Àla rentrée de septembre 2024, quasiment toutes les communes de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines seront concernées par des fermetures de classes dans les écoles. Qu’elles soient maternelles ou élémentaires, les écoles du territoire saint-quentinois sont confrontées au vieillissement de la population et à la baisse régulière des effectifs. Évidemment, toutes les villes ne sont pas logées à la même enseigne, mais toutes doivent cependant faire face à la fois à une crise profonde des remplacements et à une réalité plus que relative concernant les dédoublements de classes.

Chaque année, les communes, le corps enseignant et ses syndicats, ainsi que les parents d’élèves et leurs associations, montent au créneau pour défendre leurs écoles et un enseignement de qualité pour les enfants, dans les meilleures conditions possibles. Aux Clayes-sous-Bois, par exemple, c’est l’incompréhension et l’inquiétude qui dominent face aux annonces de fermetures de classes par l’Éducation nationale.

L’inquiétude monte parmi les équipes enseignantes et chez les parents d’élèves, concernant la fermeture possible de quatre classes dans les écoles élémentaires et maternelles. Une annonce qui intervient quelques mois seulement après les affirmations du Premier ministre sur la priorité accordée au renforcement des moyens dans le premier degré.

« Je suis consterné par ces annonces, témoigne Philippe Guiguen (DVD), le maire des Clayes-sous-Bois. L’éducation est un pilier fondamental de notre société. Chaque enfant a le droit à un enseignement de qualité, adapté à ses besoins. J’adhère aux valeurs et aux propos du Premier ministre, Gabriel Attal, prononcés lors de son entrée au gouvernement. Mais force est de constater le décalage, pour le moins, entre les mesures annoncées et leur mise en œuvre. Encore une fois, les villes intermédiaires sont pénalisées et les répercussions sur nos enfants sont très fortes. C’est la République du deux poids deux mesures. »

La ville des Clayes-sous-Bois avait déjà dû faire face à cette situation l’année dernière, en juin 2023. Elle s’était mobilisée pour dénoncer ces fermetures, aux côtés des équipes enseignantes et de tous les parents. La mairie parlait alors de « décisions arbitraires, unilatérales et tardives (deux jours avant les vacances) de l’Éducation nationale, en dépit de la qualité de l’enseignement et de l’épanouissement des élèves dans des classes trop chargées. Ces fermetures de classes menacent la réussite scolaire, le bien-être et l’épanouissement de nos élèves », déplore Philippe Guiguen.

Les Clayes-sous-Bois fait partie des communes touchées par les fermetures (ici l’école maternelle Langevin, qui perdra une classe).

En revanche, dans un courrier, l’Éducation nationale a annoncé l’abandon du projet de fermeture de classe à l’école maternelle du Chêne sorcier. Une décision plus que normale selon le premier édile des Clayes-sous-Bois. « Je rappelle que le quartier où se situe cet établissement vient d’être classé politique de la Ville par l’État (décembre 2023) donc cela me semble la moindre des choses de ne pas pénaliser cette école. Ces effets de communication et d’annonce ne sont pas constructifs et nuisent aux efforts et aux actions que nous portons quotidiennement. »

Et d’ajouter : « Nous appelons l’Éducation nationale à reconsidérer ces décisions de fermeture de classes et à travailler en étroite collaboration avec la Ville, pour trouver des solutions alternatives qui préservent l’accès à une éducation de qualité pour tous nos élèves. Il est urgent de se mobiliser pour les générations futures ! Je suis totalement solidaire de l’ensemble du corps enseignant et des parents. Mobilisons-nous ensemble contre ces décisions arbitraires et pénalisantes pour les enfants. »

