Comme nous l’évoquions la semaine dernière dans notre édition du 30 janvier, un jeune homme âgé d’une vingtaine d’années et atteint de schizophrénie a poignardé son propre père, dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 janvier. Le drame s’est produit au sein du pavillon familial, situé avenue Victor Hugo à Voisins-le-Bretonneux. L’homme, grièvement blessé, avait été transporté à l’hôpital André Mignot. Il est désormais hors de danger. Sa mère a souhaité livrer un témoignage, poignant, à nos confrères de 78actu, sur les difficultés rencontrées lorsque l’on élève un enfant malade.

« Ce qui s’est passé, c’est comme pour les femmes battues. Il faut en arriver à un drame pour que ça bouge », a-t-elle indiqué à 78actu. À la suite de son procès (où le jeune homme a été mis en examen) qui s’est tenu le mercredi 24 janvier, il a été placé à l’isolement au sein de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy. « Au moins, là-bas, il ne fera de mal à personne. Et il sera peut-être enfin pris en charge correctement par un psychiatre. J’espère », poursuit sa mère à contrecœur. Le fait de voir son fils enfermé est un moment très difficile pour cette mère de famille, fatiguée par la situation compliquée à laquelle elle fait face.

Son fils souffre de schizophrénie affective, un trouble qui se caractérise par des colères, de la frustration, de l’isolement, de la violence… Par ailleurs, le jeune homme est consommateur de cannabis, ce qui peut aggraver sa maladie. Il passe des journées et des nuits devant des jeux vidéo. « Porte close. Personne ne rentre dans sa chambre sous peine de faire abattre la foudre de Zeus sur la maisonnée », poursuit la maman à 78actu. Une maison qui porte les stigmates des crises du jeune homme : tous les murs de la maison ont été détériorés.

La mère de famille explique que la situation est devenue plus compliquée encore depuis que son fils malade est majeur. « Nous sommes entrés dans un tunnel de négociations, des stratagèmes pour l’amener à poursuivre des soins. Car, légalement, nous avions perdu toute autorité médicale », poursuit-elle.

S’ensuit un séjour de plusieurs mois à l’unité psychologique de l’hôpital André Mignot. Là, le jeune homme semble aller mieux. Mais ce bonheur est éphémère. Comme il n’est pas suivi directement, il décide d’arrêter son traitement. Sa mère contacte alors l’hôpital. « On m’a répondu qu’il allait décompenser. Qu’il fallait attendre ça et revenir après. Au Centre médico-psychologique (CMP), on m’a dit qu’il fallait attendre qu’il décide de venir les voir. Ce qui peut être compliqué dans la mesure où un schizophrène ne se pense pas malade… Il dit aux psy de lui foutre la paix. Et à chaque fois, on nous a répondu qu’il fallait attendre le passage à l’acte », raconte sa mère à nos confrères.

Les parents du jeune homme ont essayé toutes les solutions possibles et envisageables, sans succès. « […] Je sais que beaucoup d’autres familles en France souffrent comme nous. Il faut nous écouter ! Il faut nous aider ! Il aurait fallu que nous puissions le faire hospitaliser, même majeur, avant le drame », s’exclame-t-elle. Sur le fait de s’être livrée ainsi, la mère de famille explique : « C’est surtout parce que je ne veux plus que quelqu’un me dise qu’il faut attendre le passage à l’acte. Ce n’est ni une réponse, ni une solution. »

Cette mère de famille désemparée a souhaité livrer un dernier message émouvant : « On ne sait pas combien de temps ça va prendre. […] Mon état d’esprit ? Je ne peux pas lui pardonner, mais je ne peux pas lui en vouloir car il n’a pas été pris en charge comme il fallait. Il a été abandonné par le système. Nous avons été abandonnés. Il restera toujours notre enfant. Et je pense que, malgré tout, il nous aime. Il aime ses parents. Quand la police l’a emmené, il m’a dit qu’il n’en pouvait plus. Il voulait même que je l’aide à s’habiller… Il reste mon enfant. »

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