Dire que la ville de La Verrière est en pleine transformation est un euphémisme. Le futur aménagement de la ZAC (Zone d’aménagement concerté) Gare-Bécannes est un projet vieux comme le monde. Le 24 novembre, une réunion publique était organisée à ce sujet au Scarabée. Présidée par le maire, Nicolas Dainville (LR), elle a réuni une soixantaine de personnes qui découvraient pour la première fois l’envergure du futur écoquartier.

« C’est un projet en réflexion dans les tiroirs depuis une quarantaine d’années. Il entre enfin dans une phase opérationnelle. C’est une espèce d’alignement des planètes qui nous est favorable pour pouvoir avancer concrètement car nos partenaires (MGEN, l’agglo de SQY, le Département…) nous suivent », s’est réjoui l’édile.

Deux projets du siècle à La Verrière

« Nous avons deux projets du siècle à La Verrière qui sont assez liés, l’un ne peut pas aller sans l’autre. Le projet du Bois de l’Étang, qui est l’entrée de ville, qui mérite d’être travaillé, avec près de 80 millions d’euros qui vont être investis, du jamais vu pour une ville comme la nôtre. Par exemple, sur le mandat, notre budget en termes d’investissement, c’est quatre millions d’euros. Et le deuxième projet du siècle, c’est ce fameux écoquartier Gare-Bécannes », a poursuivi l’élu.

La ZAC Gare-Bécannes est un des deux projets du siècle car il va permettre d’obtenir un cœur de ville sur l’espace Denis Forestier (7 hectares en plein centre-ville) où les terrains de la MGEN ont été vidés « puisque la MGEN a déplacé la gériatrie sur l’hôpital tout autour du château. Ils ont investi près de 100 millions d’euros pour réaménager leur offre d’accueil », explique le maire. Ce cœur de ville sera un point névralgique de la commune, car il permettra de lier tous les quartiers, qui aujourd’hui manquent de relation et de cohésion entre eux. Il permettra d’être plus attractif pour attirer de nouveaux habitants, ce qui amènera intrinsèquement de nouveaux services et de nouveaux commerces.

Le nouvel écoquartier Gare-Bécannes permettra de retrouver « l’esprit village dans un univers urbain ».

Actuellement, les visiteurs de passage dans la commune peuvent déjà apercevoir la mutation de la gare. « La Ville, le Département et la Région se sont alliés pour développer une belle gare, car c’est le premier endroit que l’on découvre, et c’est le dernier endroit dont on se souvient dans une ville », précise Patrick Chavannes, architecte urbaniste chargé du projet Gare-Bécannes.

Un grand parking de 950 places est en cours de construction devant la gare. Il sera auto-alimenté par des panneaux solaires. Prenant la parole lors de la réunion, Jean-Yves Blee (DVG), conseiller municipal de l’opposition, a expliqué « être horrifié visuellement par le parking aérien qui est en train de se construire ». Ce à quoi l’édile a répondu que « le parking côté nord est relativement beau. En revanche, il est vrai que côté sud c’est assez laid. Nous pourrons en rediscuter lors des balades urbaines et des différents ateliers organisés sur ce sujet. »

L’idée du projet global est de concevoir un véritable quartier mixte aux ambiances variées avec notamment un cœur de ville (dans l’axe du château) offrant de nouveaux commerces, services et équipements : autour du cœur de ville prendront place un ou deux nouveaux groupes scolaires et un centre de loisirs. « Tout cela s’organisera autour d’une place centrale, et sera directement connecté à la gare afin d’impulser une nouvelle dynamique urbaine tout en conservant un esprit village revisité », continue Patrick Chavannes.

20 à 25 nouveaux commerces devraient rejoindre ceux du quartier de la Rotonde. Les commerces seront installés autour de ce cœur de ville sur la place centrale. « Mais pas uniquement. Une maison de santé pour laquelle nous sommes mobilisés verra également le jour dans ce centre-ville, car nous n’avons aucun médecin depuis pas mal d’années », complète le maire. Cet équipement, en plus d’autres, sera disponible pour tous les nouveaux habitants mais aussi et surtout pour ceux du Bois de l’Étang, du Village ou d’Orly Parc. Dans le quartier de l’Agiot, le développement de nouveaux bureaux sera synonyme de nouveaux emplois pour les Verriérois(es).

« En termes d’urbanisme, il faut retrouver cet esprit village, que l’on soit dans un centre-bourg avec l’ambiance des bourgs d’autrefois comprenant une architecture classique, traditionnelle, douce, avec les fameux volets que l’on retrouve dans les villages ou encore la place de l’eau avec des fontaines provençales, comme à La Clef de Saint-Pierre [à Élancourt] », poursuit l’édile.

