Le 29 mars dernier, les conseillers départementaux des Yvelines ont voté le nouveau Schéma Autonomie 2024-2028. Il prend ainsi le relais de la dynamique impulsée par le premier schéma 2018-2022 qui vient juste de prendre fin. Compétent en matière de solidarité, le département des Yvelines se donne ainsi un cadre clair pour « permettre aux seniors et aux personnes en situation de handicap de bien vivre à tout âge dans les Yvelines, en leur proposant des réponses individualisées, adaptables et accessibles à leurs besoins », est-il défini dans la finalité du Schéma Autonomie. « Le Schéma départemental de l’Autonomie s’attache à répondre à ce défi, en définissant des orientations stratégiques associées à des actions souples et adaptées », souligne Pierre Bédier (LR), président du département des Yvelines, dans l’édito consacré à ce schéma.
Répondre au défi du vieillissement
Car comme de nombreuses collectivités, et notamment dans les Yvelines, le Département doit faire face à un vieillissement de la population qui va s’accélérer dans les années à venir. Élaboré dans une démarche collective et partagée associant l’ensemble des acteurs de l’autonomie (les usagers et les représentants des usagers, les familles et les aidants, les acteurs de l’action sociale, médicosociale et sanitaire, les financeurs et institutions publiques), ce Schéma Autonomie est « le résultat de neuf mois de travail participatif avec plus de 120 partenaires du territoire, riche d’objectifs précis et concrets », précise Marie-Hélène Aubert, conseillère départementale et 2e vice-présidente du département des Yvelines, déléguée à l’Autonomie et la Coopération décentralisée, dans un communiqué.
Le Schéma Autonomie s’articule autour de trois axes : faciliter le parcours de vie des personnes âgées et personnes en situation de handicap ; favoriser une offre de services de qualité et accessible à tous et renforcer l’attractivité des métiers du « prendre soin ». Et comme une politique est d’autant plus efficace qu’elle est bien coordonnée, les différentes actions retenues sont en lien avec les priorités du plan régional de santé 2023-2028 et celles de la 5e branche de la sécurité sociale.
Dans le détail, les trois grands axes retenus s’articulent entre eux et visent à former un maillage territorial en créant un « véritable écosystème de l’autonomie », assure la plaquette d’information du Schéma. Autour du premier axe, le Département souhaite simplifier le parcours de l’usager en lui garantissant un accompagnement sans rupture et coordonné pour soutenir son autonomie. Le Département explique que l’enjeu est de rendre lisibles et réactifs les services et prestations dont il peut bénéficier, en fluidifiant son parcours de vie et de soins. Ainsi les Yvelines souhaitent s’engager « dans la structuration et la création effective d’un Service Public Départemental de l’Autonomie » et « associer toutes les parties prenantes, notamment les communes via leur CCAS, première porte d’entrée en proximité des usagers, dans cette démarche multicanal centrée sur l’usager ».
Concernant le deuxième axe évoqué par Marie-Hélène Aubert, il s’agit de l’offre en établissements et services sociaux et médico-sociaux, de l’habitat, du transport, des mobilités, du numérique, des activités sportives, culturelles, de loisirs, et bien évidemment du lien social, facteur déterminant pour lutter contre le fléau de notre temps : l’isolement. L’accessibilité s’entend en termes de localisation et de capacité financière.
« Aujourd’hui, le Département finance (ou co-finance) près de 16 000 places, dont 12 355 pour les personnes âgées, précise le Département dans le document consacré au Schéma. Ces places représentaient un budget de 180 millions d’euros pour l’année 2022. Le diagnostic réalisé par le Département en 2021 a mis en évidence un déficit de 2 488 places en établissement pour adultes en situation de handicap sur le territoire. Ce travail a été salué par l’Agence Régionale de Santé et la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) dans le cadre de la démarche de créations de places nationales (Plan Inclus’IF 2030). » Sachant par ailleurs que les Yvelines consacrent « une enveloppe de plus de 300 millions d’euros, soit 22 % de son budget de fonctionnement, à destination de plus de 120 000 bénéficiaires yvelinois, seniors ou en situation de handicap », assure Pierre Bédier dans son édito.
Enfin, troisième axe de déploiement, le renforcement de l’attractivité des métiers du “prendre soin”. Là encore, le Département souligne l’enjeu majeur d’attirer des vocations dans ces métiers où les besoins d’accompagnement humains sont en croissance exponentielle avec une diversification des savoir-faire et des savoir-être imposée par l’ampleur et la nature des besoins.
Pour répondre à ces questions de recrutement, de formation, de motivation, et d’attractivité de ces métiers, l’Agence AutonomY a été missionnée pour intervenir dans l’ensemble de ces thématiques. « Nous faisons le choix d’intensifier nos actions de prévention, de mieux mobiliser les ressources humaines et matérielles disponibles sur notre territoire, d’améliorer l’attractivité des métiers de l’aide à la personne et de favoriser le recours au numérique. Dans ce cadre, en partenariat avec les Hauts-de-Seine, le Département a créé l’agence AutonomY, un groupement d’intérêt public dont la mission est de mettre en œuvre notre stratégie de maintien à domicile », remarque le président du Département.
Création d’un Campus des métiers de la santé et du médico-social
Ainsi créée dans le cadre des synergies entre les départements des Yvelines et des Hauts-de-Seine, l’agence AutonomY, première agence en France dédiée à l’autonomie, a pour mission principale : favoriser l’autonomie à domicile des personnes âgées ou en situation de handicap tout en développant l’attractivité du territoire. Parallèlement, la création de “Mon Espace Autonomie Formation – Emploi” permet d’assurer un accompagnement personnalisé et un accès facilité aux informations sur les métiers, les offres de stages, de formations et d’emplois, et une relation plus fluide avec leurs conseillers (France Travail, l’Agence ActivitY, Mission insertion, et l’Agence AutonomY).
Enfin, le département des Yvelines porte, avec les acteurs de la formation professionnelle et universitaire, un projet de création d’un Campus des métiers de la santé et du médico-social avec une capacité de former 5 000 personnes.« Ce campus d’excellence dédié aux métiers de la santé, du social et du médico-social vise à réunir les trois filières autour d’un projet porteur à la fois de mutualisation à l’échelle du territoire et d’innovation reliant la recherche avec le terrain et l’approche usager », précise la fiche Action qui lui est consacrée.
Son objectif est multiple. D’abord, « garantir un important vivier de candidats permettant de répondre aux besoins des entreprises en personnels qualifiés et agrandir le vivier disponible en adéquation avec les besoins en termes d’emplois-compétences du territoire et des filières », est-il ajouté sur la fiche, listant ensuite les autres objetifs : « Accompagner le développement de nouvelles compétences pour s’adapter aux besoins émergents des métiers (aide-soignant, infirmier, notamment) ou créer de nouvelles formations ; proposer une formalisation d’un cursus universitaire commun et cohérent permettant de répondre à un besoin de rapprochement des métiers ; impulser des pratiques d’innovation pédagogiques centrées sur l’usager pour accompagner sa prise en charge et enfin simuler par la formation grâce à la plateforme de simulation inédite qui sera inscrite au centre du projet Campus des métiers. »
« Ainsi, sans attendre une loi sur ce sujet pourtant essentiel, nous avons largement anticipé la mise en route du Service Public Départemental de l’Autonomie, persuadés que la seule voie pour avancer de manière pragmatique, intelligente, responsable et durable consiste à laisser libre cours aux innovations et au pilotage des départements dans ce domaine », conclut Pierre Bédier.
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