Selon les syndicats cheminots, la direction de la ligne N a décidé de supprimer une 50aine de postes d’agents commerciaux à compter du 1er mai. Mobilisés devant le siège du Département à Versailles à l’occasion de la réunion d’une séance du conseil, SOS Usagers, Convergence Nationale Rail et la CGT Cheminots Versailles ont alerté les élus sur les risques de ces suppressions.

« Ce plan d’économie va se traduire par des fermetures de guichets et des réductions d’horaires d’ouverture au service commercial de gares dans les Yvelines, affirment les manifestants. Cette déshumanisation de nos gares entrainera la réduction de l’accueil et du service public en gare. Il y aura un déficit d’information et surtout une hausse de l’insécurité. »

Suppression de postes d’agents commerciaux

Toujours selon les syndicats, les gares totalement fermées au service commercial seraient Beynes et Plaisir-Les Clayes ; celles fermées six jours sur sept seraient notamment à SQY celle de Coignières et Les Essarts, Le Perray, Houdan, Montfort et Villiers) ; celle fermée le week-end et les jours fériés serait Villepreux et enfin, plusieurs gares seraient ainsi fermées à partir de 20 h comme Saint-Cyr-l’École, Trappes, Fontenay-le-Fleury et Viroflay rive-gauche.

Si les manifestants en appellent aux élus, c’est qu’ils s’interrogent sur la « justification de cette réduction du service public en gare alors que la part des subventions du conseil départemental des Yvelines est passée de 20,289 millions d’euros en 2018 à 20,520 millions d’euros en 2019, soit une augmentation de plus de 230 000 euros en  un an ».
Et d’ajouter : « Les élus locaux du 78 doivent agir concrètement en saisissant la direction de la ligne N, la direction de Transilien et Île-de-France Mobilités. »

Et les élus n’ont pas attendu pour se saisir de cette problématique récurrente. Régulièrement sollicitée par ses habitants, la maire de Plaisir et conseillère départementale Les Républicains Joséphine Kollmannsberger fait part de son incompréhension
« voire de mon indignation quand, pour des motifs purement financiers, l’humain est mis de côté, la machine devient la seule réponse et la qualité du service de fait est mise à mal, ceci frappant tant les agents de la SNCF qui aiment leur métier que les clients du service de transports ferroviaires ».

Fermeture six jours sur sept

L’élue ajoute que « beaucoup de choses deviennent compliquées pour les clients, renseignements de base, achats de tickets ou billets, utilisation des chèques-vacances (même si la SNCF lance ce jour un nouveau service sur le sujet)… compliqué notamment pour les personnes qui n’ont pas l’habitude de se déplacer en train, pour les touristes, pour les seniors et pour les plus démunis, celles et ceux qui ne peuvent pas forcément se déplacer facilement ou qui sont victimes de la fracture numérique ».

La ligne N, une ligne fréquentée tous les jours par des milliers de voyageurs.

Et de constater amèrement que « cette déshumanisation accroit également les craintes des clients et leur sentiment d’insécurité parfois. Tout cela n’est pas de nature à encourager à prendre le train, alors même que celui-ci est au cœur des enjeux environnementaux autour de la mobilité, a fortiori pour les habitants de grande couronne, que ce soit pour des déplacements de courte distance, inter-banlieues ou vers Paris et la province. Ce service fonctionne moins bien aujourd’hui qu’il y a 20 ans… “À nous de vous faire préférer le train… “, disait le slogan dans les années 90 ? C’était il y a presque 30 ans… Il y a encore un long chemin à parcourir en 2022… »

Recrutement en 2022

Pour sa part, la direction Transilien « dément formellement les suppressions d’emplois. Au contraire, Transilien va recruter en 2022

150 agents de gare ». Et de poursuivre en expliquant son positionnement : « Nous partons des besoins des voyageurs qui ont évolué dans le temps. Cela correspond donc maintenant à une nouvelle offre de services en gare avec notamment le développement du digital et de la dématérialisation des titres de transports. Nous avons une approche sur mesure, gare par gare, pour mieux répondre à ces besoins et aux nouveaux comportements. »

Et cela passe par l’achat en ligne via les smartphones, la nouvelle génération d’automates Mass Transit dès 2023 « plus performants et interactifs », ou encore la vente par des agents mobiles en gare « à l’horizon mi-2023 ».

Transilien met également à disposition un numéro d’appel, le 3658 « où un téléconseiller vous répond en moins d’une minute ». Sans oublier les interphones disponibles via les bornes d’appel d’urgence et d’information « dont plus de 1 300 sont déployées notamment dans les petites gares ».

Plusieurs applications sont également à disposition comme celle d’IDFM ou SNCF Connect, ainsi que les comptes Twitter et le site transilien.com.
Enfin, question sécurité, la direction Transilien assure qu’une « centaine d’agents de sécurité privée supplémentaires vont être déployés dans toutes les gares d’Île-de-France, soit 29 agents de sureté itinérants et 10 équipes de cyno-détection supplémentaires. Cela fait 30 équipes cynophiles au total ».

Réduction des services publics en gare

Directement concerné à double titre, le maire de Villepreux et vice-président de SQY aux transports, Jean-Baptiste Hamonic (Modem), souligne que « aujourd’hui, les syndicats et la direction de la SNCF nous donnent des informations contradictoires. Je n’ai pas, à ce jour, d’éléments fiables pour prendre position. Le sujet principal sur le ferroviaire doit rester, à mon sens, le retour le plus rapide possible à l’offre normale. Cela a été évoqué lors de l’adoption du vœu de mon conseil municipal et le sera dans quelques semaines avec un vœu que je porterai en conseil communautaire de SQY.»

L’élu rappelle également que « face à la très faible affluence à certains guichets (moins de trois opérations par jour dans certaines gares), je peux comprendre que la SNCF souhaite optimiser les ressources humaines en affectant les agents à d’autres missions, plus enthousiasmantes pour eux comme pour l’entreprise. Les guichets sont en revanche maintenus là où les opérations sont nombreuses. Je suis en attente de données chiffrées pour ce qui concerne le guichet de “ma“gare.»

Enfin, allant dans le sens de Transilien, Jean-Baptiste Hamonic estime aussi qu’il faut « faire la promotion des nouveaux outils. Il est désormais facile de se procurer des billets dématérialisés, à la fois parce que de nombreux supports sont disponibles et parce que, depuis peu, IDFM a annoncé le plafonnement à 4 euros (en carnet de 10 tickets origine/destination, 5 euros maximum à l’unité) du billet origine/destination, ce qui rend la grille tarifaire beaucoup plus lisible et beaucoup moins chère pour les déplacements de grande couronne.»

Et de conclure : « Ceci étant dit, ma position consiste à demander à ce qu’un point d’équilibre soit trouvé entre digitalisation massive et présence humaine partout tout le temps. Il faut pouvoir offrir des alternatives au tout digital : les automates de vente restent disponibles dans les gares, donc j’insiste auprès de la SNCF sur une présence physique en gare pour pouvoir aider les personnes en difficulté à acheter les billets depuis ces automates. Attention aussi aux raccourcis : la fermeture des guichets n’est pas synonyme de la fermeture des gares. La SNCF nous assure qu’aucune de nos sept gares SQY ne verra ses horaires d’ouverture réduits par rapport à la situation actuelle. »

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