Les élèves passés par l’école Jacques Prévert ne reconnaîtraient plus leur ancien établissement. Lundi 23 novembre, la Maison de santé pluridisciplinaire universitaire (MSPU) y a officiellement pris place, à l’issue d’une restauration complète d’une partie du bâtiment. Elle accueille, dès l’ouverture, près d’une dizaine de médecins généralistes et les premiers patients ont été reçus. Dans les cabinets, les praticiens sont encore en train de peaufiner les derniers détails de leurs aménagements. L’une des particularités de cette structure est son caractère « universitaire » : des doctorants pourront y être formés aux côtés des professionnels de santé. Cette MSPU doit permettre de pérenniser l’offre de soins de Montigny-le-Bretonneux, dans un contexte national de désertification médicale.

Après des travaux commencés à l’automne 2019, c’est un projet lancé il y a plus d’une dizaine d’années par la municipalité et l’Association des médecins des trois villages qui se concrétise. Et en particulier par le président de cette dernière, le professeur Alain Jami, médecin généraliste installé à Montigny-le-Bretonneux depuis 1989 et directeur du département de médecine générale de l’Université de Versailles-Saint-Quentin (UVSQ). Ce dernier fait remonter l’idée initiale à 12 ans.

Mardi 24 novembre, au lendemain de l’ouverture de la MSPU, le maire de Montigny-le-Bretonneux, Lorrain Merckaert (DVD), a symboliquement remis les clefs des lieux à Alain Jami et l’équipe de médecins, une inauguration officielle ne pouvant pour l’instant pas avoir lieu en raison de la crise sanitaire.

Le professeur Alain Jami espère que cette maison de santé va permettre de « regrouper une équipe qui va jeter les bases de la pérennisation de l’activité et de l’offre de soins » à Montigny-le-Bretonneux.

« […] Comme Montigny, comme tout Saint-Quentin-en-Yvelines, est issue d’une ‘‘ville nouvelle’’, on a eu une génération de médecins qui est arrivée dans les années 90. Et on avait constaté, il y a déjà un certain nombre d’années, que l’on risquait de s’exposer, au moment où une bonne partie de ces médecins partirait à la retraite, à un manque important de médecins sur le territoire, rappelle Lorrain Merckaert à propos de la genèse du projet. Donc on a commencé à regarder comment faire pour assurer la pérennisation de l’offre de soins sur la ville. »

C’est partant de ce constat que l’association de médecins et la municipalité ont abouti au projet de Maison de santé pluridisciplinaire universitaire. Elle comptera à terme neuf médecins généralistes, deux sages-femmes, une orthophoniste, deux kinésithérapeutes, trois psychologues, deux diététiciennes et trois infirmières, détaille le maire ignymontain. Dès l’ouverture, les généralistes étaient présents ; et les kinésithérapeutes, orthophonistes et sages-femmes s’y installeront d’ici le début d’année prochaine.

D’après le professeur Alain Jami, une telle structure présente de nombreux avantages. « Il y a le fait de regrouper une équipe qui va jeter les bases de la pérennisation de l’activité et de l’offre de soins sur le bassin de population dans lequel on est implanté, souligne-t-il. Surtout qu’on est dans un contexte de désertification médicale : quand on voit qu’on a réussi à recruter plusieurs jeunes, c’est appréciable. »

L’une des caractéristiques de la MSPU est également que des jeunes doctorants pourront y être formés. Une convention a en effet été passée entre l’Agence régionale de santé (ARS), l’UFR des Sciences de la santé Simone Veil rattachée à l’UVSQ et l’association de médecins. Elle confère à la MSPU son statut « universitaire ». La structure accueille ainsi des internes de 1er niveau, des internes de 2e niveau et des externes qui sont encore en 2e cycle, indique le professeur Alain Jami. Il précise que tous les médecins sont maîtres de stage, les « trois quarts » étant d’ailleurs « membres du département de médecine générale de l’UVSQ », et donc que « tout le monde accueille un étudiant ». Une manière, espère-t-il, de fidéliser les internes « sur le territoire ».

Les nouveaux jeunes médecins qui sont arrivés et les internes qui y exerceront représentent une dizaine de personnes d’après Lorrain Merckaert. Ce qui lui fait dire que l’objectif d’assurer la relève, « qui était porté avec les médecins au début du projet il y a plusieurs années, au moment même de l’ouverture de la structure, il est déjà atteint ».

L’un des autres avantages d’être regroupés dans un même lieu est un travail en synergie simplifié, notamment pour organiser des réunions « autour des situations compliquées », des « créations de protocoles de soins, des créations d’actions de santé publique, etc. », énumère le professeur Alain Jami : « Il y a plein de choses qu’on avait envie de mettre en place et qu’on va mettre en place. On a du plaisir à travailler ensemble, on a des projets, les gens sont créatifs et très complémentaires, ça donne envie. » La recherche a également une part importante dans le projet de la MSPU.

D’un point de vue bâtimentaire, la municipalité a entièrement transformé une large partie de l’ancienne école Jacques Prévert pour qu’elle puisse accueillir la MSPU. Un étage a notamment été créé afin d’agrandir le nombre de m² disponibles et « pouvoir accueillir tous les cabinets qui étaient projetés », note Lorrain Merckaert. « Il y avait l’idée, c’est ce qu’on avait travaillé avec les médecins, […] d’avoir un très bel endroit, fonctionnel, lumineux, qui puisse être attractif et donner envie à d’autres médecins de venir rejoindre l’équipe progressivement », ajoute-t-il.

Le pari semble déjà réussi puisque le professeur Alain Jami a souligné lors de la remise des clefs que la MSPU affichait déjà complet, et confiait avoir reçu des appels de confrères qui souhaitaient savoir s’il restait de la place. Mais le maire de Montigny-le-Bretonneux a précisé qu’un potentiel agrandissement d’environ 150 m² avait déjà été prévu lors de la conception de la MSPU. Des logements appartenants à la Ville sont en effet attenant à la structure et pourraient être transformés en cabinets médicaux si besoin.

Pour la commune, la transformation de l’école Prévert en maison de santé a coûté 2,45 millions d’euros, financés à hauteur de 200 000 euros par l’ARS et de 800 000 euros par Saint-Quentin-en-Yvelines. L’association de médecins loue la structure à la Ville au travers d’un bail. Pour mémoire, une autre partie de l’ancienne école accueille la maison médicale de garde, la boutique alimentaire des services municipaux, les locaux de la police municipale et des associations.