Ouvert depuis 2014, le Vélodrome national s’avère onéreux pour l’agglomération. Les débats ont en tout cas semblé mener à cette conclusion lors du conseil communautaire du 15 novembre, au cours duquel était présenté le rapport d’activité 2017 de Vélopolis, société qui a la gestion de l’équipement dans le cadre d’un contrat de partenariat public-privé avec Saint-Quentin-en-Yvelines. Mais à cette occasion, le président de SQY, Jean-Michel Fourgous (LR) a annoncé que depuis la mi-2018, la gestion de la partie événementielle du Vélodrome avait été confiée par Vélopolis au géant qu’est l’UCPA (Union nationale des centres sportifs de plein air), dont la tâche sera d’augmenter la fréquentation du lieu.

Situé en bordure de l’A12 à Montigny-le-Bretonneux, le Vélodrome national a ouvert ses portes au public début 2014 et est depuis un écrin du cyclisme français. Il est composé du vélodrome, avec ses pistes de cyclisme sur lesquelles s’entraîne notamment l’équipe de France et qui sera un site olympique en 2024, et d’une arène couverte de BMX. La Fédération française de cyclisme (FFC) y a également son siège. Le 15 novembre, lors de la présentation du rapport d’activité 2017 de l’équipement, sa fréquentation et son coût, ont été débattus par les élus.

L’année dernière, la fréquentation totale de l’équipement liée aux événements n’a atteint que « 41 540 personnes » d’après ce rapport, dont 6 060 pour « les activités liées à la présence des équipes de France de cyclisme », et 35 480 pour « les activités à vocation commerciale dites annexes » telles qu’un festival de musique électro, des compétitions de judo, l’annuel SQY Business day, etc. « Sur l’année 2017, Vélopolis a réalisé un montant total de produits d’exploitation à hauteur de 6 706 978 euros » pour un déficit d’exploitation de « 653 019 euros » résument les documents de l’agglomération.

« Il y un total des rentrées de 6,7 millions d’euros, mais notre principal client, c’est nous-même puisqu’on a un loyer de près de 4,5 millions d’euros par an », souligne Jean-Michel Fourgous, qui rappelle que le Vélodrome « est bien en termes d’image » pour l’agglomération. Dans les rangs de l’opposition, Bertrand Houillon (Génération.s), maire de Magny-les-Hameaux, regrette des chiffres de fréquentation insuffisants. « À un moment donné, on finit par se poser des questions sur la communication événementielle, estime-t-il. D’autres éléments avaient été promis à la création de Vélopolis, notamment des concerts et des activités culturelles qui n’existent pas. »

L’objectif affiché par Stéphane Tertrais est, « à minima, d’augmenter la fréquentation grand public en 2019 ».

En s’appuyant sur la récente organisation de la Ryder cup, le président de SQY mise entre autres sur les Jeux olympiques 2024, pour que « Vélopolis améliore sa rentabilité ». Et d’ajouter : « Cette forte notoriété doit nous entraîner vers des résultats plus équilibrés que ça, évidemment. C’est l’objectif qu’on se fixe. » Pour tendre vers cet objectif, Jean-Michel Fourgous a annoncé une nouveauté opérée au 1er juin 2018 : Vélopolis, qui reste titulaire du contrat de partenariat qui la lie à SQY jusqu’en 2039, a délégué la partie gestion événementielle et commerciale du Vélodrome à l’UCPA. Le président de SQY affiche le souhait que cela permette « d’augmenter la rentabilité de ce Vélodrome ».

Le vendredi 23 novembre, La Gazette est donc allée à la rencontre de Stéphane Tertrais, directeur d’exploitation commerciale et sportive du Vélodrome pour le compte de l’UCPA depuis juin 2018, et Bruce Goldsztejn, responsable marketing et communication du Vélodrome depuis 2013, pour faire le point sur ce qu’implique ce changement. Dans un premier temps, Bruce Goldsztejn nuance les chiffres de fréquentation de l’équipement. « La courbe de fréquentation est croissante depuis 2014. Et pour 2018, il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement », affirme-t-il, avançant que « ça respecte une stratégie de développement initiée » en 2014. Il précise que sur les cinq premières années, « ce qui constitue une vision à court terme », l’objectif fixé est « d’implanter de manière très forte le Vélodrome sur l’agglomération », avant d’ensuite lui donner un rayonnement régional puis national plus fort.

« L’arrivée de l’UCPA correspond aussi à la fin de la première phase, et là on rentre dans le cœur de la phase de développement », poursuit le responsable communication du Vélodrome, concédant à demi-mots que l’événementiel n’était pas forcément le métier premier de Vélopolis. Ce qui est le cas de l’UCPA, connue en France pour son activité d’organisation de vacances sportives, mais moins pour son métier de gestionnaire d’équipements sportifs. « Ça représente une soixantaine de sites en France », explique Stéphane Tertrais, listant des Îles de loisirs, centres équestres, ou des patinoires comme celle de Cergy-Pontoise, où se trouve le siège de la Fédération française de hockey.