Des invariants ont été imposés par Nicolas Dainville pour cet ambitieux projet. L’axe du château de La Verrière, édifice qui date du XVIe siècle et dont l’histoire « est extraordinaire », ainsi que la grande coulée verte avec ses jardins à la française dessinés par André Le Nôtre doivent être préservés et respectés. Une autre exigence à respecter est l’architecture d’Orly Parc, où les bâtiments existants ne sont pas verticaux mais horizontaux. « Les futures constructions qui prendront place dans ces environs doivent respecter cette hauteur pour améliorer la cohésion de l’ensemble. »

Le dessein de la ZAC Gare-Bécannes est de transformer complètement la ville de La Verrière avec notamment la construction de 1 500 logements. Un chiffre qui peut sembler élevé « mais en réalité, il permet d’obtenir un équilibre pour pouvoir bénéficier de nouveaux équipements publics ». Par ailleurs, 404 logements seront rénovés. « C’est très important de faire avec ce qui existe déjà », a appuyé Patrick Chavannes.

« Nous nous sommes beaucoup battus pour diminuer le nombre de logements. Les premières études chiffraient plutôt le nombre autour de 1 800 logements, voire plus. Nous avons trouvé un équilibre autour de 1 500 nouveaux logements sur un horizon de 15 ans. La première phase de construction sera le cœur de ville et ensuite d’autres phases arriveront en lisière des Bécannes. Nous avons obtenu une baisse de près de 30 % par rapport au nombre de logements initial. Il y aura des logements individuels, intermédiaires et collectifs », précise Nicolas Dainville. Ces logements intégreront l’agriculture urbaine à différentes strates (ferme en plein champ, jardins familiaux, agriculture interstitielle ou jardins potagers à l’îlot) en privilégiant les circuits courts.

« Un univers urbain fidèle à l’esprit village »

Les logements collectifs seront plutôt implantés en centre-ville. Un centre-ville qui « ne sera pas un quartier ultra contemporain, mais plutôt un centre-ville à l’image de ce qui existe au Plessis-Robinson, que nous avons pu visiter et que nous avons beaucoup apprécié », illustre l’élu.

Quant à la taille des futures constructions, la hauteur des logements sera en R+3, R+4 maximum. « Nous sommes toujours en dessous du velum du PLU (Plan local d’urbanisme) qui autorise des constructions en R+6. L’idée, c’est de créer un véritable village contemporain », complète l’architecte.

La biodiversité sera au cœur du projet. Sur le site Denis Forestier, les spécimens d’arbres remarquables seront préservés. « Ils sont là donc on les respecte », justifie l’architecte.
« La démarche écologique se construit par une gestion de l’eau et les aménagements vont valoriser cette eau, pour la végétation, pour les arbres, pour ce que l’on va planter, pour toute une série d’aménagements privés et publics. Plus de 1 500 arbres vont être plantés et on se servira de l’eau récoltée pour les entretenir. Ils [les arbres] formeront un véritable corridor écologique naturel sud-est. »

« À La Verrière, vous êtes une des seules villes dans le département qui a encore de l’agriculture et qui fonctionne bien. On va la réutiliser pour développer des circuits courts avec les jardins privés, les jardins partagés… Le futur village en centre-ville fonctionnera comme à l’ancienne, mais de façon moderne. Par exemple, sur la future grande place du marché, les produits locaux seront là. On n’aura plus besoin d’aller faire ses courses dans les grands centres », s’est félicité Patrick Chavannes.

Autre édifice faisant partie du projet global évoqué : le pont de la Villedieu « qui va être doublé en 2025. Des aménagements seront faits, comme la création d’une piste cyclable ainsi qu’un aménagement pour les piétons. Le carrefour des Libertés va également être refait en 2025 pour améliorer la fluidité vers la zone industrielle », explique le maire, toujours dans un souci d’améliorer les entrées de ville « qui ne doivent pas être oubliées ».

Prochain rendez-vous pour les habitants : une balade urbaine organisée en janvier prochain, « un samedi matin pour qu’un maximum de gens puissent y participer », annonce l’édile. En février, mars et avril se dérouleront des ateliers pour associer un peu plus les habitants au projet.

Enfin, sur le calendrier prévisionnel des travaux, le pôle gare devrait être terminé début 2023. De nouvelles études et procédures réglementaires seront également menées en 2023. En 2024-2025 viendra le tour du choix des promoteurs et des concours d’architectes. 2025 sera l’année des permis de construire et des ventes. Les travaux du cœur de ville débuteront eux en 2026. Enfin, il faudra attendre 2028 pour la livraison des premiers lots et du groupe scolaire.

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