Fin juin, La Gazette de Saint-Quentin-en-Yvelines vous informait que le maire de Villepreux, Jean-Baptiste Hamonic (MoDem), venait d’être missionné par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, en vue de la future loi de programmation énergie-climat. Après deux mois d’intenses ateliers de travail avec son binôme, Pierre Cazeneuve, le député des Hauts-de-Seine, au sein du groupe de travail 4, « Production de chaleur et d’autres énergies bas carbone », il a présenté leurs préconisations à la ministre et à la presse.

« La feuille de route qui était la nôtre partait du constat unanimement partagé que l’on ne peut pas arrêter le nucléaire du jour au lendemain dans ce pays. Cela veut dire continuer avec l’énergie électrique, a expliqué mercredi l’édile de Villepreux. Notre mission était sur tout ce qui n’était pas électrique, et notamment sur les énergies “bas carbone” pour produire de la chaleur. Pour notre groupe, la question était de savoir comment mobiliser ces énergies sachant que la consommation de la chaleur, c’est 40 % des énergies aujourd’hui et 24 % n’est pas renouvelable. »

Focus sur la biomasse

Dans le cadre de la présentation de leurs grands axes, ils ont notamment proposé de renforcer la mobilisation de la biomasse, « mais ce n’est pas une énergie extensible à souhait. Nous préconisons une quantification de cette biomasse. Quels usages peut-elle alimenter, dans quels objectifs précis, à quelle date ? C’est ce que l’on appelle le bouclage biomasse. Nous pouvons soutenir les cultures agricoles qui favorisent sa production (haies, gestion de la forêt, filière bois, etc.). Nous proposons d’entériner une priorisation pour les usages non énergétiques et résidentiels, tels que l’agriculture et le stockage de carbone… En d’autres termes, on souhaite que la biomasse ne soit pas fléchée sur des usages qui pourraient bénéficier d’une autre énergie », a souligné Jean-Baptiste Hamonic lors de sa présentation.

Les deux responsables du groupe 4 ont également préconisé de faire de  l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) « l’agence de coordination et de référence sur la biomasse ». « L’idée est que l’Ademe ait dans ses missions le pilotage de la ressource biomasse », ajoutent-ils.

« Nous préconisons d’accélérer sur toutes les énergies renouvelables et les énergies sans regret (le solaire thermique) ; de mettre en œuvre un plan national de géothermie, ce qui permettra aux collectivités de connaître les solutions possibles pour elles ; la chaleur fatale avec un renforcement réglementaire d’études et de faisabilité, en incitation pour les petites collectivités notamment. Il faudrait promouvoir toutes ces énergies dans France Rénove, l’agence qui informe les collectivités, particuliers, entreprises sur les différents dispositifs liés à la rénovation thermique et énergétique. Ce guichet unique peut diffuser une information plus fluide à l’avenir », poursuit-il.

Enfin, comme il s’agit du nerf de la guerre, le groupe de travail a apporté ses réflexions sur le financement de ses mesures. Il propose notamment « de renforcer le fonds Chaleur, en pilotage de l’Ademe, en visant un milliard d’euros par an d’ici 2025, pour ensuite atteindre 2,4 milliards d’euros d’ici 2030. C’est le montant minimum qu’il conviendrait d’allouer à l’Ademe pour porter concrètement et efficacement l’ambition sur les énergies renouvelables. »

Et de poursuivre : « Nous proposons également de renforcer le fonds de l’économie circulaire et poursuivre le soutien à France 2030 (exploitation forestière) en développant des programmes de soutien aux nouvelles technologies, en biométhane, etc. Concernant le gaz, nous souhaitons accompagner les modes de chauffage des bâtiments vers des solutions bas carbone, ce qui va induire un coût sur les réseaux nationaux, donc il faudra être vigilant sur l’impact sur les ménages et les plus fragiles. La ministre l’a rappelé : « Cette transition énergétique doit être pilotée et programmée par l’État. Elle doit se faire avec les territoires et notamment les collectivités et elle doit se faire dans la justice sociale. Pour les carburants, nous proposons d’adapter une logistique et un stockage compatibles avec les biocarburants. »

L’avenir de ce projet de loi est désormais entre les mains de la ministre qui va porter ces travaux « devant la commission de planification écologique et énergétique. L’idée est de présenter cette loi avant la fin de l’année ou au premier trimestre 2024. Il faut arriver à un consensus pour que cette loi soit adoptée », conclut Jean-Baptiste Hamonic.

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