Et de deux. Le syndicat CGT des cheminots de Versailles s’est de nouveau mobilisé mardi 19 mars à Versailles-Chantier. Une première séquence de manifestations avait déjà eu lieu en octobre et novembre derniers. Ce mardi matin, ils étaient une quarantaine regroupés devant la gare de Versailles-Chantiers. En compagnie des jeunesses communistes, ils contestent la suppression de 29 postes d’agents commerciaux et d’accueil sur la ligne N. Ce qui veut dire la fin des guichets de ventes pour les tickets et pass Navigo dans certaines gares, et donc, selon les syndicats, une raréfaction des agents pour aider les usagers. Les militants dénoncent également une fermeture prévue du service commercial, les soirs et les week-ends, dans certaines gares de la ligne N comme Villepreux, Plaisir, les Clayes, ou encore Coignières.
Matthieu Bollet-Reddat, secrétaire général yvelinois de la CGT cheminot et leader de la manifestation, dénonce un plan de suppression de postes pour des raisons économiques. « C’est la fin du service public », scande-t-il face aux militants drapeaux en mains. Selon lui, cette réorganisation de la direction des lignes N et U déshumaniserait leur travail, les privant ainsi de tout contact avec les usagers. « Ce plan de suppression pose un problème de sûreté dans les gares », pointe aussi le secrétaire général yvelinois, en référence à des usagers qui se retrouveraient seuls en gare le soir.
Mais les vraies raisons de ce plan de réorganisation du service client seraient en réalité liées aux nouvelles technologies. La direction des relations institutionnelles de la SNCF -Transilien a accepté de nous répondre. « L’évolution des pratiques des usagers dans nos gares doit faire évoluer en face notre service, dont la présence des agents, déclare son directeur, Erwan Forner. L’objectif est de rendre l’usager autonome le plus possible, grâce aux nouveaux services. » Ainsi, ont par exemple été mis en place le pilotage à distance des équipements, ou une application mobile pour recharger son pass Navigo en ligne. Les clients auraient alors de moins en moins besoin des agents d’accueil et commerciaux. Ce que contestent les cheminots CGT, qui revendiquent dans leur communiqué vouloir « empêcher la déshumanisation des gares de la ligne N et défendre les intérêts des usagers ».
Mais les gares ne seront pas complètement vides, tempère la SNCF. à la place des agents d’accueil et commerciaux, de nouvelles équipes prendront le relai. « Les postes occupés par certains ne correspondent plus aux besoins. Dans notre projet, nos suppressions vont servir à créer des équipes mobiles de deux personnes qui seront en possession d’un véhicule pour se déplacer et venir en aide au client en ayant besoin », détaille Erwan Forner.
Et pour les 29 personnes dont le poste va être supprimé, le directeur assure qu’un reclassement est prévu. « Ils seront prioritaires sur les zones d’ouvertures de postes. Sachant qu’il y a un gros besoin du côté des conducteurs, ou encore des contrôleurs », précise-t-il. Ce qui inquiète les cheminots. « Certains vont perdre leur cœur de métier, regrette ainsi un agent commercial lors de la manifestation. Ce qu’on aime c’est faire de la vente et pas de la répression auprès des usagers. »
Pour rappel, un premier recul sur le plan de réorganisation a déjà eu lieu puisque celui-ci prévoyait une suppression de 35 postes. « On a choisi de faire quelques réajustements. Sur le secteur de Plaisir-Grignon, on a gardé un chef d’équipe pour les besoins les week-ends », affirme le directeur. à Trappes, un poste a aussi été conservé, notamment parce que des usagers traverseraient les voies de chemin de fer pour prendre à temps leur train, au lieu de passer par le souterrain. « C’est extrêmement dangereux. En discutant, notamment avec les collectivités locales, nous avons décidé de ne pas supprimer le poste », rassure Erwan Forner.
Et contre les arguments de la CGT, qui pointent dans son communiqué que « ce plan de suppression totale ou partielle du service est inférieur aux engagements pris par la direction lors de la signature du contrat actuel entre le Stif (désormais IDF mobilités, Ndlr) et Transilien », la direction de la SNCF assure que « dans ce projet, même en supprimant des postes, on restera dans les règles ».
Et « ce projet n’est pas encore définitif, pointe Erwan Forner. Il le sera une fois qu’il sera passé devant les instances entre fin mars et avril ». Alors, le plan de suppression de postes sur la ligne N devrait se mettre en place à la rentrée de septembre, selon le directeur. Ce qui annonce sûrement de futures nouvelles mobilisations du côté des syndicats.