Tchunga ya ! Soukia ! Viniashtô mi ! Shtakié ! Mais quelle est donc cette langue ? C’est du dogorien. Et les mots précédemment cités sont des titres de morceaux issus de l’œuvre musicale Dogora, d’Étienne Perruchon. Des titres qui seront chantés par 350 enfants d’écoles de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) lors du concert L’opéra des enfants en scène, le 1er juillet prochain au théâtre de SQY. Ces élèves issus de 14 classes d’élémentaire sont actuellement en répétition et La Gazette a assisté à l’une d’entre elles à Villepreux, à l’école Thomas Pesquet, le 21 avril dernier.

« C’est une langue imaginaire, confie Pierre Calmelet, le chef d’orchestre, présent ce jour-là. C’est des sonorités imaginées par le compositeur, et ils (les enfants, Ndlr) aiment bien ça aussi, car parler une langue imaginaire, ça veut dire qu’ils mettent ce qu’ils veulent comme image derrière. » Le chef d’orchestre était ainsi présent les 20 et 21 avril pour une tournée des différentes classes des écoles participantes : outre deux classes de CM1 à l’école Pesquet, il est aussi passé dans les écoles Wallon, Macé, Renoir et Pergaud (Trappes), et à Plaisir, à l’école Brossolette.

Des écoles de Plaisir, Trappes et Villepreux

La présence du chef orchestre est néanmoins rare pendant l’année. Pierre Calmelet vient « de temps à autre » faire « des points d’étape en quelque sorte », glisse-t-il. Les enfants sont accompagnés de manière hebdomadaire par deux intervenantes, dont Alice Decelle, cheffe de chœur, également présente à Villepreux le 21 avril. « Il y a aussi ma sœur, Juliette, qui intervient, et qui va dans l’une des écoles à Trappes, détaille-t-elle. On a chacune nos écoles. »

« On essaie de parcourir un peu la communauté [d’agglomération], poursuit-elle. Cette semaine, le chef d’orchestre est venu avec nous dans les écoles. Le reste du temps, on est, nous, face aux enfants, soit classe par classe, soit en réunissant des classes, mais tout le travail d’apprentissage se fait sans le chef. […] Après, il va y avoir des rendez-vous déjà programmés, des répétitions. On va réunir tous les enfants des écoles, qui seront dirigés par le chef. […] La prochaine fois que les enfants voient Pierre Calmelet, ce sera avec 300 autres [enfants], pour la dernière ligne droite. » Une dernière ligne droite prévue fin juin, avec d’ultimes répétitions à la salle Jean-Baptiste Clément, à Trappes, « où on rassemble tout le monde, et après, c’est le jour J, le 1er juillet, où on aura en plus l’orchestre, tout le monde, les éclairages, les estrades », précise Pierre Calmelet.

Ensuite, place au concert et au passage des enfants sur scène, où ils seront notamment accompagnés par la Maîtrise de Trappes, le Chœur d’adultes de La Pléïade, et l’ensemble orchestral de la Villedieu. Un concert organisé chaque année depuis 20 ans par l’Association pour la musique à Saint-Quentin-en-Yvelines (Apmsq). « C’est vraiment une grande fête, ils sont fiers de représenter ça, leurs parents sont fiers de les voir sur scène, c’est vraiment un très beau spectacle », assure Pierre Calmelet.

Mais avant d’en arriver là, il faut encore travailler. « Il reste six ou sept séances, plus les rassemblements [de fin juin] », fait savoir le chef d’orchestre, qui semble néanmoins très confiant : « Ils sont complètement à fond. Ils connaissent déjà presque toutes les chansons, et maintenant, on affine, on ajoute des éléments scéniques, on les fait jouer un peu sur scène. »

Un temps d’apprentissage assez court pour des élèves qui travaillent sur cet opéra depuis quatre ou cinq mois. « Ici (à l’école Pesquet, Ndlr), j’ai commencé en janvier. Le plus tôt où j’ai commencé, c’est à Trappes, en décembre », indique Alice Decelle, qui semble elle aussi impressionnée par la capacité d’assimilation des enfants. « Ils apprennent très vite, ils chantent très bien, et ils nous surprennent tous les jours. Des notes où on se dit que c’est compliqué, ils les chantent facilement. Il y a évidemment des groupes qui sont plus forts sur certains domaines, d’autres sur d’autres domaines, mais je les trouve fascinants », juge-t-elle, saluant aussi l’investissement des enseignants qui « font un travail incroyable derrière », notamment « dans le temps de classe, en dehors de mes séances, où ils bossent, ils les font chanter ».

« Ils nous surprennent tous les jours »

Du côté des élèves de l’école Pesquet, Juliette et Luna semblent ravies, elles qui n’avaient jamais pratiqué le chant avant. « Je trouve que, quand je chante toute seule, je n’ai pas une jolie voix, alors que quand on chante avec tout le monde, la voix est jolie », estime même cette dernière. « Chanter, apprendre à chanter en rythme avec tout le monde, c’est bien », apprécie Juliette. Pour réserver d’ores et déjà ses places pour le concert du 1er juillet à 19 h 30 (gratuit), rendez-vous sur musique-sqy.org.