Vous pouvez désormais venir à la bibliothèque universitaire de l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) non pas pour emprunter des livres, mais une œuvre d’art. L’association étudiante, ArtOshare a inauguré le 4 avril à la Bibliothèque universitaire (BU) de Guyancourt la première artothèque de France. Celle-ci offre la possibilité à tout le monde d’emprunter une photo, une vidéo, ou encore un tableau. L’objectif étant de démocratiser l’accès à l’art contemporain et de promouvoir de jeunes artistes émergents de Saint-Quentin-en-Yvelines et du département.

Mais le projet n’est pas nouveau. Il est prêt depuis un an et demi et est à l’initiative des étudiants en master 2 du Management des organisations culturelles et artistiques (Moca). En réalité, « l’inauguration devait avoir lieu l’année dernière sur la mezzanine de la bibliothèque. Mais cela nécessitait de faire des travaux qui étaient trop onéreux. Alors l’artothèque a été reportée », raconte le président actuel de l’association, Étienne Rey.

Puis les étudiants à l’origine du projet ont fini leurs études sans pouvoir lancer leur concept. Fort heureusement, une passation s’est faite avec les nouveaux élèves du master dont Étienne Rey, qui ont repris le développement de l’artothèque en collaboration avec la BU. « Ils ont trouvé le temps long avant de pouvoir faire cette inauguration, alors que pour nous les fonctionnaires c’était plutôt court, ironise la directrice de la bibliothèque, Nathalie Watrin. Nous avons dû apprendre à travailler ensemble. »

Aujourd’hui, une borne d’accueil est en place à l’entrée de la BU. Et des catalogues répertoriant les œuvres d’art sont à disposition des intéressés. Pour voir les productions, il faut en revanche se rendre dans la réserve. Autrement, une exposition intitulée Renaissance a lieu au rez-de-chaussée et au premier étage. Néanmoins, ces œuvres exposées ne sont pas encore ouvertes à l’emprunt, il faudra attendre la fin de l’exposition pour qu’elles puissent trouver leur place dans la réserve.

Sont donc mis en avant de jeunes artistes contemporains que l’association a sélectionné. « On a fait des appels à projet sur le territoire. Et des artistes nous ont répondu. Notre but est d’exposer des artistes locaux », affirme Étienne Rey. C’est le cas de Nicolas Pantin, photographe amateur et étudiant en géographie et aménagement du territoire. Il s’est lancé dans un reportage photos d’urbanisme de défense il y a un an et demi et est actuellement exposé à la BU.

Avec ces artistes, l’association signe un contrat. Elle leur propose soit une mise en dépôt qui leur permet de laisser leur œuvre à la BU plutôt que dans leur atelier, ou un contrat de production. Dans ce dernier cas, c’est l’association qui finance la production de l’œuvre qui lui appartiendra physiquement. « Mais l’artiste conservera la propriété intellectuelle », clarifie Étienne Rey.

Au total, ArtOshare compte une quarantaine d’œuvres au sein de la BU. Et pour emprunter, il vous suffit d’adhérer annuellement à l’association. Comptez 5 euros pour les étudiants de l’UVSQ et de Paris-Saclay, 15 euros pour le public extérieur, 30 euros pour les PME et enfin 50 euros pour les grandes entreprises.

L’emprunt dure maximum un mois, car « un dessin ne peut être exposé à la lumière plus de trois mois », précise le président de l’association. Le prêt à l’unité ou au forfait est également payant. Par exemple, un étudiant doit régler 10 euros pour emprunter une œuvre pendant deux mois, contre 20 euros pour l’entreprise.

À la fin, l’artiste touche 30 % de la location, les 70 % restants sont récupérés par l’association. Mais l’œuvre peut aussi être achetée par l’intéressé. Dans ce cas précis, c’est l’inverse qui se produit, 70 % du prix va à l’artiste et 30 % à ArtOshare. « C’est compliqué de vendre une œuvre d’art. Mais avec l’artothèque on a une galerie à notre disposition », se satisfait l’artiste amateur de 22 ans. Et l’association ne compte pas s’arrêter là. Elle souhaite « faire rayonner ce projet dans toute la France pour un jour pouvoir le franchiser », ambitionne Étienne Rey.

Pour ouvrir leur première artothèque dans la bibliothèque universitaire de Guyancourt, les étudiants ont pu bénéficier de subventions suite à leur participation à des appels à projets lancés par Paris-Saclay, le Fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes, l’Institut supérieur des métiers et l’UVSQ. Ils ont également obtenu le prix jeunes talents UVSQ leur permettant de récolter 800 euros.