L’histoire des retraites en France remonte au xviie siècle. Mais, depuis une cinquantaine d’années, les réformes successives des retraites enflamment le débat public. Le 10 janvier, la Première ministre, Élisabeth Borne, a présenté le projet de réforme des retraites qui prévoit notamment le recul de l’âge légal du départ à la retraite à 64 ans contre 62 ans actuellement. Depuis cette annonce, la colère ne faiblit pas et les mobilisations se multiplient à l’instar des différentes manifestations organisées dans les Yvelines. Une nouvelle manifestation aux flambeaux organisée par la CGT avait lieu le vendredi 10 février
à Trappes, le troisième vendredi de suite depuis le début des mobilisations. Encadré par la police municipale, l’événement s’est déroulé sans accroc. Conjointement, deux autres étaient organisés en même temps à Rambouillet et aux Mureaux.

« Nous partons de la gare pour aller jusqu’à la place des Merisiers », explique Nicolas Chamot, secrétaire général de l’UD CGT des Yvelines, rencontré avant le départ du cortège, et qui a estimé le nombre de manifestants à 200 personnes. « Tout ce que nous demandons, c’est l’abandon total de ce projet de retraites. La retraite à 60 ans, voilà ce que nous voulons. 64 ans c’est inenvisageable », poursuit-il.

Les manifestants ont allumé symboliquement leurs flambeaux pour se faire voir et entendre, une heure avant un meeting du député William Martinet.

Et pour se faire voir et entendre, les manifestants précédaient un camion où un haut-parleur était installé. Le cortège s’est déplacé au rythme des slogans scandés. « Argent pour les retraites, argent pour les salaires, pas pour les actionnaires et jamais pour la guerre », était par exemple chanté devant des passants parfois interloqués, parfois amusés. Au sein de ce cortège intergénérationnel, où des parents accompagnés par leurs enfants côtoyaient des retraités, toutes les catégories socioprofessionnelles étaient représentées. Prochain rendez-vous donné par la CGT 78, le mercredi 15 février. « Rendez-vous pour un rassemblement, à 10 h 30, devant la permanence parlementaire d’Aurore Bergé à Rambouillet », précise la page Facebook de l’union départementale de la CGT 78.

Trappes, visiblement cœur battant, à SQY, de la mobilisation contre la réforme des retraites, puisqu’une heure après cette manifestation aux flambeaux, le député local, William Martinet (Nupes), élu dans la 11e circonscription des Yvelines, tenait un meeting dans la commune, salle Jean-Baptiste Clément, en présence selon lui de 300 personnes, avec comme thème l’opposition à cette réforme. Pendant plus d’une heure, ce sont d’abord des représentants syndicaux ou d’autres personnalités politiques de son bord qui ont pris la parole. Puis William Martinet s’est exprimé au micro. Le parlementaire a d’abord pointé du doigt l’attitude de la majorité présidentielle lors des débats sur la réforme des retraites à l’Assemblée. « Être face aux macronistes, c’est faire face à l’arrogance, au mépris social, à l’agressivité », a-t-il déclaré, évoquant l’exclusion pour 15 jours du député Nupes de Seine-Saint-Denis Thomas Portes, pour avoir publié sur Twitter une photo de lui le pied sur un ballon sur lequel était représentée la tête du ministre du Travail, Olivier Dussopt. Pour William Martinet, cette exclusion a été organisée par « les macronistes » pour « essayer d’intimider les députés Nupes qui mènent l’opposition à cette réforme des retraites ».

L’adversaire était clairement ciblé par le député : « la macronie » et « cette réforme qui va nous voler deux ans de notre vie ». Face à cela, William Martinet en appelle à la solidarité « entre camarades de la Nupes, avec les syndicalistes, solidarité du peuple français ». Selon lui, « le résultat de cette bataille va déterminer le sens de l’histoire dans les années qui viennent ». « Si nous perdons, les choses seront compliquées […]. Si nous gagnons, c’est une inversion du rapport de force absolument exceptionnelle qui nous permettra d’engager des luttes en positif et de réussir à obtenir de nouveaux droits », poursuit-il, se disant « optimiste ».

William Martinet a aussi défendu un projet de retraite à 60 ans. « Si on fait financer les cotisations par les grands groupes, si on arrête les exonérations de cotisations, on peut trouver les moyens », affirme-t-il. Le député – qui annonce dans un tract tenir le 18 février, de 14 h à 17 h, à la Maison des familles à Trappes, une permanence permettant « de simuler les conséquences de la réforme sur votre future pension de retraite » –, a rappelé lors de son meeting les prochaines dates de mobilisation : 16 février et 7 mars. « Ce sont non seulement les dates qui ont été annoncées par l’intersyndicale, les journées de mobilisations et de grèves, mais c’est aussi le compte à rebours avant la défaite du macronisme », a-t-il assuré, concluant sa prise de parole par ces trois mots : « On va gagner. »