Véritable ville au sein de Guyancourt avec un effectif de près de 11 000 salariés, le Technocentre de Renault va avoir droit à une rénovation complète. Si ce changement va être invisible pour les nombreux Saint-quentinois qui passent régulièrement à côté du centre de recherche et de développement de la marque au losange, il sera marquant pour les employés travaillant dans les sept bâtiments tertiaires.

Ce programme de rénovation, baptisé Efficience ou E-TCR, vise à transformer intégralement les espaces de travail pour les rendre plus modernes et collaboratifs. La ventilation, l’éclairage et l’acoustique vont aussi être entièrement revus. Cette vaste rénovation minutieusement phasée sur cinq ans doit démarrer dans les prochaines semaines. Elle est complétée de la création de 1 000 places de parking ainsi que de la construction d’un nouveau bâtiment.

Pour mémoire, les trois plus importants bâtiments comptent « 2 000 personnes à peu près à l’Avancée, quasiment 5 000 à la Ruche et 2 700 au Gradient », rappelle Fabio Re.

Les chiffres du Technocentre de Renault ont de quoi donner le tournis. Ouvert à Guyancourt en 1998, le site couvre une surface de 150 hectares pour un total de 425 000 m² de surface de plancher, dont 240 000 m² de bâtiments tertiaires, détaille le site internet du groupe Renault. « C’est une pièce essentielle de notre système, confirme Fabio Re, directeur du programme Efficience du Technocentre au sein de la direction de l’immobilier et des services généraux Île-de-France de Renault. C’est ici que sont conçues toutes les voitures du groupe Renault. »

Le bâtiment ayant fêté ses 20 ans l’année dernière, et afin de s’adapter aux évolutions des modes de travail, Renault a lancé ses premières réflexions en 2015 sur le renouveau du site. « Comme toutes les entreprises du monde, on sent le changement générationnel, souligne Fabio Re. Nos façons de travailler changent, il faut faire évoluer l’immobilier au sens large et plus particulièrement les environnements de travail. C’est la genèse de la réflexion : adapter l’environnement de travail au travail de demain. »

L’ensemble de l’imposant site ne sera pas concerné par les rénovations du programme E-TCR, qui se concentre uniquement sur les bâtiments tertiaires et leurs 12 000 postes de travail. Pour ces derniers, le changement sera d’envergure. « On va tout enlever, il ne va rester que du béton au sol, sur les murs et au plafond, tout va être remis complètement à neuf, résume le directeur du programme E-TCR. Et tout ce qui est à l’intérieur d’un bâtiment et le fait fonctionner, est refait. C’est-à-dire l’électricité, l’informatique, l’éclairage, le chauffage, la climatisation, les cloisons, etc. On repart de zéro. »

Dès fin 2015, Renault a donc monté son premier plateau pilote (espace test, Ndlr) du programme dans l’Avancée, le bâtiment frontal du Technocentre. Une équipe d’une quarantaine de salariés y a été déplacée, afin de peaufiner les concepts et organisation des postes de travail. D’autres pilotes ont ensuite suivi. « Au global, on a fait pas loin de 4 000 m² de pilotes pour tester les différentes versions », estime Fabio Re. En parallèle, plus de 2 000 employés ont été sondés.

« Tout ça a fait évoluer le projet, et on a fait un dernier pilote à l’échelle 1, il y a maintenant un an », raconte Fabio Re. Renault a pour cela loué un site à Vélizy, appelé Connect, où ont été appliquées concrètement toutes les facettes du programme E-TCR, et où ont déménagé environ 850 salariés de Guyancourt. Outre un test grandeur nature, ce site offre également l’avantage de libérer de l’espace au Technocentre. Car la contrainte principale de la mise en œuvre d’E-TCR est qu’elle va être faite en site occupé.

« La difficulté majeure de cette opération, ce n’est pas tellement la technicité des travaux, on sait faire ce genre de choses, c’est qu’il y a tout le monde dans les bâtiments et que ça continue à fonctionner, pointe Fabio Re. Il faut qu’on perturbe le moins possible les collègues qui conçoivent les voitures de demain. » Le Technocentre « étant complet », il a fallu trouver des zones « tampons » permettant de « dégager des espaces pour faire les travaux », complète-t-il.

D’autant que les trois plus importants bâtiments comptent « 2 000 personnes à peu près à l’Avancée, quasiment 5 000 à la Ruche et 2 700 au Gradient », rappelle Fabio Re. Par un très minutieux jeu de chaises musicales, les salariés vont donc être déplacés dans différentes zones du Technocentre, pour environ six mois à chaque fois, afin de permettre la réalisation des travaux. Les premiers devraient démarrer dans les prochaines semaines dans la Ruche.

