Après une période de travaux, l’ancienne école Prévert va devenir une Maison de santé pluridisciplinaire universitaire (MSPU) dans près d’un an. A terme, ce sont une vingtaine de professionnels de santé qui y exerceront. Si des maisons de santé voient régulièrement le jour en France le premier ministre a même annoncé la semaine dernière son souhait que cela devienne « la norme » la particularité du projet ignymontains réside dans le terme « universitaire ». En effet, cette MSPU formera des doctorants à la profession de médecin généraliste, dans le cadre de leurs études, en leur permettant d’y exercer. La municipalité mise sur cet aspect de la structure pour permettre de maintenir un nombre suffisant de généralistes sur la commune.

Les travaux d’aménagement doivent démarrer à la fin du premier semestre 2019 et vont être financés par la mairie pour un budget total de 2,45 millions d’euros, dont un million subventionné. Du côté des praticiens, le projet est porté par l’Amicale des médecins des trois villages (AM3V, regroupe des médecins de Montigny-le-Bretonneux, Voisins-le-Bretonneux et Guyancourt), qui avait lancé l’idée d’une MSPU à Montigny il y a maintenant près de cinq ans d’après un article de 78actu paru fin 2013.

« Montigny ne fait pas partie de ce qu’on a l’habitude d’appeler les déserts médicaux, mais prévoir l’avenir fait partie de nos missions », avait souligné Jean-Luc Ourgaud (DVD), maire de la commune, lorsqu’il avait mentionné le projet de MSPU pendant ses vœux en janvier. Ainsi, l’ancienne école Prévert, qui doit être réaménagée avec notamment la création d’un nouvel étage, regroupera à terme une vingtaine de professionnels de santé.

La structure comptera « neuf médecins généralistes, deux psychologues, deux diététiciennes, trois infirmières diplômées d’état, un kinésithérapeute, un orthophoniste, un podologue, deux sages-femmes et on aura deux cabinets pour les internes avec salles de soins », énumère Jean-Luc Ourgaud, rencontré la semaine dernière à ce sujet. Si la quasi-intégralité de ces professionnels de santé a déjà rejoint le projet et provient des alentours, les podologues, orthophonistes et kinésithérapeutes sont en train d’être trouvés d’après l’entourage du maire. « L’objectif est de maintenir une offre de soins proportionnée par rapport aux besoins des habitants de Montigny », résume l’édile.

Mais en évoquant ce projet de maison de santé, le point sur lequel le maire insiste d’emblée est l’aspect formation des futurs médecins généralistes. « La particularité de celle de Montigny, c’est qu’elle est universitaire, avec un partenariat en cours de finalisation avec l’université de santé Simone Veil (qui fait partie de l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Ndlr) », relève-t-il, précisant qu’un tel partenariat est « l’un des premiers au niveau national ».

Ce partenariat permettra « de former, dans le cadre de leur cursus universitaire, des étudiants à la profession de médecin : des jeunes doctorants viendront exercer dans cette maison », poursuit le premier magistrat. Ce dernier estime que cela leur permettra de « venir travailler dans un milieu concret et réel, en dehors des études » et y voit également un avantage pour la commune : « Ce sera l’assurance d’avoir des nouveaux médecins pour compenser les nombreux départs en retraite qu’il y a aujourd’hui sur le territoire. »

Dans l’entourage du maire, on précise que pour faciliter cet aspect formation, l’AM3V cherche des professionnels de santé qui ont également la casquette d’enseignant dans le recrutement des praticiens manquants, « afin qu’ils soient à même d’accueillir un universitaire ou un doctorant sur sa période de formation ». Ce qui est déjà le cas de plusieurs des médecins membres de l’Amicale des médecins des trois villages.

La future maison de santé pluridisciplinaire universitaire accueillera à terme une vingtaine de professionnels de santé.

Dans une interview donné en 2013 à 78actu, alors président de l’AM3V, le docteur Alain Jami, médecin généraliste à Montigny-le-Bretonneux et directeur du département de médecine générale de l’UVSQ, œuvrait déjà pour l’ouverture d’une maison de santé universitaire en réponse à la pénurie menaçante de médecins généralistes. Il expliquait à l’époque qu’une telle structure permettrait aux jeunes étudiants en médecine d’être « en contact avec différentes spécialités ». Et ajoutait : « Ils s’immergent pleinement dans le quotidien du médecin, créent des liens avec les patients et peuvent ainsi plus facilement envisager de s’installer à leur compte. »

Pour permettre la création de la MSPU, une partie de l’ancienne école Prévert va donc devoir être restructurée. Pour la commune, le coût des travaux est évalué à « 2,45 millions d’euros », dont un financement de l’agglomération de « 800 000 euros », et de l’Agence régionale de santé (ARS) « à hauteur de 200 000 euros », détaille Jean-Luc Ourgaud.

« Des travaux d’envergure vont être faits à l’intérieur, parce que les locaux correspondent aux classes qu’il y avait auparavant, indique le maire ignymontain. Pour donner une image, on va garder la coque et refaire tout l’intérieur pour l’adapter aux besoins des professions médicales. » Un collaborateur du maire ajoute qu’une partie du budget sera consacrée à la création d’un plancher.

« Aujourd’hui, on a une hauteur de plafond qui est assez importante du fait de l’architecture de l’école, mais pour pouvoir satisfaire la demande des médecins et y mettre l’ensemble des locaux qui ont été sollicités, l’idée est de créer un étage », précise ce dernier. Les travaux permettront également de rendre l’établissement accessible aux personnes à mobilité réduite, et prennent en compte les questions de mobilité. « Sur le budget, il y a 150 000 euros prévus pour refaire toute la voirie et le stationnement autour du bâtiment, précise la Ville, même si en termes de transports en commun, c’est bien desservi. »

Les travaux d’aménagement sont prévus pour démarrer à la « fin du premier semestre 2019, avec une date prévisionnelle d’ouverture au cours du premier semestre 2020 », prévoit le premier magistrat. Une fois le bâtiment livré, les médecins s’occuperont de s’installer et de financer leur matériel. « Nous, on ne fait que l’infrastructure, après ce sont les médecins qui vont eux-mêmes aménager leurs propres cabinets : le mobilier qu’il y aura dedans, les tables de soins, les plans de travail, tout ce qui est leur propre mobilier médical, c’est eux qui se le financeront », détaille un collaborateur du maire.

Une partie de l’ancienne école Prévert accueille également les locaux de la police municipale, la boutique alimentaire, ainsi que la maison médicale de garde, qui ne changeront pas d’emplacement et « continueront de fonctionner de la même manière », précise le maire. Avec la maison médicale de garde et la future MSPU situées à quelques mètres, Jean-Luc Ourgaud estime que cela permettra de former « un pôle de santé » bien identifié et « bien localisé dans le cœur de Montigny ».

Damien Guimier

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