Construire des logements tout en maîtrisant l’urbanisation. Pour faire face à la lente érosion de leur population, accueillir de nouvelles familles dans un contexte de tension sur les prix de l’immobilier et offrir un parcours résidentiel à leurs habitants malgré la raréfaction du foncier, les communes disposent d’un outil stratégique : le Plan local d’urbanisme, le fameux PLU. Dans l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, elles sont nombreuses à y avoir recours pour préserver leur cadre de vie, éviter la densification à outrance et dynamiser leur attractivité.

Maîtriser l’urbanisation

Aux Clayes-sous-Bois, le maire, Philippe Guiguen (DVD), et son équipe, ont fait le choix de « re-densifier à minima et de protéger le bourg ancien et les zones pavillonnaires. À cause du gel de nombreux programmes depuis près de quatre ans, nous avons perdu près de 700 habitants aux Clayes-sous-Bois. Il est urgent de reconstruire à minima. » D’autant que, comme le poursuit l’édile, « nous sommes contraints du point de vue foncier. Notre ambition est de rester à 18 000 habitants tout en conservant l’esprit village avec toutes les commodités. Mais, il faut un minimum de population pour faire fonctionner les écoles, les commerces de centre-ville, les équipements, etc. »

Alors, le premier signe de ces nouvelles dispositions s’observera dans le secteur dit du Gros Caillou. « C’est un sujet qui date de quelques années. Nous avions une bande devant l’entreprise Atos, classée en zone économique. Or, elle se prêtait à avoir une urbanisation. Au niveau de l’équipe, nous l’avons souhaitée peu dense. C’est pour cela que, sur ce projet d’éco-quartier nous avons une emprise au sol de seulement 40 % au lieu des 60 % possibles », souligne Philippe Guiguen.

Résultat, la municipalité a négocié avec le promoteur, ADI Promotion, que les 40 % soient occupés par 150 logements de faible hauteur (R+2 plus attique) pour s’intégrer au mieux au tissu pavillonnaire environnant, et que l’architecture soit de qualité tout en intégrant 30 % de locatif social. « Nous n’étions pas propriétaire des terrains, précise le maire. Les propriétaires ont vendu à un prix qui faisait que l’on ne pouvait pas faire que du pavillon. On a réussi à négocier avec le promoteur une faible emprise au sol et une faible hauteur, avec une architecture finale de qualité », affirme le maire, Philippe Guiguen.

ADI Promotion, promoteur local déjà engagé sur des réalisations dans la ville (photo), va construire le futur programme immobilier du Gros Caillou.

Et de poursuivre : « Outre l’intérêt qualitatif et paysager du Gros Caillou, nous avons une demande importante sur la ville de logements en plus du social. Cela pourra être une source de logements pour les jeunes ingénieurs ou de salariés d’Atos, qui a créé le nouveau bâtiment Diane. Par ailleurs, ils ont posé un permis de construire pour créer un autre bâtiment en face de ce futur programme. Il va y avoir un réaménagement complet de la rue face à ce programme. Ce quartier va être totalement revu.»

« Promouvoir les mobilités douces dans le quartier »

Au final, la rue du Gros Caillou va être entièrement requalifiée par la commune qui va reprendre les chaussées, les accotements, les stationnements, les différents réseaux (éclairage, assainissement, télécommunication…) mais également la création d’une « noue » (fossé pour les eaux pluviales) « essentiellement paysagère, ce qui va faire bien sur le cadre de l’ensemble de l’opération. Mais, nous y avons perdu beaucoup de temps », regrette l’édile. Il précise également que « si une zone pavillonnaire se trouve à l’une des extrémités du terrain, nous avons souhaité qu’il y ait un ou deux passages transversaux piétons mais pas de passage voitures. Cela permettra de préserver le calme des pavillons et de promouvoir les mobilités douces dans le quartier. »

Plusieurs programmes immobiliers en cours

Le permis est actuellement encore en instruction. Cependant, le promoteur ADI Promotion n’est pas un inconnu pour la ville. C’est même le régional de l’étape. « Ce promoteur est particulièrement réputé pour faire du qualitatif, lance le maire. Un de ses programmes est d’ailleurs actuellement en cours de commercialisation », rappelle le maire.

Et effectivement, d’autres programmes immobiliers sont en cours de livraison ou de commercialisation aux Clayes-sous-Bois. D’ici quelques années, ce sont quelque 350 logements qui doivent être mis sur le marché. Car, bien entendu, à lui seul, l’écoquartier du Gros Caillou ne comblera pas le déficit de création de logements enregistré ces dernières années.

Ainsi, la commune va bientôt réceptionner les 70 logements du programme porté par le promoteur Kaufmann. ADI Promotion va livrer les 30 logements du côté de la place du marché. « Ce programme est magnifique, souffle Philippe Guiguen. Toute la population le regarde. Nous ne sommes donc pas inquiets pour l’écoquartier du Gros Caillou. » Le promoteur Franco Suisse doit construire de son côté une centaine de logements, et enfin, le programme Alila a été lancé, mais le maire assure qu’il ne sait pas « quand il sera livré. C’est un programme que nous n’avions pas validé. C’est ce que nous voulons éviter dans le prochain PLU : qu’il y ait des zones au niveau des pavillons où l’on puisse construire des petits collectifs. »

C’est donc tout l’intérêt de cette révision du plan local d’urbanisme qui, selon Philippe Guiguen, permettra de « faire des compléments d’immeubles en centre-ville. Là, je demanderai du Bail réel solidaire* (BRS). C’est d’autant plus intéressant quand le foncier est plus cher. En centre-ville, les prix sont identiques à Voisins-le-Bretonneux. Nous avons vraiment tout en centre-ville aux Clayes-sous-Bois et les habitants ne veulent pas partir. » Car sur l’opération ADI Promotion du Gros Caillou, le BRS n’était pas possible à mettre en place. En revanche, la municipalité compte bien sur l’opération démolition-reconstruction de deux tours dans le quartier de L’Avre, pour proposer un des immeubles en bail réel solidaire. « L’autre immeuble sera en locatif social, précise Philippe Guiguen. Il va manquer malgré tout 30 à 35 logements sociaux. Ce sont ces logements de Logirep qui seront fléchés sur le quartier du Gros Caillou. Les deux zones sont très proches. »

Atteindre les 25 % de logements sociaux

Pour faire bonne mesure, le projet de la résidence seniors va normalement bientôt être lancé. Il s’agira d’une résidence pour personnes âgées autonomes avec un peu moins de 110 logements et pour laquelle la municipalité a demandé à avoir 20 % à caractère social. Pour la prochaine étape, « je souhaite que la Ville soit prioritaire sur les attributions pour nos anciens. Ils ont détruit les anciens bâtiments (résidence de l’Avre, Ndlr), mais ils ont pris quelques retards avec le Covid et les augmentations de taux avec une livraison en 2025 si tout va bien », souligne le maire.

Avec toutes ces réalisations, la ville des Clayes-sous-Bois pourra espérer dépasser les 25 % prévus dans la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) – elle en compte actuellement 24,2 % et ainsi ne plus avoir à payer de pénalités tous les ans. Par ailleurs, la Ville pourra également compter sur une rentrée supplémentaire de taxe foncière grâce à l’élargissement de l’assiette (le nombre de payeurs) et ainsi conforter ses finances. « Aujourd’hui, la seule source de financement des communes, c’est la taxe foncière », conclut Philippe Guiguen.

* Le Bail réel solidaire (BRS) est un nouveau dispositif qui permet de dissocier le foncier du bâti pour faire baisser le prix des logements.

CREDIT PHOTO 2 : adipromotion