Pour l’ensemble des bâtiments rénovés comme pour celui qui va être construit, Renault vise une certification Well, un label de l’immobilier du bien-être en entreprise. « C’est un label américain très récent qui prend en compte trois critères très techniques que sont l’eau, la lumière et l’air, détaille Fabio Re. Après, il y a des concepts plus centrés sur l’homme : la santé, la nourriture, le développement intellectuel, le sport, etc. »

Sur les trois critères techniques, le responsable du programme E-TCR avance justement un travail important du constructeur français. « Dans les nouveaux environnements de travail, tous les postes de travail fixes sont en premier jour, soit en lumière naturelle, expose-t-il. Et pour les espaces qui devraient se retrouver à plus de six mètres de la lumière naturelle, il y aura un éclairage de type circadien, qui suit le rythme de la lumière naturelle du soleil. » Concernant l’air, toutes les « centrales d’air » vont être changées pour des « plus puissantes » afin d’avoir un renouvellement de l’air « plus exigeant » que celui imposé par « le droit du travail », relève le directeur du programme.

Les espaces de travail vont voir fleurir des sortes de cabines téléphoniques qui permettent aux salariés de s’isoler pour travailler ensemble ou être en conférence téléphonique.

Au-delà de ces aspects, pour les salariés du Technocentre, c’est tout leur environnement de travail qui affichera un tout nouveau visage. « Ce qui va surtout changer, c’est qu’il y aura une mise à disposition des collaborateurs de beaucoup plus d’espaces collaboratifs pour se réunir », explique Fabio Re. Des « endroits informels » appelés « work cafés » vont ainsi voir le jour, tout comme des zones silences, des salles de siestes dernière génération, etc.

Les open spaces vont également voir fleurir des sortes de cabines téléphoniques permettant aux salariés de s’isoler pour travailler ensemble ou être en conférence téléphonique. « Le poste de travail est un endroit pour se concentrer aujourd’hui, et quand on doit échanger, on va dans les espaces adéquates, soit dans les cabines individuelles quand c’est avec des gens à distance, soit dans des cabines de deux ou de quatre en fonction des besoins », souligne le directeur d’E-TCR.

« Et après, il y a toute une palette de salles de réunion, de différents formats, avec beaucoup plus de petites salles, ce qui était une demande des collaborateurs, poursuit-il. Toutes ces salles sont équipées d’écrans et de matériel audio pour permettre de faire des conférences à distance, accessibles directement à partir de son ordinateur ou même de son téléphone. »

Au niveau des postes personnels des employés, des bureaux électriques permettront de travailler assis ou debout, équipés de bras sur lesquels sont fixés des écrans afin de permettre au salarié d’être « dans la position qui lui convient le mieux pour travailler ». « L’objectif de tout ce qu’on a mis en place est que vous puissiez trouver, tout au long de la journée, l’espace de travail qui correspond le mieux à la tâche que vous avez à faire et dans lequel vous vous sentez le mieux », avance Fabio Re.

Mais E-TCR ne contient pas que de la rénovation : un nouveau bâtiment de 700 postes de travail va être construit face à la future gare de la ligne 18. Il est devenu nécessaire « parce que nous avons deux bâtiments modulaires, appelés Pluton et Astéria, qui datent de l’origine du site et sont devenus obsolètes », précise le directeur du programme. Ce nouveau bâtiment « 100 % bois », permettra également de libérer des postes dans les bâtiments qui doivent être rénovés. Le permis étant purgé de tout recours depuis fin avril, les travaux vont bientôt pouvoir commencer. L’objectif est qu’il soit « opérationnel en septembre 2020 », prévoit Fabio Re.

Renault va également en profiter pour créer deux parkings pour un total de 1 000 nouvelles places qui viendront s’ajouter au 10 000 existantes : un premier de 200 places et un second de 800 places dans un parking en silo. «  Nous déposons le permis de construire du petit parking d’ici la fin du mois de mai au plus tard, avec un objectif de démarrer les travaux à la rentrée pour une livraison en début d’année prochaine, et de démarrer dans la foulée le grand parking », projette le directeur du programme de rénovation.

Si Fabio Re refuse de communiquer le montant du programme E-TCR pour Renault, il confirme le chiffre, avancé par l’hebdomadaire spécialisé Le Moniteur fin 2017, de plusieurs centaines de millions d’euros : « On dit que c’est le budget de conception d’une voiture, pour faire du comparatif. »

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