Après l’urgence, c’est maintenant l’heure de la reconstruction. À La Verrière, où l’école du Bois de l’Étang a été totalement ravagée par un incendie lors des émeutes urbaines de juin/juillet dernier, et l’école des Noés en partie détruite, la municipalité a décidé de reconstruire un véritable groupe scolaire. L’émotion alors suscitée avait provoqué un formidable élan de solidarité (lire encadré) et permis d’accélérer la mise en route de ce projet de reconstruction.

L’aide du département des Yvelines

Avec l’aide du département des Yvelines, à qui la ville de La Verrière a délégué la maîtrise d’ouvrage, la municipalité travaille donc sur le nouveau groupe scolaire. « Le département des Yvelines a une force de frappe technique considérable par rapport aux petits équipes municipales, forcément plus limitées en compétences techniques que le Département. Ils ont aussi des moyens financiers plus impactants qui nous sont d’une immense aide », souligne Nicolas Dainville (LR), le maire de La Verrière, reconnaissant.

Ce nouveau groupe scolaire regroupera l’école des Noés et l’école du Bois de l’Étang en tenant compte de la prospective scolaire du quartier. Des réunions ont lieu toutes les semaines avec l’équipe du Département, sur la base d’une prospective qui est faite pour que l’école soit dimensionnée aux nouveaux effectifs scolaires liés à l’évolution du quartier. « Nous serions sur 17 classes. Nous avons prévu pour un peu plus d’enfants qu’aujourd’hui pour tenir compte justement de la diversification urbaine, en termes de logement, qui est en œuvre dans les années qui viennent », précise le maire.

Une réflexion, en lien avec l’évolution du quartier et ses futurs aménagements, a également été lancée avec le concours de la Fabrique urbaine, qui est le prestataire de services au niveau de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. L’une des pistes de réflexion porte justement sur la possible création d’un parvis devant l’école pour sécuriser les accès et « pour créer un espace de convivialité qui manque un petit peu aujourd’hui, reconnaît Nicolas Dainville. Nous travaillons également sur des parkings pour les enseignants, parce qu’aujourd’hui cela manque. Nous aurions une trentaine de places réservées pour le personnel de l’Éducation nationale et les enseignants, qui seraient sécurisées dans l’enceinte de l’école. »

« Une école qui soit esthétique »

Dans la lignée de ce qu’il fait lors des réhabilitations ou reconstructions de ses collèges, le Département se veut particulièrement attentif sur les normes environnementales les plus strictes et les plus innovantes. Des matériaux biosourcés, comme le bois, pourraient être particulièrement privilégiés.

« Et puis j’aimerais bien personnellement, d’un point de vue urbain et architectural, une école qui soit esthétique, espère le maire de La Verrière. Je ne veux pas du cubique pur, mais dans une architecture esthétique, rassurante, innovante, pour redonner de l’attractivité à l’école. Le centre de musique baroque de Versailles était partenaire de cette école et cela lui redonnait de l’élan, de l’originalité, de l’excellence atypique qui attirait beaucoup d’élèves. Il faut que l’on retrouve cette capacité à attirer les élèves du village, car dans la carte scolaire nous avons une partie des enfants du village dans cette école, et attirer les enfants du quartier du Bois de l’Étang également évidemment. Nous menons une réflexion sur la dimension d’excellence, d’innovation, soit pour les langues, soit pour les sciences. »

Depuis la rentrée de septembre, l’ERPD accueille les 174 élèves de l’école élémentaire du Bois de l’Étang, détruite pour un incendie dans la nuit du 28 au 29 juin dernier.

La Ville va notamment s’inspirer de ce qui se fait déjà ailleurs et des bonnes pratiques, notamment à Carrières-sous-Poissy et à Chanteloup-les-Vignes, lors de visites d’ores et déjà programmées. « Je suis déjà allé voir une école du Blanc-Mesnil qui est une superbe école et un modèle. C’est le groupe scolaire Chevalier de Saint-Georges, virtuose en musique. C’est un bon exemple de ce que je voudrais mettre en place : une école magnifique au niveau architectural, qui s’inspire de canons de type Jules Ferry, avec un intérieur flambant neuf et ultra-moderne et la dimension musicale qui permet à l’école de rayonner au-delà de la ville », assure Nicolas Dainville.

La Ville va également profiter de l’occasion pour poursuivre le déploiement du numérique scolaire. « Paradoxalement, comme nous n’avons pas beaucoup d’écoles, nous sommes l’une des villes de l’agglomération saint-quentinoise les mieux équipées. Nous avons pu aller plus vite. Nous voulons continuer à équiper nos classes et à former les professeurs avec les TNI. Nous avons distribué les tablettes, nous avons de petits robots. Nous voulons être attractifs », confirme le maire.

25 millions d’euros pour la reconstruction du groupe scolaire

Les premiers échanges avec l’Éducation nationale font semble-t-il ressortir des retours très positifs et la volonté de privilégier des espaces modulables, selon le souhait de l’académie. Pour une enveloppe autour de 25 millions d’euros, le groupe scolaire devrait être reconstruit sur l’emplacement de l’école élémentaire qui a été brûlée. « Nous ne toucherions pas à la maternelle pendant la durée des travaux. Cela pourrait se faire en site occupé. D’autant que le projet doit normalement prendre trois ans, remarque le maire. Nous espérons avoir des financements de l’Anru (Agence nationale du renouvellement urbain) aussi, car cette école était concernée par l’Anru. »

Le cahier des charges techniques est en cours d’élaboration. Les scellés de l’école ont été levés. Tous les diagnostics, notamment amiante, ont été lancés. Il faudra ensuite tout déconstruire, lancer les études, et « consulter les parents d’élèves pour leur présenter les plans et recueillir les attentes. Nous avons déjà eu beaucoup de retours via les réunions Anru. J’espère que nous pourrons lancer les travaux dans un an, un an et demi », conclut Nicolas Dainville.

 


Un formidable élan de solidarité

Après les incendies et les dégâts considérables qui ont ravagé l’école du Bois de l’Étang et l’école de Noés, la municipalité de La Verrière a été obligée de se réorganiser en urgence, et en un temps record pour pouvoir assurer une rentrée scolaire relativement normale pour les enfants. Grâce à l’intervention quasiment immédiate de la région Île-de-France, huit salles de classe ont été aménagées à l’ERPD (École régionale du premier degré) et la municipalité a pu en aménager trois dans l’école maternelle du Bois de l’Étang, restée fort heureusement intacte, pour y accueillir les élèves de l’école des Noés.

« Nous avons eu un élan de solidarité incroyable, notamment avec une cagnotte de 3 000 euros et énormément de dons des villes et des écoles du département. Nous avons des armoires, des tables, des jeux, pour le centre de loisirs qui a aussi été incendié. Du matériel de sport, du matériel de bureau… on a eu une salle remplie de dons que nous sommes encore en train de trier », explique Nicolas Dainville.

Et de poursuivre : « Et puis il y a eu une formidable mobilisation des partenaires. La Région et l’Agglomération nous ont beaucoup aidés pour mettre en place les lignes de bus pour emmener les enfants […] à l’ERPD […]. Ce sont tout de même trois bus, matin, midi et soir avec des allers-retours pour le déjeuner. Cela coûte tout de même 300 000 euros et c’est financé par Île-de-France Mobilités et par moitié par l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. C’est une aide extrêmement précieuse pour éviter tout risque de déperdition scolaire et faciliter la vie des familles malgré l’épreuve. »


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