Michel Laugier, nombreux sont celles et ceux qui vous ont connu notamment en tant que maire de Montigny-le-Bretonneux. Depuis quand êtes-vous sénateur des Yvelines ?
Je suis sénateur depuis 2017. Un mandat de sénateur est de six ans, je suis en train de finir mon mandat.
De quelle commission faites-vous partie au Sénat ?
Je fais partie de la commission culture, éducation, sport, médias. C’est une commission très large, on traite beaucoup de sujets. Personnellement, je suis spécialisé sur la presse. Dans les commissions, tout est proportionnel en fonction du groupe auquel vous appartenez. C’est comme cela que sont attribuées les présidences et vice-présidences et le nombre de représentants au sein des commissions. En général, chaque sénateur doit faire partie d’un groupe et d’une commission. J’ai choisi celle-ci parce que j’avais envie de revenir un peu aux sources* de mon parcours professionnel. Je suis le référent de la presse écrite.
On entend souvent dire que l’ambiance du Sénat est plus consensuelle… Fantasme ou réalité ?
C’est une réalité, et elle s’explique. La très grande majorité des sénateurs a occupé des fonctions électives au niveau local. Beaucoup ont été maire, président d’une intercommunalité, d’une région ou d’un département… du coup, c’est moins politisé, même s’il y a des appartenances, des groupes bien marqués. Il y a une majorité autour du président Larcher, composée des LR et des centristes mais chacun a du respect pour les autres. C’est pour cela que c’est plus consensuel parce que chacun a eu cette expérience locale. Le non cumul des mandats montre ses limites. On le voit à l’Assemblée nationale où c’est une élection beaucoup plus politisée, dans la foulée de l’élection présidentielle. Les sénatoriales étant des élections au second degré, avec les grands électeurs, la connotation est différente et les élus votent et savent à qui ils peuvent faire confiance.
Le président Larcher répète souvent d’ailleurs que le Sénat est le représentant des territoires…
Exactement, et c’est pour cela que tous les textes de loi qui touchent les collectivités passent en première lecture au Sénat.
Quel est, au fond, le rôle du Sénat ?
Le Sénat vote la loi, contrôle le gouvernement, au même titre que les députés. En France, il existe deux chambres et elles doivent voter les lois dans les mêmes termes si on veut qu’elles soient appliquées. Nous avons différentes procédures, la navette ou alors on simplifie un peu en mettant en place une Commission mixte paritaire (CMP), composée de sept députés et sept sénateurs et on attend que la fumée blanche sorte. Si elle ne sort pas, la Constitution dit que c’est l’Assemblée nationale qui a le dernier mot. On cherche un compromis. Il y a toujours un compromis.
En quoi consiste exactement le rôle d’un sénateur ?
Il y a le travail au Sénat, en fonction de la commission à laquelle vous appartenez, en fonction des textes qui arrivent en séance, il y a tout le travail législatif. Il y a le travail de contrôle du gouvernement avec les questions que nous posons toutes les semaines, plus les auditions que nous faisons des ministres ou même de toutes les institutions publiques françaises sur lesquelles nous pouvons aussi avoir autorité. Nous avons le pouvoir pour cela. Cela peut être des missions que l’on nous donne, des missions d’information et cela peut être des enquêtes, par exemple l’affaire Benalla. Toutes les personnes sont obligées de venir devant nous lors de ces commissions d’enquête, obligées de prêter serment parce que cela a une valeur juridique. On ne peut pas mentir ou on risque d’aller au tribunal, tout simplement.
J’étais vice-président d’une des dernières commissions d’enquête sur la concentration des médias lorsque l’on a parlé de fusion TF1-M6. Ensuite il y a le travail que nous faisons directement avec les élus locaux. C’est notre présence sur le terrain, c’est aider les maires sur certaines situations ou dossiers… Cela peut être ouvrir la porte d’un ministère, d’une grande administration… Ce sont des interventions que nous faisons pour les maires auprès de différentes autorités pour trouver des solutions.
Un exemple en particulier… ?
Avec Gérard Larcher et l’équipe sénatoriale des Yvelines, nous aidons les relations entre les communes du plateau de Saclay et la Société du Grand Paris pour le passage de la Ligne 18. Cela concerne tout un territoire et, là-dessus, je suis un petit peu moteur parce que sur la Ligne 18, je suis le dossier depuis le début et j’en suis même à l’initiative. Mon expérience sur le sujet me permet d’avoir des relations avec la SGP parce que je connais bien l’historique. C’est mieux lorsque vous avez le président du Sénat et les sénateurs des Yvelines qui font venir le président de la SGP autour d’une table pour essayer de trouver les dernières avancées pour que ce dossier se finisse bien, tout simplement. Le sujet actuel est que la ligne soit livrée en 2030 de Saclay à Versailles. Il reste à voir les derniers éléments, notamment pour les terres agricoles sur le plateau car, finalement, le métro qui devait passer en viaduc va passer au ras du sol. Cela pose la question de l’accès aux terres pour les agriculteurs. Nous intervenons pour que les détails soient vraiment bien réglés.
Il reste alors le travail dans l’hémicycle ?
Oui, qui est l’aboutissement du travail réalisé en commission. Certaines, en fonction des textes, travaillent effectivement plus que d’autres. C’est le cas notamment avec les retraites pour la commission des affaires sociales et la commission des finances. Nous avons notre mot à dire et nous sommes attentifs, mais ce sont les sénateurs de ces commissions qui sont beaucoup plus en ligne avec le dossier. Le travail en séance est de déposer des amendements, ou de prendre position pour un texte ou non. Plus le travail que vous faites à titre personnel et celui avec votre groupe politique. Les textes qui sortent des commissions sont présentés aux sénateurs. Nous pouvons aussi déposer des propositions de lois. Les ministres, eux, déposent des projets de lois.
Est-ce que vous diriez que sénateur, c’est une belle fonction ?
Oui, c’est une très belle fonction, et en plus j’ai cette chance de travailler avec une équipe sénatoriale dans les Yvelines. Nous sommes l’une des rares équipes en France. Gérard Larcher a souhaité que nous fonctionnions en équipe. Et c’est ce que nous faisons. Nous sommes présents souvent tous les cinq dans des manifestations, et nous essayons d’être très présents sur nos secteurs géographiques privilégiés. Tout se passe entre nous en toute clarté, toute transparence. Nous partageons tout en ce qui concerne le territoire yvelinois et c’est un vrai plaisir. Et pour vous dire la chose la plus symbolique, nous faisons une carte de vœux en commun. Nous signons tous les cinq et même ceux qui ne sont pas élus et en fin de liste. Quand nous allons dans les réunions, nous sommes très présents. Quand chacun s’exprime, il s’exprime au nom de toute l’équipe. Je suis très très heureux de ce travail.
* Michel Laugier a été journaliste pour le journal Toutes les Nouvelles.