Espérée pour début décembre, l’ouverture de la passerelle qui permet de relier la galerie d’Auchan à Mon grand plaisir, au-dessus de la RD11, n’est toujours pas effective. Pourtant, la semaine dernière, la commission de sécurité a rendu son tant attendu avis favorable pour son ouverture. Sauf que le passage est maintenu fermé en raison d’un désaccord financier entre la Compagnie de Phalsbourg et les propriétaires de la passerelle.

Pour rappel, le propriétaire de la passerelle n’est ni celui de Mon grand Plaisir (La Compagnie de Phalsbourg), ni celui de la galerie d’Auchan (Ceetrus), mais un groupement de propriétaires, qui loue les boutiques. Ce dernier devait mettre la passerelle aux normes depuis plusieurs années. Après un avis défavorable début octobre, la commission de sécurité a donné son aval la semaine dernière pour la réouverture du passage, suite aux travaux qui y ont été réalisés entre temps.

Les gérants des boutiques de la passerelle s’attendaient donc à fêter l’ouverture de l’accès, mais ont rapidement déchanté. Suite à l’avis de la commission de sécurité, la Compagnie de Phalsbourg a bien fait démolir l’ancien mur, mais laisse fermées les portes vitrées qui le remplacent, bloquant ainsi le passage entre les deux centres commerciaux. Un nouveau coup dur.

« Ça fait trois ans qu’on vit dans cette situation, et quand on a eu la position favorable de la commission de sécurité, on a tous applaudi. Ça a été un soulagement de se dire qu’on n’était plus le problème, nous explique, amère, Anne Chassang, gérante de la boutique Thé Ô Café, rencontrée le 2 décembre avec d’autres commerçants de la passerelle. On vient de vivre deux confinements, on espère travailler pour les fêtes comme on peut, tout a été fait au niveau de notre direction pour que les travaux soient finis et qu’on puisse avoir ce passage… et au final, avec un mur vitré, on est toujours bloqués. »

« On est contents du propriétaire qui a tout fait pour être aux normes, c’est de l’autre coté que ça bloque maintenant », abonde un autre commerçant, pointant du doigt la Compagnie de Phalsbourg. D’autant que, depuis la fermeture du passage il y a quelques années, ces boutiques ne bénéficient plus du flux de passants qui l’empruntaient pour se rendre en gare de Plaisir-Les Clayes. « La plupart ont perdu presque 50 % de leur chiffre d’affaires, estime Anne Chassang. Il y a quand même des commerces qui sont tombés en dépôt de bilan… Il reste dix magasins. » Ces derniers évoquent par ailleurs tous les difficultés des habitants.

Les riverains ne peuvent en effet toujours pas emprunter la passerelle pour aller à la gare, et continuent donc de faire un important détour pour s’y rendre. Un Plaisirois, croisé sur place le 2 décembre, ne cache pas sa colère. « La passerelle n’est pas que pour accéder aux boutiques, elle est aussi pour prendre le train. Ça devient problématique, tranche-t-il. Moi, j’attends que ça que ça ouvre, tout le quartier, on n’attend que ça. Ils (la Compagnie de phalsbourg, Ndlr) ne pensent pas du tout au quartier et aux gens ! »

De son côté, la Compagnie de Phalsbourg, tout en entendant les difficultés des riverains et des commerçants, met en cause les propriétaires de la passerelle. « Depuis 2016, cette passerelle n’est pas aux normes, donc si elle est restée ouverte jusqu’à aujourd’hui, c’est juste parce que nous avons fait, nous pour eux, les démarches auprès de la mairie et de la préfecture. C’est grâce à la mairie, à Auchan, et à nous, que cette passerelle est restée ouverte […], assure la Compagnie de Phalsbourg. Et donc, on a réalisé beaucoup de travaux pour eux, dont certains ont été réalisés pour compenser leur inaction parce qu’il fallait bien essayer de trouver des solutions. Avec l’engagement de leur part de nous payer les travaux. »

Si la situation s’est débloquée au niveau sécuritaire avec l’aval de la commission de sécurité, « pour autant, en parallèle, rien ne nous a jamais été payé », poursuit la Compagnie de Phalsbourg, évoquant un montant « d’un peu plus de 280 000 euros » et estimant avoir fait « ce qu’il fallait pour les accompagner et les aider » : « Aujourd’hui, nous, on attend un engagement écrit de leur part, pour le paiement de ces sommes dues. » Condition posée pour que les portes vitrées soient ouvertes.

« Je peux comprendre que pour les clients et les riverains, ce ne soit pas un sujet, par contre il faut qu’ils comprennent, et je pense que s’ils avaient une dette à six chiffres, ils réagiraient comme nous », estime la Compagnie de Phalsbourg. Sauf que cette dernière et les propriétaires de la passerelle ne seraient pas d’accord sur les montants engagés.

Plusieurs commerçants avancent ainsi que « ça fait deux mois que [leur] direction a fait une demande de rectification des factures [et] essaye de trouver un accord avec [la Compagnie de Phalsbourg] »… qui assure de son côté avoir fourni toutes les attestations « permettant de justifier toutes ces sommes ». Riverains et commerçants devront donc attendre un déblocage de cette situation qualifiée de « guerre de clochers complètement délirante » par l’un de nos interlocuteurs.