La réunion publique du 18 septembre avec Enedis (ex-ERDF) n’a visiblement pas suffi à rassurer la commune sur les compteurs Linky. Par un courrier adressé à Enedis le 27 décembre, rendu public sur le site internet de la Ville, le maire Bertrand Houillon (Génération.s) fait savoir qu’il « refuse le remplacement, par un compteur communicant » d’une liste de compteurs de bâtiments municipaux dont le changement est programmé « et plus généralement de tout autre compteur équipant une propriété communale ». Une position qu’Enedis dit regretter.
Le premier magistrat rappelle dans sa lettre qu’en juin 2017, au travers d’une motion de souhait, « le conseil municipal de Magny-les-Hameaux avait fait savoir qu’il souhaitait que les compteurs actuels ne soient pas remplacés par des compteurs communicants sur le territoire de la commune […] ». Et d’ajouter : « Le conseil municipal soulignait également qu’il n’était justifié ni économiquement ni écologiquement de procéder au remplacement des compteurs actuels qui sont en parfait état de marche et ont une durée de vie importante. »
Suite à cette motion, d’après Le Parisien dans un article de septembre, Enedis avait déposé un recours gracieux contre la délibération, qui avait été retirée en contrepartie d’une réunion publique. Si celle-ci a eu lieu en septembre dernier, à en juger le courrier du maire, elle ne semble pas avoir permis de faire changer la position de la Ville.
« Lors de cette réunion publique mais également depuis sa tenue, je déplore ne pas avoir reçu d’explications suffisamment rassurantes quant au processus d’installation et au fonctionnement de ces compteurs, tant en ce qui concerne les risques matériels induits par leur déploiement à marche forcée et sans recul, que les risques d’exploitation commerciale des données personnelles de vos clients », adresse Bertrand Houillon à Enedis.
Il mentionne également des craintes d’incidents qui pourraient « remettre en cause la continuité du service public » mais aussi la « sécurité des usagers » des bâtiments communaux, « au même titre que la sécurité des particuliers lors des remplacements sur leurs biens privés ». Le maire conclut donc par son refus des remplacements par des compteurs communicants des compteurs « équipant une propriété communale ».
Une prise de position que regrette de son côté Enedis. « Malgré le dialogue permanent avec la mairie (contacts réguliers, participation à une réunion publique fin 2018 comme demandé par la Ville…), Enedis regrette la position de la commune et rappelle que les compteurs communicants sont essentiels à la transition énergétique », réagit Enedis, sollicitée par La Gazette.
Le distributeur d’électricité rappelle par ailleurs que le déploiement des compteurs communicants « est prévu par la loi sur la transition énergétique » et assure que « chaque utilisateur grâce à la connaissance fine de ses consommations peut mieux les maîtriser et réaliser des économies d’énergie ». Toujours selon Enedis, aujourd’hui, « sur le département des Yvelines, près de la moitié des foyers sont équipés de compteurs Linky », et à Magny-les-Hameaux, c’est le cas pour « 25 % des foyers ».
Sur son site internet, la municipalité magnycoise indique par ailleurs aux habitants qu’ils ont « la possibilité de faire connaître [leur] position à Enedis en amont du remplacement effectif de [leur] compteur ». Mais un article, publié en septembre dernier par Les Décodeurs du Monde suite à une décision du tribunal administratif, rappelle les différents cas de figure qui peuvent se présenter lors de l’installation du compteur communicant.
Si un compteur est installé à l’intérieur de l’habitation, « les installateurs de compteurs Linky ne peuvent pas le poser sans l’accord du propriétaire ou de l’occupant », souligne la rubrique de vérifications des faits du Monde, en raison du « droit de propriété ». Cependant, si le compteur à changer est « à l’extérieur, dans une partie commune ou dans la rue, Enedis peut toujours, […] installer un compteur Linky sans autorisation préalable », car le compteur n’appartient pas aux habitants, explique Le Monde.
Et de rappeler que le compteur Linky est obligatoire, même si dans les faits, « aucune sanction n’est prise à l’encontre de particuliers qui le refusent ». Les Décodeurs ajoutent toutefois, qu’une fois « l’ensemble des poses terminé, les usagers qui auront refusé un compteur Linky devront sans doute payer la relève manuelle de leur consommation ».
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