition du groupe Aimes, Guillaume Beuriot, explique que les commerçants sédentaires n’étaient eux non plus pas au courant « il y a encore un mois, alors que le marché date d’avril-mai ».

Les commerçants sédentaires seraient, selon les représentants du marché et l’élu, favorables au maintien des horaires habituels. Ils ont ainsi signé pour certains la pétition que les représentants ont mise en ligne et ont déposée sur le marché. Une pétition qui, la veille, avait réuni 586 signatures sur le cahier et 288 sur le site internet change.org, avec 2 251 vues et 170 partages.

Dans les raisons qui justifieraient ce changement, des échos d’habitants qui diraient que « le marché ne leur correspondait pas […] par rapport à l’offre et à la demande ». Un habitant s’arrête alors pour expliquer qu’il est d’accord avec la décision de la Mairie, les produits ne profitant pas « aux gens du coin » et abordant des problèmes d’insécurité.

« Les horaires qu’ils nous ont proposés, ce ne sont pas des horaires de commerce pour nous. En tant que non alimentaire, je vous le dis, 70 % de notre chiffre d’affaires est entre 15 h et 19 h. Donc, s’ils nous le supprime, c’est qu’il y a une raison et ils nous disent ‘‘c’est pour redynamiser le marché’’. Alors là, il y a une chose que je ne comprends pas. »

Didier Baichère, député de la 1re circonscription des Yvelines, contacté par Ahcen Fathi, est venu à la rencontre des commerçants avant un rendez-vous avec le maire dans l’après-midi. Il réagit ainsi aux propos des représentants du marché : « Honnêtement, comme ça, sur le papier, j’avoue que je trouve ça étrange. J’ai du mal à comprendre comment on peut expliquer que c’est très bien de diminuer des horaires. »

Le représentant des commerçants non sédentaires le répète, cette décision est incompréhensible. « Le matin, il y a une petite clientèle qui vient à l’alimentaire et, l’après-midi, les gens viennent se promener, donc on fait un peu partie de l’attractivité du centre en général ici », rappelle Ahcen Fathi.

Des problèmes d’insécurité

Si les commerçants ont été informés tard, les échanges semblent avoir été nombreux depuis avec la Mairie. Contacté par La Gazette, le maire explique cette décision par les avis des riverains récoltés depuis 2018. « Nous avions adressé un questionnaire aux usagers du marché pour savoir un petit peu quel était leur ressenti sur ce marché », relate l’édile, précisant que les décisions ont été repoussées à cause de la situation sanitaire.

Deux grandes observations seraient ressorties de ce questionnaire et des échanges directs avec les habitants : une offre alimentaire insuffisante et une offre peu qualitative. « Nous avons travaillé à partir de ça, en regardant un petit peu ce qui se faisait ailleurs. […] Ce que l’on a pu constater, c’est qu’effectivement là où on avait les marchés qui fonctionnaient en général le mieux, c’est lorsqu’on avait des marchés mixtes alimentaires/non alimentaires, ce qui permet d’avoir quelque chose d’équilibré avec une offre plutôt qualitative et plutôt satisfaisante ».

La Mairie souhaite avec ces nouveaux horaires et la mixité de l’offre « attirer une nouvelle clientèle ». Dans le cadre de la délégation de service public, la Mairie impose à la société choisie pour les cinq prochaines années, Somarep, de faire progresser le nombre de commerçants chaque année et la part de commerces alimentaires.

« Je comprends leur inquiétude, mais elle s’appuie sur le fait qu’aujourd’hui, nous avons un marché du samedi matin qui a une offre […] qui ne ressemble pas à ce qu’elle sera en principe avec la nouvelle délégation, explique le maire. Ils ne peuvent pas préjuger de la façon dont ça fonctionnera demain et donc du chiffre d’affaires qu’ils pourraient réaliser puisque le marché de demain, a priori, ne sera pas le même que celui d’aujourd’hui ».

« On veut juste garder nos horaires, tout simplement », explique Ahcen Fathi, représentant des commerçants non sédentaires du marché de Montigny-le-Bretonneux, présent sur le marché depuis sa création en 1989.

Le maire incite ainsi les commerçants à rester sur le marché au moins six mois de plus pour voir ce que donne l’organisation. « Je leur ai dit : ‘‘ Restez, passez du temps ici, voyez un peu ce que nous mettons en place, le nouveau marché, regardez comment il fonctionne et vous verrez si le pari est réussi ’’ ».

Dans le cahier des charges du nouveau délégataire, Somarep devra organiser des marchés « à thème sur l’année pour apporter une offre différente », et devrait installer « un carré de convivialité » pour permettre aux gens de passage ou clients de s’installer avec des produits du marché « pour passer un moment de convivialité » entre amis ou en famille.

Le samedi 20 novembre, la fermeture du marché du dimanche de la place Jacques Cœur, dans le quartier de la Sourderie, est aussi abordée. Un choix que le maire justifie en expliquant que le marché, « assez ancien », a « décliné au fil des ans ». Les tentatives pour le redynamiser, notamment l’an passé, ont échoué selon Lorrain Merckaert.

« On a tenté de le relancer lors du mandat précédent, en y mettant en place un marché bio, raconte l’édile. Mais en fait, ça a été un échec. Les gens sont venus une fois, et après ne revenaient plus ». Selon lui, désormais, seuls les habitués continuent de venir y faire leurs courses, mais le nombre de commerces ambulants a « réduit au fil des ans ».

Pour continuer à animer les centres commerciaux de proximité, la Mairie lance « une nouvelle offre […] qui sera travaillée avec les commerçants de la ville. Une offre « complémentaire » qui consiste à proposer à des commerces ambulants de s’installer de façon « ponctuelle », « avec des choses éventuellement saisonnières », qui viendront renforcer l’offre des commerces sédentaires.

Une solution qui ne semble pas convaincre. Pour le représentant des commerçants non sédentaires : « Il y a des personnes âgées qui ne peuvent pas sortir du quartier et qui vont être pénalisées malheureusement, donc c’est un peu dommage. »

Il faudra attendre le 1er janvier pour que toutes ces mesures soient mises en place et voir les premiers effets de ce changement. Durant les fêtes de Noël, le marché du samedi de la place Étienne Marcel aura lieu exceptionnellement le vendredi 24 décembre et le vendredi 31 décembre. Une décision de la Mairie qui fait suite « à la demande des forains » selon l’élu.