À Montigny, un terrain de 13 000 à 15 000 m² où verra le jour AgoraHa, le projet de la Fondation Anne de Gaulle. Cette dernière, reconnue d’utilité publique, a été créée en 1945 à l’initiative de Charles de Gaulle et de son épouse, Yvonne. Elle porte ce nom depuis 1948 et la mort de leur fille Anne, qui était atteinte de trisomie 21. La Fondation Anne de Gaulle a pour mission d’accueillir et accompagner des personnes déficientes intellectuelles. À Montigny, elle prévoit d’implanter d’ici 2024 un foyer médico-social pour personnes handicapées psychiques, et un living lab consacré à la recherche et à l’innovation. Les travaux de ces structures ont commencé début octobre sur cette parcelle. « Il faut compter entre 18 et 24 mois [de travaux] », confie Lorrain Merckeart, maire DVD de Montigny-le-Bretonneux et 1er vice-président de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) à l’urbanisme et à l’aménagement du territoire, joint par La Gazette le 15 novembre.

Il « manquait un équipement tourné vers le handicap » à Montigny

« Nous avons eu connaissance il y a quelques années du fait que la Fondation Anne de Gaulle était à la recherche d’un terrain sur SQY. Nous avions la volonté depuis très longtemps d’accueillir un équipement en lien avec le handicap sur le territoire, puisque l’on a une politique d’inclusion extrêmement importante depuis des années. Mais il nous manquait un équipement tourné vers le handicap, explique-t-il. Donc, lorsque j’ai entendu que la Fondation Anne de Gaulle était à la recherche d’un terrain, j’ai regardé avec les services d’urbanisme de la Ville ce que nous avions de disponible. Nous avons pu identifier un terrain, extrêmement bien situé puisque près des lignes de bus, pas très éloigné du centre-ville, proche de la faculté des sciences de la médecine. Donc j’ai proposé ce terrain à la Fondation Anne de Gaulle, qui s’est montrée extrêmement intéressée immédiatement. »

Le terrain en question est situé avenue du Parc, près du gymnase Ladoumègue. Il appartenait à l’État, « puisque c’était sur les parcelles réservées pour l’éventuel prolongement de l’A12 », précise Lorrain Merckaert. Puis, il a été racheté par SQY, « car ça permettait une procédure plus simple et plus rapide, car il y avait une problématique de timing pour la Fondation Anne de Gaulle, qui avait besoin de sortir son projet assez rapidement, poursuit l’élu ignymontain. Puis très vite, le Département est rentré aussi dans le dispositif, à la fois par un soutien financier (le conseil départemental étant le principal financeur de ce projet dont le coût s’élève à 25 millions d’euros, Ndlr), mais aussi en se portant acquéreur du terrain et en proposant un bail emphytéotique à la Fondation Anne de Gaulle (voir par ailleurs) de façon à réduire le coût pour la Fondation par rapport à l’acquisition de ce terrain », ajoute-t-il.

La structure sera « bâtie sous la forme d’un village […] avec quatre maisonnées », expose Jean Vendroux, insistant sur « l’accompagnement citoyen » des personnes qui y seront accueillies.

Du côté de la Fondation Anne de Gaulle, on se montre soulagé de voir le projet connaître ses premiers coups de pioche. « C’est l’aboutissement de plusieurs années qui ont été nécessaires pour finaliser cette opération sur le plan financier […], et surtout la difficulté que l’on a eue à trouver un terrain dans la ville », estime, contacté par La Gazette, Jean Vendroux, président de la Fondation et petit-neveu de sa fondatrice, l’épouse du général de Gaulle. Il concède ainsi que le projet, dont la livraison était initialement prévue en 2022, a pris du retard, notamment en raison de procédures liées à l’acquisition de la parcelle, qui a été « l’élément le plus compliqué ». « Il y a eu d’abord un certain nombre de difficultés à monter le projet sur le plan administratif, car c’était un terrain qui appartenait à l’État. C’était une opération montée avec l’appui à la fois de SQY, et le département des Yvelines, précise-t-il. Le Covid n’a pas simplifié les choses. »

Mais désormais, le chantier est lancé pour ce projet se voulant « inclusif », insiste Jean Vendroux. 7 000 m² de bâtiments sont à construire, dont 6 000 m² pour l’établissement médico-social, qui pourra accueillir 100 adultes déficients intellectuels. « Cette plateforme d’hébergement et d’accompagnement sera bâtie sous la forme d’un village […] avec quatre maisonnées, expose Jean Vendroux. Le fil rouge de ce projet, c’est de permettre aux personnes qui seront accueillies sur cette plateforme de pouvoir bénéficier d’un accompagnement citoyen, avec des interactions multiples avec la commune de Montigny, ses habitants, ses structures. Il faut que ce projet puisse soutenir l’autodétermination des personnes en situation de handicap, qu’elles trouvent non plus une place dans un établissement mais leur place dans la vie d’un citoyen comme les autres. »

