Dans une ville comme Trappes qui n’échappe pas au manque de médecins, l’inauguration d’une Maison de santé pluriprofessionnels (MSP) est toujours un événement. Celle de la maison de santé du Théâtre, située au cœur du quartier des Merisiers à quelques pas du marché, a eu lieu mardi 13 novembre. Cette MSP présente la particularité d’être composée de trois pôles distincts, tous en rez-de-chaussée de différents immeubles d’habitations distants de quelques dizaines de mètres, dont le premier a ouvert en 2016 et le dernier début 2018. Elle regroupe actuellement 13 professionnels de santé, mais ce chiffre pourrait continuer de croître avec l’acquisition d’un quatrième local annoncée pour 2019. Un signe positif dans une ville qui ne compte plus que neuf généralistes.
A l’origine de ce projet privé, se trouve notamment le docteur Christophe Carrière, médecin généraliste installé à Trappes depuis 2014, initialement dans l’un des locaux qui constitue l’actuelle maison de santé du Théâtre. « Depuis le début, on voulait évoluer vers une maison médicale », se souvient lors de l’inauguration Christophe Carrière, qui s’est donc attelé à convaincre d’autres professionnels du territoire de le rejoindre entre 2014 et 2016. Car d’après lui, « le plus difficile est de trouver des professionnels et des locaux ».
Le premier point s’est résolu en réunissant suffisamment de professionnels autour du projet, et le second lorsque le groupement de médecins a appris la construction future de nouveaux immeubles d’habitation juste à côté du local occupé à l’époque par le docteur Carrière. Les professionnels de santé ont donc acheté, avec le soutien financier des pouvoirs publics, deux surfaces supplémentaires dans les futurs immeubles, qui ont été transformées en locaux de santé. La maison de santé du Théâtre est ainsi désormais composée de trois pôles, deux para-médicaux et un médical, dont le dernier a ouvert début 2018.
La MSP compte aujourd’hui 13 professionnels de santé, parmi lesquels figurent médecins généralistes, sages-femmes, infirmières, orthophonistes, psychologue et ostéopathe. Deux salles permettent également d’accueillir des internes. Mais la maison de santé du Théâtre ne compte pas arrêter son développement en si bon chemin puisque l’achat d’un nouveau local, au premier étage de l’un des immeubles, est déjà prévu. « Il est réservé, pour permettre aux deux orthophonistes d’avoir un local pour elles, avec un troisième box pour recevoir un troisième orthophoniste », explique Christophe Carrière, en marge de l’inauguration à laquelle ont participé de nombreux acteurs de la santé.
Si ce nouveau local doit ouvrir courant 2019, la maison de santé du Théâtre est déjà équipée pour recevoir de nouveau médecins et souhaite encore recruter. « On a encore deux bureaux vacants donc on cherche de nouveaux médecins, de toute manière, il y a une telle demande … », explique Florence Pinsard-Laventure, médecin généraliste de la MSP, pendant une visite des locaux. Et le docteur Carrière de compléter : « L’objectif est d’être cinq médecins généralistes », contre trois actuellement.
Ce projet privé est logiquement vu d’un très bon œil par les responsables politiques de Trappes, qui subit comme de nombreuses autres villes une diminution de son nombre de médecins. « Il n’y a plus que neuf médecins généralistes en libéral à Trappes, dont deux ont dépassé l’âge de la retraite », détaille Jean-Claude Richard, conseiller municipal de la majorité DVG délégué à la santé, décrivant « une situation préoccupante » même si elle n’est pas propre à la commune. « Trappes est l’une des villes les plus carencées en médecine générale, estime de son côté Othman Nasrou (LR) conseiller régional et élu d’opposition trappiste. À Trappes, il faut remotiver des professionnels de santé à être présents sur la ville. »
Ce fonctionnement en MSP séduit en tout cas les différents professionnels de santé qui y exercent. « C’est ce qui m’a motivé à venir rejoindre l’équipe, estime Florence Pinsard-Laventure, arrivée en mars 2018. C’est plus sécurisant et c’est riche de pouvoir discuter avec nos collègues d’un traitement. On n’est plus seul donc on traite mieux les patients. » Et l’une des sages-femmes de la maison de santé du Théâtre d’ajouter : « On se complète bien, quand on a un souci, on a vite accès à un médecin. »
Ce projet, dont les frais d’investissement sont estimés au total entre « 1,2 et 1,4 million d’euros » selon Christophe Carrière, a reçu un soutien financier important de la Région, de l’Agence régionale de santé (ARS) et de l’Union régionale de professionnels de santé (URPS).