C’est déjà l’heure de la rentrée scolaire. Le 1er septembre, les élèves retrouveront le chemin de l’école et pour certains d’entre eux, bénéficieront de nouveaux outils pédagogiques. Le projet e-Sy, plan de déploiement par le Département – grâce à Seine et Yvelines numérique (SYN, lire encadré) –, des tablettes et claviers numériques dans les collèges yvelinois, doit s’accélérer en ce mois de septembre avec la première vague d’équipement, qui concernera 22 établissements. Un équipement individuel, c’est-à-dire que chaque élève bénéficiera de sa propre tablette, qu’il conservera pendant la suite de sa scolarité.

Un projet ambitieux

« On équipe 6e et 4e. Après, les 6e vont devenir des 5e et on refait 6e et 4e, et après, on ne rééquipera que les 6e, précise Cécile Dumoulin (LR), vice-présidente du Département déléguée aux collèges et au numérique scolaire, interrogée par les médias en juin dernier en marge des Assises du numérique. C’est un projet ambitieux que le conseil départemental porte. Il concerne l’ensemble des collégiens des Yvelines – 113 collèges publics et 23 privés –, qui se verront doter d’équipements individuels mobiles, une tablette avec une coque, un clavier, un ensemble d’applications. Ce déploiement […] arrive aujourd’hui car on a expérimenté depuis 2015 cette dotation en équipement individuel mobile dans 17 collèges, donc on a pu en tirer toutes les conséquences, les bénéfices. »

Cécile Dumoulin affirme que « le premier retour qui nous a confortés pour continuer, c’est que tous les collèges veulent maintenir ces tablettes ». « Ceux qui étaient un peu réticents au départ, maintenant, ils ne reviennent pas en arrière, poursuit-elle. Après, on a l’usage par les élèves, les enseignants, des pratiques pédagogiques nouvelles, une façon plus ludique d’appréhender certaines matières. Il y a aussi le développement de l’autonomie des élèves, qui travaillent en groupe, et le fait pour les parents d’avoir à la maison un outil qui s’est révélé indispensable en cas de confinement. On voit bien que le numérique a pris une dimension nouvelle depuis deux ans, et ça devient un outil indispensable. »

Équipements et formation

Un outil indispensable dont vont bénéficier 22 nouveaux établissements en cette rentrée 2022. Parmi eux, quatre sont situés dans l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) : les collèges Paul Éluard de Guyancourt, Blaise Pascal de Plaisir, Louis Pergaud de Maurepas, et La Clef de Saint-Pierre, à Élancourt. Les collèges restants suivront et « d’ici cinq ans, toutes les classes des collèges du département – publics et privés – seront équipées », indique Cécile Dumoulin.

La vice-présidente yvelinoise tient également à rassurer sur l’utilisation qui peut être faite des tablettes par les enfants « C’est extrêmement bien cadré. Ces tablettes sont sécurisées, on ne peut pas télécharger n’importe quoi », assure-t-elle, mentionnant notamment une application qui permet de « désactiver les applications : si le parent dit ‘‘À partir de 20 h, tu ne te sers plus de ta tablette’’, ça ne marchera pas ».

Un outil indispensable dont vont bénéficier 22 nouveaux établissements
en cette rentrée 2022.

Cet équipement s’accompagnera d’une formation à destination des enseignants. « Ça ne reste qu’un outil. Il faut y mettre du contenu, de la formation. […] On travaille de manière très étroite avec l’Éducation nationale, qui va proposer ces formations », avance l’élue, affirmant la volonté du Département d’« étendre ce dispositif à l’ensemble des enseignants, mais aussi à la communauté éducative : CPE, assistants d’éducation, AESH (Accompagnants d’élèves en situation de handicap, Ndlr), donc on a vraiment un panel important, on est vigilants sur la maintenance, pour que ces outils fonctionnent bien. » Sur ce dernier point, elle évoque une durée de vie moyenne de six ans pour une tablette.