Des fermetures sur tout le territoire

De son côté, le syndicat enseignant FSU-SNuipp estime que, « pour le moment, ces fermetures de classes correspondent à des baisses significatives d’effectifs », explique Bastien Deschamps, co-secrétaire départemental au sein de la FSU-SNuipp. En revanche, le syndicat est particulièrement inquiet sur les répercussions possibles de ces fermetures qui sont « très loin de nos revendications », ajoute-t-il. « Nous demandons, depuis des années, à ce que les enfants soient au maximum 24 par classe, 22 élèves en CP et 20 élèves en éducation prioritaire, rappelle Bastien Deschamps. En moyenne, avec ces fermetures, nous allons nous retrouver une nouvelle fois au-dessus. Nous regrettons que le ministère ne profite pas de la baisse démographique pour améliorer les conditions d’apprentissage et les conditions d’enseignement. »

Autre problème pointé du doigt par le syndicat enseignant, les directives ministérielles qui, en imposant les 24 élèves par classe en CP et CE1 font « exploser les effectifs dans les autres niveaux, cela fait des situations dans les écoles qui sont intenables. On surcharge des classes pour en alléger d’autres, c’est ubuesque, lance Bastien Deschamps. Les conditions d’apprentissage sont terribles et cela crée des différences entre les équipes et cela pourrait créer également des tensions. Alors que jusqu’à présent la souveraineté était au conseil des maitres et ils trouvaient des solutions pour rééquilibrer les choses. »

D’autant que, pour la FSU-Snuipp, la question des remplacements devient particulièrement tendue. « Dans le contexte général, il manque un très grand nombre de remplaçants. Chaque jour, depuis la rentrée, 140 classes n’ont pas d’enseignants devant elles, c’est énorme. Le choc d’attractivité n’est que de la communication, assure Bastien Deschamps. Il manque des enseignants partout dans les Yvelines. Les conditions de travail sont donc très compliquées. »

Et de poursuivre : « En plus, il manque une quinzaine de dispositifs Ulis (Unités localisées d’inclusion scolaire, Ndlr) pour enfants en difficulté. Il manque 150 places en Ulis et il manque 600 places en instituts spécialisés. Quelque 750 enfants porteurs de handicap sont scolarisés dans des classes normales. Il faudrait 10 % des effectifs en remplaçants, comme cela se faisait avant la réforme Darcos. Nous avons une brigade de 600 sur laquelle il manque 140 postes là où il en faudrait 830, sachant qu’il y a 8 300 enseignants dans les Yvelines. Si on répartissait les 600 moyens alloués à l’éducation prioritaire partout, cela permettrait de faire baisser les effectifs dans tous les niveaux. »

Quoi qu’il en soit, la carte scolaire va continuer à évoluer jusqu’au dernier moment et les communes, les associations de parents d’élèves et les syndicats enseignants vont rester particulièrement vigilants. Comme aux Clayes-sous-Bois l’année dernière, ils se mobiliseront probablement si nécessaire pour sauver des classes.


Les fermetures de classes prévues école par école

Élancourt : Écoles maternelles : Bouton d’or (-1 classe), Berceau (-1), Les Lutins (-2, fermeture de l’établissement), Jean de la Fontaine (-1) – Écoles élémentaires : Alain Cavallier (-1), Berceau (-1), La Villedieu (-1)
Guyancourt : École maternelle : Jean Cocteau (-1) – École élémentaire : Malet Isaac (-1)
La Verrière : ERPD (-1)
Les Clayes-sous-Bois : Écoles maternelles : Langevin (-1), Coty (-1) – Écoles élémentaires : Jaurès (-1), Pagnol (-1)
Maurepas : École maternelle : Les Bessières (-3)
Montigny-le-Bretonneux : Écoles élémentaires : Le Village (-1), Les Iris (-1), Satie (-1), Daudet (-1)
Plaisir : Écoles maternelles : Marc Laurent (-2), Daudet (-4), Petit Bontemps (-3, fermeture pour ces trois écoles), La Boissière (-1), Prévert (-1) – Écoles élémentaires : Jules Vallès (-1), Brossolette (-1), Rabelais (-1)
Trappes : Écoles maternelles : Thorez (-1), Mourguet (-1), Stendhal (-1) – École élémentaire : Flaubert (-1), Aragon (-1)
Voisins-le-Bretonneux : Écoles élémentaires : Les Pépinières (-1), Quarante Arpents (-1)


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