La pose de la première pierre du Village AgorHa, le 2 octobre à Montigny-le-Bretonneux, en présence de nombreuses personnalités, dont deux ministres, se veut l’avènement d’une nouvelle ère de l’inclusion. Une nouvelle ère pour la Fondation Anne de Gaulle, qui porte le projet, pour l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines et la ville de Montigny-le-Bretonneux qui accueille le village, bien entendu, et surtout pour les personnes en situation de handicap qui pourront bénéficier de la structure dès 2024.

Au cœur de la ville

Installé en cœur de ville, le Village AgorHa symbolise la volonté de la Fondation Anne de Gaulle de faire de l’inclusion une normalité dans la société du xxie siècle. « Ce village restitue l’ambition de nos fondateurs pour l’autodétermination des personnes et l’engagement citoyen. Anne de Gaulle fut le premier acte de résistance de ses parents puisqu’ils ont refusé la prise en charge asilaire, qui était celle des personnes déficientes intellectuelles et ils ont fait le pari de l’accompagnement, a expliqué Jean Vendroux, président de la Fondation Anne de Gaulle, lors de son discours. Ils ont également fait le pari de l’éducation. En 1945, Mme de Gaulle a créé le foyer de Verneuil, à quelques kilomètres d’ici, précisément parce qu’elle voulait donner la chance qu’avait eu sa petite fille à des jeunes femmes déficientes intellectuelles et sans ressources. Avec l’aide du Général, elle a créé une première maison accompagnante. »

La pose de la première pierre du Village AgorHa s’est déroulée le 2 octobre en présence de nombreuses personnalités dont deux ministres.

Et de poursuivre : « 70 ans après, l’enjeu reste de créer des maisons accompagnantes mais, avec le changement d’approche qui est aujourd’hui le nôtre, d’être capable de créer les conditions d’une ville et d’un territoire. C’est vraiment l’esprit qui a fondé notre démarche et, pour réussir ce changement de paradigme, la fondation se transforme à la fois en une structure d’hébergement et d’accompagnement, une structure de recherche et d’enseignement. En effet, pour accompagner quelqu’un, si on ne fait pas monter en compétences toutes les personnes qui l’entourent, tous les acteurs de la société dont nous faisons tous partis, [on continue] à assigner cette personne en situation de handicap dans son foyer et [à] maintenir une forme d’exclusion. Le Village AgorHa est un laboratoire ouvert de la société inclusive sur un territoire qui sera un territoire démonstrateur. »

Unique en France, le site de 7 000 m2 va accueillir 42 places de foyer de vie, 33 places de Foyer d’accueil médicalisé (FAM) et 25 places d’Unité pour personnes handicapées vieillissantes (UPHV). Il sera adossé au premier Living lab réunissant concepteurs et personnes déficientes intellectuelles et leurs accompagnants.

Et ce projet fait une large place à l’innovation. Les 100 places d’hébergement seront décloisonnées et l’accueil de personnes handicapées vieillissantes sera aussi proposé. « Parallèlement, la Fondation Anne de Gaulle développe des solutions d’habitat inclusif pour élargir encore l’offre d’accueil sur le territoire vers les personnes handicapées encore autonomes », précise la fondation sur son site internet.

L’innovation passe également par la création d’un Living lab consacré aux nouvelles technologies et aux solutions innovantes. Le principe est de mener des recherches et des évaluations basées sur la coconception et coconstruction en associant les usagers, les aidants, les professionnels et les industriels. « L’objectif est de tester des nouvelles technologies, mais aussi des pratiques innovantes dans le domaine de la vulnérabilité et de la dépendance. Une telle ambition suppose la mise en place d’un cadre éthique irréprochable et l’implication des familles et des personnels éducatifs et soignants », souligne la fondation.

« Nous allons construire, sur le reste de l’emprise foncière achetée par le Département, le futur bâtiment Campus Recherche. Il sera entièrement dédié à un programme de recherche sur la société inclusive, a indiqué Jean Vendroux. Nous déposons actuellement le permis de construire pour que les personnes accompagnées, les professionnels, les familles, les habitants, tous les acteurs ordinaires du territoire, bien évidemment les entreprises – car c’est une chance énorme de pouvoir s’implanter avec un écosystème qui comprend l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, le maillage économique extrêmement riche de SQY et le plateau de Saclay qui n’est pas très loin avec toutes ses écoles d’ingénieurs – profitent de ce lieu de formation et de recherche où chacun pourra être un acteur d’un territoire 100 % inclusif. »

Le site de 7 000 m2 va accueillir 42 places de foyer de vie, 33 places de Foyer d’accueil médicalisé (FAM) et 25 places d’unité pour personnes handicapées vieillissantes (UPHV), et sera adossé à un Living lab.

