Enedis prévoit d’installer 35 millions de compteurs Linky en France d’ici 2021. Le territoire de SQY n’y fera pas exception et voit ses foyers progressivement se doter de ces compteurs dits communicants, dont le déploiement a commencé en 2015 dans le pays. Dans plusieurs communes de SQY, des réunions se sont tenues pour informer les habitants, lesquels sont nombreux à être réticents à l’installation de ces compteurs, malgré les efforts d’Enedis pour les rassurer.

Celle de Magny-les-Hameaux du 18 septembre dernier, par exemple, a fait l’objet d’une forte mobilisation des riverains. La ville avait fait parler d’elle en mars 2017, en votant une délibération interdisant l’implantation de compteurs Linky sur son territoire, a rapporté Le Parisien. Délibération qui avait dû être retirée suite à un recours gracieux d’Enedis, qui s’était engagée en contrepartie à venir s’expliquer face aux riverains.

Autant dire que le climat s’annonçait tendu. Une bonne centaine d’habitants avaient investi la mairie. Plusieurs s’inquiétaient des risques sanitaires et sécuritaires engendrés par ces nouveaux compteurs, entre les ondes dégagées par Linky et les incendies provoqués par ces compteurs. « C’était la maison en face de mon domicile, a relaté une participante. Le compteur était complètement en feu. Les pompiers ont mis une heure et quart à l’éteindre. » « Ce compteur a été conçu dans un matériau qui n’est pas combustible », a tenté de rassurer Anne-Marie Goussard, chargée du programme Linky chez Enedis.

Mais la question qui a le plus taraudé les habitants est le caractère obligatoire des compteurs Linky. « Le législateur n’a pas prévu que l’on puisse les refuser », a affirmé Anne-Marie Goussard. « Faux, lui a rétorqué Thierry Mercier, de l’association Robin des toits, luttant pour la sécurité sanitaire des personnes exposées aux nouvelles technologies de télécommunications sans fil. Ce n’est pas obligatoire, et je défie Enedis de m’amener un texte de loi. »

Ce professeur d’informatique a également dénoncé le coût du compteur. « Ce compteur va nous pourrir la vie au niveau du fric », a-t-il assuré. « Je n’ai pas confiance en ces gens-là (en Enedis, Ndlr), qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour les empêcher de me mettre un compteur Linky ? », a demandé un riverain. « Lettre à Enedis et à votre maire », a indiqué Thierry Mercier.

Problème : l’endroit où est placé le compteur. S’il est à l’intérieur d’une propriété, il est possible de refuser l’entrée d’un prestataire et donc la pose de Linky, mais pas s’il est installé dans un mur d’une propriété mais tourné vers l’extérieur, Enedis invoquant la voie publique.

Raymond Besco, conseiller municipal délégué aux travaux et au développement durable, et qui avait la délicate mission de modération du temps de parole au cours de la soirée, a d’ailleurs averti l’entreprise sur ce point en fin de réunion : « Intervenir sur un compteur qui est à l’intérieur de mon mur est une violation de ma propriété. Donc, au niveau de la commune, on va tout faire pour confirmer que les murs appartiennent au propriétaire et on reprendra un arrêté pour interdire votre intervention. »

Autre élément de discorde : les données qu’est capable de collecter le compteur. Thierry Mercier a notamment dénoncé le fait qu’Enedis récupère des données pour « les vendre à des startups ». « On a tendance à mélanger les données personnelles et les données globales à la maille d’un quartier, et qui peuvent être utiles pour une collectivité qui prépare son plan climat, ou pour faire un PLUI », fait remarquer Anne-Marie Goussard qui devrait sans doute attaquer juridiquement la municipalité en cas de nouveau recours.

Comme elle l’avait fait pour Voisins-le-Bretonneux. La municipalité vicinoise avait, en avril dernier, voté un vœu demandant qu’Enedis tienne compte de la décision de chaque habitant. Vœu qui avait dû être retiré après un recours gracieux de la société, relatait Le Parisien dans un article. Dans un communiqué, la Ville a indiqué avoir rencontré des représentants d’Enedis le 19 septembre dernier lors d’une réunion où « les réponses à l’ensemble des questions posées par les Vicinois et les élus présents ont été apportées », assure-t-elle.

Ailleurs aussi dans l’agglomération, le sujet donne toujours autant lieu à des échanges houleux. Comme à Montigny-le-Bretonneux où Christian Rozé, élu d’opposition, anime le Collectif anti-linky de SQY (Calsqy), site qui « informe » les usagers sur les effets négatifs de Linky, les guide dans leurs démarches de refus et « sert de liaison » – d’après les mots de son fondateur – entre les usagers hostiles aux compteurs communicants.

« Ce n’est pas un compteur comme les autres, contrairement à ce que dit Enedis, nous a confiés Christian Rozé. Il est capable de noter la consommation toutes les deux secondes électroniquement. […] Il y a déjà des entreprises qui ont créé des logiciels permettant d’interpréter ces courbes. Ca nuit à l’intégrité des gens, ça permet de connaître des informations confidentielles. »

Il dénonce aussi les prix du compteur. « Ça va quand même coûter bonbon et c’est bien nous qui allons le payer, soit sous forme d’impôt, soit à partir de 2021 sous forme d’une taxe sur la facture d’électricité. » Une inquiétude qu’il avait pu soulever lors d’une réunion sur le sujet dans sa commune, même si celle-ci n’avait mobilisé que 15 à 20 personnes.

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