D’où la volonté pour la Fondation de trouver un terrain « en pleine ville », ce qui « n’est pas chose facile », reconnaît Jean Vendroux, saluant notamment « l’appui de la préfecture des Yvelines ». En pleine ville de Montigny, mais aussi sur le territoire de SQY, ce qui prenait tout son sens pour la création du living lab, l’autre volet du projet, selon le président de la Fondation. « On voulait mettre en place un living lab, laboratoire vivant et apprenant, pour permettre de mettre les nouvelles technologies, l’innovation, au service de la vulnérabilité et des personnes en situation de handicap, […] permettre à ces personnes de se déplacer en toute sécurité, de communiquer avec l’extérieur, apprendre […] à toutes les personnes qui seront amenées à les croiser à verbaliser avec eux. Nous sommes convaincus que l’innovation a toute sa place pour permettre de créer du lien. On voulait donc s’implanter dans ce territoire dédié à l’innovation », affirme-t-il.

Une structure ouverte « vers la ville, vers les autres citoyens »

Le living lab, qui occuperait 1 000 m², dans un autre bâtiment, serait « l’un des tout premiers living labs médico-[sociaux]consacrés à la déficience intellectuelle en France », d’après le site internet de la Fondation. Au sein de son comité scientifique de départ, on retrouve notamment des professeurs en médecine de l’UVSQ. Ce laboratoire est particulièrement salué du côté de la ville de Montigny.

« Nous voulions à tout prix avoir une structure, et ce qui nous a vraiment séduits dans le projet que portait la Fondation Anne de Gaulle, c’était […] aussi ce projet de living lab, souligne Lorrain Merckaert. Là-dessus, il y a des possibilités de partenariats entre la Fondation et la Ville puisque, s’il y a bien un lieu où s’exerce la citoyenneté dans une collectivité, c’est la mairie. J’ai immédiatement proposé à la Fondation Anne de Gaulle que nous puissions collaborer, entre la mairie et le living lab pour travailler sur cette thématique. »

Jean Vendroux évoque aussi la possibilité d’un accompagnement hors les murs, « c’est-à-dire que l’objectif de ce projet est également de faire bénéficier de l’expérience et l’expertise des professionnels qui travailleront à AgorHa pour accompagner des personnes en situation de handicap à leur domicile, ou des personnes handicapées vieillissantes dans des Ehpad ». « L’idée de ce projet est de s’ouvrir vers la ville, vers les autres citoyens, vers une vie qui est celle de tout citoyen dans notre pays », affirme-t-il. À noter que les deux foyers actuels de la Fondation dans les Yvelines, à Milon-la-Chapelle (implantation historique) et Versailles, seraient « regroupés à Montigny, sur la plateforme, les deux foyers existants étant transformés en d’autres formes d’accompagnement pour des personnes en situation de handicap », fait-il savoir.


Une aide du Département

Le coût global du projet AgorHA s’élève à 25 millions d’euros, dont l’immense majorité est financée par la Département, « partenaire décisif dans cette opération », apprécie Jean Vendroux, président de la Fondation Anne de Gaulle. Totalement investi auprès de la Fondation Anne de Gaulle, le département des Yvelines s’est engagé à verser une subvention exceptionnelle pour financer le coût des travaux. Un investissement de 21,3 millions d’euros TTC qui représente 87 % du montant prévisionnel du projet.

« Le Département fait un effort particulier pour adapter l’offre locale en faveur des personnes en situation de handicap, soulignait Marie-Hélène Aubert, 2e vice-présidente déléguée à l’autonomie et à la coopération décentralisée, lors de la séance du conseil départemental fin juin. Par ailleurs, cet investissement massif permettra de réaliser une économie de fonctionnement de 8 millions d’euros au bout de 25 ans, ce qui n’est pas négligeable à l’heure où l’argent public se raréfie. »

En votant une telle subvention, les conseillers départementaux et le président du département des Yvelines marquent leur volonté de « s’engager massivement dans une démarche d’adaptation de l’offre locale afin d’apporter une réponse accompagnée pour tous aux personnes actuellement sans solution et prévenir les départs en Belgique », précise un communiqué du Département. Car selon les données de l’Agence régionale de santé, ce ne sont pas moins de 3 000 Franciliens qui sont actuellement accueillis dans des établissements belges. La subvention du département des Yvelines correspond ainsi à la mise en œuvre de ce véritable plan de prévention des départs non souhaités en Belgique.

Par ailleurs, le Département s’est engagé à mettre à disposition de la Fondation Anne de Gaulle un foncier complémentaire de celui acquis auprès de SQY. Un foncier qui sera soumis à un bail emphytéotique de 30 ans. À terme, le département des Yvelines deviendra propriétaire de l’ensemble des bâtiments construits sur le terrain.


CREDIT PHOTOS : Architecture Studio