Une manifestation se tenait mardi 9 octobre en gare de Versailles Chantiers contre la décision de la SNCF de supprimer 35 postes d’agents commerciaux sur la ligne N du Transilien d’ici janvier 2019 (voir notre édition du 25 septembre), face à laquelle la société ferroviaire a exposé différents arguments, à la fois économiques et humains.
Ces suppressions, d’après la CGT, entraîneront une fermeture du service commercial plus tôt dans les gares, notamment de Coignières, Trappes, Plaisir-Les Clayes et Villepreux-Les Clayes. « Il n’y aura plus d’agent les soirs, les week-end et les jours fériés, peste Matthieu Bolle-Reddat, secrétaire du syndicat CGT-cheminots de Versailles. C’est grave car ça va poser des problèmes d’insécurité, de régularité, ça va empêcher les gens de recharger leur pass Navigo. Ça participe à la déshumanisation et à la désertification des gares, au recul du service public pour tous les habitants. »
Ils étaient « une bonne centaine » à s’être réunis selon les syndicats, à l’appel de la CGT cheminots mais aussi de Sud rail. Luc Miserey, conseiller municipal PCF à Trappes, était également présent. « Les premières victimes seront les usagers, et je suis un usager », a-t-il souligné. Il pointe également du doigt des « choix qui sont faits » qui « ne sont pas ceux dont les usagers ont besoin ».
Le cortège s’est rendu dans les locaux de la direction, à proximité de la gare, afin d’aller interpeller Erwan Forner, directeur de l’établissement commercial gares et contrôleurs sur les lignes N et U. Prenant beaucoup de notes face aux doléances des manifestants, ce dernier a notamment rappelé, au sujet des suppressions de postes, les objectifs économiques à atteindre vis-à-vis d’Île-de-France Mobilités (ex-Stif).
La critique de la dématérialisation des services en gare a également soulevé un autre problème, évoqué lors des discussions avec la direction : que faire des usagers « obligés » de frauder pour cause de guichet fermé et de distributeur automatique en panne ? Erwan Forner rappelle qu’une application permet au personnel de voir si le client dit la vérité. « Pas de billet, c’est 50 euros, [automate] en panne, c’est geste commercial », affirme-t-il, alors qu’une contrôleuse se plaint que sa hiérarchie lui ait interdit les gestes commerciaux. Un autre salarié va même plus loin : « On impose au client de frauder, c’est du racket.»
Sollicitées au sujet des fermetures plus tôt des services commerciaux dans leurs gares, les villes des Clayes et de Trappes n’ont pas souhaité effectuer de commentaires. De son côté, Plaisir a indiqué que la SNCF lui avait fait savoir être confrontée à « un problème de personnel, indique la commune. Ils subissent beaucoup d’absentéisme, ils ont un souci pour avoir tout le temps un agent au guichet, donc ils réfléchissent à passer en guichet automatique et en déployant de la signalétique pour que les gens puissent accéder à la gare même s’il n’y a personne au guichet. » « Nous avons régulièrement des difficultés pour la tenue des postes aux guichets de vente, a confirmé la SNCF dans un courriel à La Gazette. Certaines absences inopinées d’agents ne permettent pas de déployer de façon réactive des personnels de réserve. »
Une réaction que les syndicats jugent « assez comique », d’après les termes de Matthieu Bolle-Reddat. « Alors qu’elle a des agents de réserve, la direction est incapable de remplacer les absents, s’indigne-t-il. On ne peut pas faire croire à des gens que parce que de temps en temps des agents sont absents et qu’on arrive pas à les remplacer, que ça justifie qu’on ferme le guichet définitivement. » Il a d’ailleurs assuré lors du rassemblement que l’« on part sur une guerre longue » et que bien qu’aucune grève prochaine n’ait encore été fixée, « il y aura certainement une date en novembre ».