Saint-Quentin-en-Yvelines met un carton rouge au bailleur social Valophis, souvent pointé du doigt par des associations de locataires. Lors du dernier conseil communautaire de la mandature, le 11 juin, les élus ont en effet voté une motion décidant que l’Agglomération n’accorderait plus de nouvelles garanties d’emprunt à Valophis, tant que les désordres constatés dans ses logements – ceux de Trappes sont principalement évoqués – ne seront pas en voie d’être réglés. Du côté du bailleur social, très présent à Trappes où il dispose de plus de 2 500 logements sociaux, cette soudaine motion surprend.

« Le parc social géré par Valophis connaît de manière récurrente, et depuis de nombreuses années, des difficultés majeures auxquelles le bailleur n’apporte pas de réponse satisfaisante : réparations inexistantes ou tardives, manque d’entretien des parties communes ou des logements, contrôle des charges approximatif… », avance Othman Nasrou (DVD), conseiller municipal de Trappes et vice-président de SQY au développement économique, qui a présenté cette motion au conseil d’agglomération. Déjà, en 2017, Othman Nasrou avait démissionné du conseil de surveillance de Valophis en signe de protestation.
Il estime donc qu’une « réponse forte des pouvoirs publics est devenue nécessaire pour contraindre Valophis à assumer ses responsabilités, et à restaurer la confiance des locataires dans l’action publique ». Une « réponse forte » incarnée par la motion votée le 11 juin. Celle-ci acte la décision de l’Agglomération que « aucune nouvelle garantie d’emprunt ne sera accordée au bailleur social Valophis en l’état et sans un retour à la table des négociations, afin de régler, avec sérieux, les différents désordres » et demande au bailleur « un engagement budgétaire et un calendrier d’action ». La motion prévoit aussi « un audit indépendant » sur la « qualité du parc social de l’agglomération », afin de lever « selon ses conclusions », la suspension des garanties d’emprunt.

S’ils ne semblaient pas contre cette motion, plusieurs élus communautaires se sont cependant abstenus ou n’ont pas pris part au vote. Bertrand Houillon (Génération.s), le maire de Magny-les-Hameaux a ainsi demandé à ce que cette motion soit décalée à une prochaine séance communautaire. « Je proposerais que ce type de motion soit sorti du calendrier électoral pour qu’on puisse avoir une discussion qui ne concerne pas qu’un bailleur dans une commune, parce qu’il y a peut-être d’autres difficultés dans d’autres communes », a expliqué Bertrand Houillon lors du conseil communautaire.

Du côté du bailleur social, le vote de cette motion a en tout cas surpris. « Je suis très étonné, et mécontent, parce qu’on aurait pu m’appeler, regrette Farid Bouali, président du directoire de Valophis Sarépa, qui met cette motion sur le compte de la période électorale. Si la communauté d’agglomération a des reproches à nous faire, elle aurait pu nous le faire savoir, et pas au travers d’une motion de dernière minute, on travaille avec eux depuis suffisamment longtemps. »

Farid Bouali nous précise qu’il avait l’intention d’écrire au président de Saint-Quentin-en-Yvelines dès ce lundi « pour lui demander ce qu’il nous est concrètement reproché » et assure qu’il répondra ensuite « point par point à ces difficultés ». Malgré les reproches de l’Agglomération et ceux émis régulièrement par des associations de locataires sur des désordres dans des logements, le président de Valophis estime que ce ne sont « pas des problèmes récurrents ». « L’ensemble de mes services font le maximum tous les jours pour faire en sorte que les gens soient logés dans des logements confortables », assure Farid Bouali, insistant sur les « millions d’euros » investis dans le parc immobilier de Valophis à Trappes depuis une quinzaine d’années.

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