Le coût du déploiement s’élève à « à peu près 100 millions sur six ans », un montant « complètement porté par le Département », selon Cécile Dumoulin. « La seule chose qui peut rester à la charge de l’établissement, sujet qui n’est pas encore résolu, c’est le problème du livre numérique, car les livres sont payés par les établissements, et que pour l’instant c’est une compétence qui n’a pas été transférée au Département », ajoute-t-elle.

« Un tel projet ne peut fonctionner que si chaque brique est bien à sa place, prévient l’élue. Il y aura peut-être quelques petits grains de sable dans les rouages, mais l’équipe de SYN est extrêmement mobilisée, a étoffé son personnel, et on est prêts à pouvoir faire face à ce déploiement, dans les collèges dans un premier temps, et on va aussi le proposer aux communes, car le Département est le premier partenaire des communes, les accompagne dans ses réalisations, que ce soit des écoles, des équipements sportifs, et on a pensé que c’était bien dans le cadre de la continuité pédagogique de leur proposer d’équiper dès le CM1-CM2 en tablettes. »

L’équipement dès l’école primaire, certains territoires des Yvelines sont pionniers là-dessus, notamment l’agglomération de SQY, qui a signé en 2019 une convention avec le Département, SYN (qui s’appelait écore Yvelines numériques à l’époque, Ndlr) et l’Éducation nationale pour doter 97 écoles élémentaires et 107 maternelles de ses 12 communes d’outils connectés. Soit 28 000 élèves et 1 500 enseignants concernés.

Pour un déploiement à SQY qui devait se terminer en juin dernier. Interrogée sur le sujet il y a trois mois, Anne Capiaux (LR), adjointe chargée notamment du numérique à Élancourt, évoquait « un taux d’équipement de 97 % » sur le territoire, mais annonçait aussi une prorogation d’un an du dispositif, « car avec la guerre en Ukraine, on a des problèmes d’approvisionnement en termes de composants, notamment pour les solutions mobiles, les tableaux numériques interactifs, [donc] on proroge d’un an pour laisser le temps, d’une part de recevoir les commandes qui ont été passées, et pour les autres d’étendre ».


Bertrand Coquard, président de SYN

Seine et Yvelines numérique (SYN) est l’opérateur interdépartemental chargé du développement des services numériques pour les Yvelines et les Hauts-de-Seine, « Nous n’équipons pas en tablettes juste pour dire que nous mettons des tablettes à disposition, explique Bertrand Coquard. Qu’est-ce qu’on en fait ? Comment les utilise-t-on ? Quels sont véritablement les aspects éducatifs ? Quels sont les freins ?… Comment peut-on réduire la fracture numérique ? L’objectif est de tout mettre en place pour que cet outil soit le plus efficace possible. Cela passe par la formation des professeurs, en partenariat avec l’Éducation nationale et le Dasden, les ressources pédagogiques mises à disposition, le débit, l’équipement des élèves et des écoles, etc. Par ailleurs, cela peut également favoriser l’apprentissage différencié. Avec la baisse généralisée du niveau scolaire, les efforts sont portés sur les élèves les plus en difficulté. Or, il est important d’accompagner aussi les bons élèves. Avec ce genre d’outils, on peut plus facilement leur donner du travail, adapté à leurs besoins spécifiques. »

« Désormais, nous portons l’investissement aussi sur le bloc communal, précise Bertrand Coquard. Le Département propose des tablettes dès le CM1 et ce, jusqu’à la 3e. Certaines villes se montrent d’ores et déjà très intéressées car elles n’ont pas les moyens de porter seules ce genre d’investissements. Nous avons d’ailleurs vu à quel point cela pouvait être utile en cas de pandémie pour l’apprentissage à la maison, mais plus largement, l’équipement numérique des Ehpad par exemple a permis de rompre également avec l’isolement des personnes âgées. »


 

Quelques chiffres

130 000 élèves et enseignants sont concernés par ce projet sur l’ensemble du territoire yvelinois :
• 74 000 élèves et enseignants au sein des collèges publics ;
• 17 000 élèves et enseignants au sein des collèges privés sous contrat ;
• 39 000 élèves et enseignants de CM1 et CM2.


 

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