Si tout le monde à Guyancourt s’accorde à dire qu’il est nécessaire que les musulmans aient un lieu de culte digne de ce nom et adapté à la ville, la question de son emplacement, tel que prévu actuellement, elle, fait débat. Et la présentation du projet de centre cultuel et culturel, porté par l’Union des musulmans de Guyancourt, en réunion publique organisée par la mairie en mai dernier, n’a visiblement pas levé l’inquiétude des riverains.

Car, si comme le souligne la municipalité dans la réponse qu’elle apporte à La Gazette de SQY, « aucun permis de construire n’a été déposé et l’association qui porte le projet de mosquée, l’UMG, continue de travailler avec son architecte », le site lui, semble bel et bien avoir été retenu et se situe en partie sur des terres agricoles.

Et c’est bien la principale inquiétude portée par l’Association guyancourtoise des Garandes et de la Mare Jarry (A2GMJ), créée en 2022 « en vue de défendre les habitants de ces quartiers, dans le cadre du projet démesuré de construction d’un lieu de culte pouvant accueillir 1 500 personnes, sur un site naturel, en lisière des terrains de la Minière, et plus précisément sur l’ancien terrain de Rugby (rue du Moulin Renard) », expliquent des membres de l’association. Et de poursuivre : « Ce site devait être provisoire et nous pensons qu’il est inadapté pour un tel projet. Tout cela manque vraiment de concertation. »

De son côté, la municipalité assure que « le maire a en effet rencontré longuement les membres du bureau de l’association A2GMJ. Devant un tel projet, il n’est pas surprenant, hélas, que des oppositions s’expriment. Le phénomène du ‘‘d’accord, mais pas à côté de chez moi’’ est très courant et l’UMG sait qu’elle devra faire face à des recours. Elle s’y prépare. » Et de préciser : « La Ville, quant à elle, reste déterminée à faire en sorte que les musulmans guyancourtois puissent avoir un lieu de culte adapté dans notre commune, comme l’ont les catholiques et bientôt les protestants évangéliques. Il s’agit de répondre à un vrai besoin. »

Dans l’opposition municipale, le groupe Ensemble, agissons pour Guyancourt, assure être « favorable à la création d’une salle de prière digne de ce nom. Nous l’avons d’ailleurs exprimé à l’UMG lorsque nous l’avons rencontrée durant la campagne électorale. Or, nous regrettons de ne pas être plus associés par la municipalité et le manque de concertation. D’autant que cela aurait peut-être permis de discuter d’autres emplacements possibles, comme par exemple à côté du Pavillon Waldeck-Rousseau. »

Pour sa part, l’Union des musulmans de Guyancourt se dit tout à fait prête à discuter du projet avec tout le monde, bien au contraire. « Nous savons qu’il y a beaucoup d’informations qui circulent sur le projet, mais elles ne sont pas bonnes. Ce sont des fake news. »

Rencontrés le week-end dernier dans les locaux de la salle de prière, des préfabriqués, les membres de l’UMG assurent vouloir « trouver la meilleure solution possible pour tout le monde. Nous sommes bien conscients que la salle de prière actuelle engendre quelques nuisances de temps à autre. Nous pensons qu’un travail pourrait être entrepris entre les services de la ville, l’UMG et les riverains pour trouver des solutions qui arrangeront tout le monde et limiteront les désagréments. Dans le projet que nous portons, nous serions un peu plus loin, des places de parkings vont être créées, ainsi qu’un parc qui pourra être utilisé par tous les Guyancourtois ». Et de revenir sur la taille du projet : « La salle de prière et la mezzanine feront respectivement 450 m2 et 150 m2, ce qui représente 700 à 800 fidèles grand maximum. Nous sommes loin des 1 500 annoncés ici et là. Les bâtiments n’occuperont que 1 000 des 2 000 m2 du terrain. Le projet est adapté aux musulmans de Guyancourt, pas plus. »

Un peu à l’écart du centre-ville, plus loin des habitations, pas trop loin des axes de circulation « pour faciliter notamment l’accès à vélo, à pied ou en trottinettes », la proximité avec le centre sportif des 3 Mousquetaires permettra de mutualiser les parkings, le cas échéant. « Quoi qu’il en soit, les grands événements se dérouleront toujours au Pavillon Waldeck-Rousseau. Mais nous savons, pour l’avoir constaté dans d’autres villes, que mettre une salle de prière en centre-ville crée plus de nuisances », précise l’UMG.

Le projet comportera également une salle d’ablution, une salle d’accueil, une cuisine et un foyer pour « accueillir les Guyancourtois qui voudront voir la mosquée et partager un moment avec nous », conclut l’UMG. Pour avancer sur le dossier, l’architecte devrait remettre une première copie dans les semaines à venir. De quoi relancer, si possible, les discussions entre les uns et les autres.

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