« À partir du moment où l’UCPA a en gestion des équipements d’une certaine taille à vocation événementielle, ça peut donner une cohérence pour développer l’événementiel en mutualisant les compétences, les projets… Ça donne un horizon de développement différent que lorsqu’on a qu’un seul équipement (ce qui est le cas de Vélopolis, Ndlr) », confirme le directeur d’exploitation du Vélodrome, qui insiste que l’UCPA « s’intègre dans le projet de l’agglomération pour le Vélodrome » et dans « le partenariat avec la FFC ». L’objectif affiché par Stéphane Tertrais est, « à minima, d’augmenter la fréquentation grand public en 2019 ».

Pour le Vélodrome, la mission de l’UCPA est donc l’animation commerciale et sportive, pour laquelle elle a défini quatre grands thèmes. « Le premier, c’est qu’on est porteur d’un projet éducatif et sportif, l’ADN de l’UCPA, énumère Stéphane Tertrais. Ensuite on veut continuer de faire du Vélodrome un lieu accueillant et ouvert au public. Les gens ne savent pas forcément qu’ils peuvent y venir donc notre projet est d’ouvrir davantage encore ce lieu. Le troisième point, c’est qu’on veut être un lieu au service des acteurs du territoire, qu’ils soient sportifs ou économiques. Et enfin, en faire un lieu de rayonnement national et international. »

En 2017, le Vélodrome national a affiché un déficit d’exploitation de « 653 019 euros » résument les documents de l’agglomération.

Et depuis son arrivée en juin dernier, l’UCPA a déjà mis en œuvre plusieurs actions liées à ces thématiques, dont une convention signée avec le collège de la Couldre de Montigny-le-Bretonneux (qui associe également le lycée Descartes, Ndlr) pour l’année scolaire 2018-2019. « Concrètement, ce sont cinq heures par semaine de créneaux piste ou BMX à disposition des scolaires », explique Stéphane Tertrais. L’aboutissement d’un travail initié en 2016 qui permet « d’officialiser le Vélodrome en tant qu’outil pédagogique au service des établissements scolaires », complète Bruce Goldsztejn.

Ce volet « éducatif et sportif » va d’ailleurs bientôt être accru, annonce le directeur d’exploitation : « On souhaite, dès février 2019, mettre en place des stages à chaque vacance scolaire à destination des adolescents », dans la lignée des activités pour lesquelles est connue l’UCPA, avec « des activités piste et BMX, et également VTT, découverte ou perfectionnement suivant le niveau des gens ».

« En faisant connaître le Vélodrome à travers ces stages, l’idée est de progressivement développer les activités sportives et proposer, en septembre 2019, un concept un peu plus global », poursuit-il. Le directeur d’exploitation ne donne pas plus de détails, mais un projet d’école de sport serait à l’étude selon nos informations. Pour la thématique rayonnement national, le Vélodrome accueillera fin mai les championnats de France féminins de gymnastique de Nationale A par équipes, organisés par le club de Gymnastique Élancourt-Maurepas.

« C’est une nouvelle discipline qui n’a pas encore été faite ici, apprécie Stéphane Tertrais. Quand on peut le faire, c’est pour des événements de ce type que le Vélodrome est là, sachant que ça reste des événements dont l’économie n’est pas facile à trouver. Le nouvel exploitant (l’UCPA, Ndlr) fait face aux mêmes contraintes qu’avant : comment on fait pour accueillir ce type de compétition dans une économie où tout le monde s’y retrouve. Chacun travaille donc pour trouver des solutions. »

Le directeur d’exploitation n’exclut d’ailleurs pas l’organisation d’autres compétitions sportives d’ampleur, comme ça avait pu être le cas par le passé avec l’accueil de matchs de handball ou de combats de boxe. « On peut se dire qu’un groupe associatif comme l’UCPA, qui gère un grand nombre d’équipements et qui a de nombreuses connexions avec le monde sportif peut apporter un plus dans l’organisation de ce type d’événements », confirme Stéphane Tertrais. L’accueil d’une nouvelle compétition internationale de BMX serait par exemple dans les cartons, selon nos informations.

Quant à l’organisation de nouveaux événements culturels comme des concerts ou festivals de musique, à l’instar du festival de musique électro de 2017, le directeur ne ferme pas la porte même s’il soulève que « le point fort de l’UCPA, c’est le projet éducatif et sportif ». Et de compléter : « Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’événement culturel l’année prochaine, on travaille sur un ou deux projets. »

Concernant l’ouverture au grand public, Stéphane Tertrais rappelle les événements organisés depuis juin, « avec les équipes du Vélodrome et dans l’esprit de ce qu’on veut poursuivre avec l’UCPA », parmi lesquels la retransmission de la finale de la coupe du monde de football, la journée porte ouverte Vélodrome sports day ou encore le gala Stars en piste. L’UCPA va également « continuer, densifier si on peut », les activités destinées au monde de l’entreprise : « C’est essentiel pour le projet UCPA, cela participe à la mixité des publics qui utilisent du Vélodrome et à l’économie globale du site. »

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