Face aux augmentations des montants de provisions de charges demandées par les bailleurs pour faire face aux fortes hausses des coûts de l’énergie, les municipalités se mobilisent. Nombre de maires, saisis par leurs concitoyens, réagissent. Certains ont d’ores et déjà fait partir des courriers et ils demandent des rendez-vous aux bailleurs pour étudier la situation et surtout trouver des solutions.
Des réactions en chaine
À La Verrière, Nicolas Dainville (LR) a adressé un courrier au directeur général de Seqens. Il relève « de lourdes et brutales augmentations des charges pour les locataires du Bois de L’Étang […] Je me permets de vous relayer le choc qu’a ressenti un grand nombre de familles, dont certaines sont déjà très fragilisées par la crise sociale que nous traversons, au regard des provisions pour charges qui augmentent de manière très significative. Le contexte international actuel entraîne pour tous une explosion du coût de l’énergie. […] je vous invite […] à revoir le calendrier des augmentations en proposant une progressivité plus mesurée et des aides concrètes pour les familles les plus en souffrance financière face à de telles et brutales augmentations. J’aurai l’occasion de réitérer ce souhait auprès de Mme Sizun, directrice territoriale de Seqens, à qui j’ai demandé un entretien en urgence, pour que des solutions concrètes soient trouvées pour nos locataires les plus touchés. »
À Coignières, Didier Fischer (DVG), le maire, a saisi le directeur général de Seqens. « […] Je me permets de vous alerter sur le fait que la réévaluation annoncée, de la provision pour le chauffage, impactera financièrement lourdement nos familles, particulièrement les plus fragiles. Si je prends bien la mesure de cette décision motivée par une réalité économique en raison du contexte international, je vous invite toutefois à revoir le calendrier en proposant une progressivité plus mesurée. » Et l’édile demande ainsi un rendez-vous pour échanger sur la situation.
De son côté, Seqens explique à ses locataires par l’intermédiaire de sa lettre d’information qu’ils ne sont « […] pas sans ignorer que le coût de l’énergie a fortement augmenté, notamment en raison du contexte international. Nos nouveaux marchés de fourniture de gaz sont ainsi concernés par cette hausse. Cette situation impacte Seqens et, par conséquent, le montant de vos provisions de charges facturées mensuellement dans vos quittances. »
À Guyancourt, François Morton (DVG), a également interpellé les bailleurs sociaux par courrier. S’il rappelle avoir conscience du contexte et de la conjoncture, il explique aux bailleurs : « Bien entendu, j’ai conscience de l’augmentation du coût de l’énergie sur votre budget. Il touche toutes les institutions, la Ville y compris. Néanmoins, ces efforts doivent être justement proportionnés et on ne peut demander à des foyers parfois fragiles d’assumer à la même hauteur que des institutions ou des entreprises. Je vous demande aussi instamment de faire un geste pour ne pas mettre des familles entières en grande difficulté. »
Un étalement des paiements et des hausses
Et s’il demande des facilités de paiements et un étalement des hausses, François Morton demande également l’aide de l’État et du Département.
Par ailleurs, en envisageant l’avenir, il rappelle aux bailleurs qu’il est « essentiel d’engager la réhabilitation de votre patrimoine lorsque cela est nécessaire » car « la facture énergétique des familles dépend grandement de l’isolation des logements ».
Un certain nombre de bailleurs ont d’ores et déjà entamé des travaux, ou même terminé, comme le rappelle l’un des plus importants d’entre eux, Seqens. « Conscients que les coûts de l’énergie seront durablement impactés par ce contexte, nous continuons également à investir dans la réhabilitation de vos logements afin de mieux les isoler et vous offrir des charges maitrisées en hiver et un confort thermique l’été. Seqens réhabilite 4 000 logements par an. », peut-on lire sur leur site internet.
À Villepreux, Jean-Baptiste Hamonic (MoDem) a également écrit « à tous les bailleurs pour [s]’assurer qu’ils ne feraient pas porter la hausse des prix sur leurs locataires et pour […]faire préciser les mesures et travaux à venir ainsi que leur calendrier. Cette crise énergétique vient appuyer le projet que nous avons amorcé avec le bailleur Logirep pour la Pointe à l’Ange il y a deux ans maintenant : celui de réhabiliter les 130 logements (8 millions d’euros) pour améliorer les conditions de vie des locataires et lutter contre les passoires thermiques. »
Des travaux d’isolation
Aux Clayes-sous-Bois, Philippe Guiguen, même s’il comprend la situation catastrophique subie par l’ensemble des bailleurs sociaux, ne peut « cautionner que cela se reporte de manière anticipée et si impactante sur une frange de la population qui n’a pas la capacité à absorber des charges aussi sévères. Nos habitants ne peuvent constamment subir d’aussi lourdes peines financières. Ces sanctions ne leur permettent (pour certains) plus aucune marge de manœuvre au quotidien, et la vie de famille va en pâtir. Cela n’est pas entendable. » Et d’ajouter : « Je me réjouis tout de même de certaines mesures prises, à l’instar du renforcement par le conseil départemental des Yvelines, du Fonds de solidarité logement et du chèque énergie, qui pourront atténuer ces effets dans un premier temps. »
À Maurepas, la municipalité assure qu’elle va « très prochainement s’associer à la démarche en faveur des locataires maurepasiens ». Une recherche de solutions plus large, semble-t-il, à l’échelle du territoire de l’agglomération, serait également dans les tuyaux. Les maires se sont réunis et cherchent à apporter les meilleures pistes de réflexion possibles.