Et ce projet a été unanimement salué par les acteurs impliqués dans sa concrétisation. À l’image du maire de Montigny-le-Bretonneux, Lorrain Merckaert (DVD) : « Avec notre préfet, Jean-Jacques Brot, nous nous sommes dit, ça y est. Voilà un peu plus de trois ans, tout cela est né dans votre bureau. Vous m’avez demandé si j’étais d’accord pour accueillir la Fondation Anne de Gaulle. Non seulement j’étais d’accord, mais j’en étais ravi. […] Lorsque l’on voit un projet de ce type aboutir, on se dit que Montigny-le-Bretonneux fait beaucoup pour le handicap depuis longtemps, mais paradoxalement nous n’avions pas de structures d’accueil. En rencontrant Jean Vendroux et ses équipes, j’ai eu le sentiment que la boucle était bouclée. »

À l’image aussi du président de l’Agglomération, Jean-Michel Fourgous (LR), relevant que « ce sont ce genre de beaux moments qui donnent du sens à notre métier d’élu ». « La Fondation Anne de Gaulle est une oasis de sens, de culture et de civilisation, poursuit-il. Je crois que ce qui fait la grandeur d’une société, c’est l’attention qu’elle porte aux plus petits et aux plus fragiles ».

25 millions d’euros dont 87 % financés par le Département

Le conseil départemental des Yvelines est à l’origine d’un financement « totalement hors norme », puisque 87 % des financements de ce projet à 25 millions d’euros seront assurés par le Département, « ce que nous n’avons jamais fait », souligne son président, Pierre Bédier (LR). « Je m’en réjouis. C’est une façon de montrer que, dans les Yvelines, lorsque nous croyons à un projet, nous sommes prêts à changer nos propres règles. C’est ça la bonne gestion publique, c’est accepter de s’adapter à la situation », affirme-t-il.

Le président du département des Yvelines a tout particulièrement salué deux acteurs. D’abord, Jean Vendroux. « Il n’a rien lâché, il n’a pas fait de bruit, mais il a pris des risques et ça mérite un grand coup de chapeau. La Fondation Anne de Gaulle était désuète, comme son bâti, sa conception du siècle passé ne correspondait plus à l’air du temps, les bâtiments dont nous avions la tutelle nous inquiétaient, et Jean a su prendre des risques et imaginer avec ses équipes un projet nouveau. Il a su remettre en cause la gouvernance pour parvenir à ce résultat. » Pierre Bédier a également tenu à féliciter le préfet, Jean-Jacques Brot. « Dans les Yvelines, nous avons un préfet atypique. […] Non seulement il reste dans les Yvelines, mais c’est un préfet qui décide, qui secoue l’État… et je veux dire à Jean-Jacques Brot, sur ce dossier en particulier, que son action a été essentielle », a souligné ensuite le président Bédier.

Après l’intervention de Charles Rodwell, député Renaissance des Yvelines, et de Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des personnes handicapées, il est revenu à la ministre des Solidarités, Aurore Bergé (Renaissance), de conclure la cérémonie : « C’est le premier village 100 % inclusif d’Île-de-France et il est dans les Yvelines. […] Je vous félicite pour cette implantation au cœur de l’urbanisme. […] Repenser notre modèle de société en prenant d’abord soin des plus vulnérables et en assumant d’accueillir mieux les fragilités. C’est un travail collectif qui doit tous nous mobiliser. […] Je crois fondamentalement au modèle de l’habitat inclusif qui permet de créer des espaces de vie qui tiennent réellement compte de la diversité de notre société. »

 

CREDIT PHOTOS: ARCHIVES Architecture Studio

Article modifié le 20 octobre 2023 à 14 h 30: Contrairement à ce qui était indiqué dans un premier temps, le site pourra bénéficier à toutes les personnes porteuses d’un handicap, pas seulement celles porteuses d’un handicap psychique. Par ailleurs, l’accueil de personnes vieillissantes sera proposé, mais pas sur une unité de lieu .