« Ce sont les travaux de trop. » Chez plusieurs commerçants situés aux abords de la mairie, le ras-le-bol est palpable : la rue Ambroise Croizat, l’un des principaux accès en voiture aux commerces du centre-ville, est fermée pour trois semaines en raison de travaux. Plusieurs gérants s’insurgent contre cette nouvelle fermeture, la huitième en huit ans selon certains, qui entraîne une forte baisse de la fréquentation avec un impact non négligeable sur leur chiffre d’affaires. Face aux critiques, la municipalité de Guyancourt indique être intervenue, bien qu’il s’agisse d’un chantier privé, pour que ces travaux présentent le moins d’impacts possibles.

« Les travaux concernent une construction privée sur une parcelle privée, nous explique par courriel la municipalité guyancourtoise. Ils ont pour but de réaliser un raccordement aux réseaux eaux usées, eaux pluviales, électricité et gaz à la parcelle de la future construction située au 12 rue Ambroise Croizat, et sont planifiés du 23 avril au 10 mai. » Pour cela, une profonde travée a dû être creusée sur toute la largeur de la rue. La route est donc barrée et une déviation est mise en place en amont, au niveau du rond point face au gymnase Maurice Baquet.

Une fermeture aux lourdes conséquences pour les commerces du centre-ville, d’autant que ce n’est pas la première. « En huit ans que je suis là, c’est la huitième fermeture de la rue », peste Alexandre Marboutie, le gérant de la Boucherie de l’église, joint par téléphone la semaine dernière. Pour manifester sa colère, il a affiché momentanément deux écriteaux sur sa devanture, sur lesquels les passants pouvaient lire « Merci les faux-culs de la mairie ».

« Cette rue fermée, pour nous, c’est un axe principal, donc les gens prennent l’habitude de passer ailleurs et ne viennent plus, s’insurge le gérant de la boucherie, confiant avoir eu du mal à se remettre financièrement de la précédente fermeture. C’est catastrophique : on perd minimum entre 25 et 30 % de chiffre d’affaires. » Alexandre Marboutie pointe un sentiment « d’abandon » de la municipalité : « Tout est fait pour couler les petits commerces. »

Le ras-le-bol est similaire du côté du tabac-presse du Village, où le gérant, Antonio Dominguez, résume les conséquences de ces fermetures de la rue : « Moins de clients, perte de chiffre d’affaires, perte de salaire. » Pour lui aussi, les dernières fermetures ont eu de lourdes conséquences. « Les deux dernières fois où ils ont fait des travaux, j’ai été obligé d’emprunter pour boucher les trous », nous confie Antonio Dominguez. Les deux gérants regrettent aussi que les panneaux de déviation « envoient vers le Grand frais plutôt que de faire passer les automobilistes par ici ».

Si la municipalité rappelle qu’il s’agit d’un chantier privé, elle assure être intervenue pour en réduire les effets négatifs. « La Ville a imposé aux concessionnaires qui gèrent les réseaux de coordonner leurs interventions afin de réduire au maximum la fermeture de la voie, se défend la mairie par courriel, mentionnant « plusieurs concertations », pour réduire les impacts en terme de délais, « de places de stationnement pour les commerces » et de déviation. La Ville a également demandé au propriétaire qu’il réalise ses raccordements pendant une période creuse (en l’occurrence, congés scolaires et ponts de mai). »

Les commerçants s’étonnent par ailleurs qu’aucun ouvrier ne se soit rendu sur le chantier la semaine dernière. En mairie, on explique que ce sont les prestataires qui ont modifié les plannings : alors que la première entreprise intervenant devait finir le lundi 29 ou le mardi 30 avril, elle a fini le vendredi 26 avril. La deuxième société a quant à elle reporté son intervention prévue le jeudi 2 mai au lundi 6 mai. « Toutefois, elle s’est organisée pour que cela n’ait pas de conséquence sur l’échéance du chantier », insiste la Ville.