L’Esprit d’antan, unique boulangerie du centre commercial Mon Grand Plaisir, à Plaisir, a définitivement fermé ses portes le 19 octobre dernier, avait alors révélé Le Parisien. Et ce pour cause d’infiltrations d’eau dues « au bâti du centre commercial », selon le gérant de l’enseigne, Yanis Lopez, joint par La Gazette.
« Je suis arrivé dans cette structure il y a quasiment deux ans (à l’ouverture du centre, Ndlr). Il y avait déjà des fuites, raconte ce gérant de quatre boulangeries au total (deux à Plaisir et deux à Saint-Cyr-l’École), qui s’est alors tourné vers la Compagnie de Phalsbourg, propriétaire et exploitant de Mon Grand Plaisir. J’ai un peu discuté avec le groupe Phalsbourg pour trouver une solution […]. Ils m’ont répondu qu’il n’y avait aucun problème dans la structure. […] On est arrivés à la période de l’année dernière, fin août-début septembre, il y a eu une grosse pluie. […] Il y a eu des fuites de partout, c’était monstrueux, ça rentrait à travers les murs, ça passait à travers les fenêtres, c’était une piscine. »
Et de poursuivre : « Donc j’ai contacté le dirigeant de l’entreprise [Philippe] Journo (président de la Compagnie de Phalsbourg, Ndlr). Il m’a renvoyé vers ses salariés, qui étaient au courant mais ne voulaient pas accepter le fait. Vu qu’ils ont joué les sourds, qu’ils n’ont rien voulu savoir, j’ai commencé à entamer une procédure judiciaire envers [la Compagnie de Phalsbourg]. Au fur et à mesure du temps, les murs étaient dégradés, et la cellule n’était plus viable. Malheureusement, je peux contacter mon assurance tous les jours, mais s’ils ne trouvent pas la cause de la fuite, l’assurance va me dire ‘‘On ne va pas venir réparer pour réparer’’. »
Il affirme également avoir fait venir un expert, qui aurait estimé qu’il ne pouvait plus poursuivre son activité dans ces conditions. « Les murs étaient pourris à l’intérieur, et j’ai pris la décision de fermer la structure pour éviter que qui que ce soit tombe malade à cause des moisissures ou autre », justifie Yanis Lopez. Un passage devant le tribunal doit avoir lieu le 3 novembre. Le gérant estime qu’il y a « 350 000 à 400 000 euros de travaux » pour tout réparer. « Je suis un peu perdu, car le groupe Phalsbourg […] n’a rien voulu entendre. Pour eux, il n’y a rien du tout, confie-t-il. Je suis un petit gérant de boulangeries de 25 ans contre des milliardaires, donc c’est un peu compliqué. »
Du côté de la Compagnie de Phalsbourg, la version est tout autre. « C’est une histoire un peu décevante. C’est un indépendant qu’on a voulu accompagner dès le début. Tout ce qu’il dit est faux », réagit Aurélia Duroyon, directrice développement et restauration au sein de la Compagnie de Phalsbourg, contactée par La Gazette. Si elle reconnaît que des fuites ont bien été détectées à l’ouverture du centre commercial après le lancement d’une campagne de recherche de fuites par le propriétaire du centre, elle assure que celles-ci « ont été identifiées et tout de suite réparées ».
Elle précise également que c’est la Compagnie de Phalsbourg qui a demandé une expertise et lancé une procédure, car le gérant de la boulangerie « nous doit pas mal de loyers », selon elle. « On a, au tout début, réglé les problèmes qui devaient l’être. On lui a toujours demandé les conformités de ses travaux à lui, qu’ils ne nous a jamais données. Donc on veut vérifier en demandant cette expertise judiciaire », résume la directrice du développement, estimant que les problèmes d’infiltrations dans la boulangerie « sont liés à ses travaux d’aménagement et à son propre entretien ». « L’expertise judiciaire permettra de démontrer s’il y a des soucis chez nous, et au contraire, on n’est pas là pour ne pas résoudre des problèmes s’il y en avait chez nous. Ce n’est pas dans notre intérêt de laisser un centre tout neuf s’infiltrer en eau », conclut-elle.