Jeudi 30 juin, en conseil d’agglomération, la 2e répartition des subventions aux associations partenaires du secteur de la politique de la ville, de l’action sociale et de la santé, a donné lieu à une explication de texte entre majorité et opposition. Dans le cadre de ses missions, Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) subventionne nombre d’associations soit qui ont une vocation notamment intercommunale ou dont le rayonnement dépasse les simples frontières communales, soit parce qu’elles entrent dans l’un des champs de compétences de l’intercommunalité.

Déjà subventionnée en 2021 par SQY, sans que cela ait provoqué de débats, cette année, la subvention de l’ADLT (Association défense liberté tolérance Île-de-France), basée à Trappes, a cristallisé l’attention de l’opposition.

Après avoir rappelé qu’en mars, l’Agglomération avait déjà versé « 800 000 euros au titre de la politique de la ville, 50 000 euros pour l’action sociale et 150 000 euros pour la santé », François Morton, maire DVG de Guyancourt et vice-président chargé de la politique de la ville, la santé et la solidarité, a fait une requête au président en demandant de « sursoir à l’une de ces associations, l’ADLT de Trappes. […] je vous demanderai un délai supplémentaire pour pouvoir […] instruire de nouveau sereinement cette demande de subvention », certains éléments étant arrivés tardivement.

Requête qui n’a pas manqué de surprendre la majorité et le président de SQY, Jean-Michel Fourgous (LR). « […] Je connais cette association et je sais que monsieur Rabeh demande que l’on coupe les subventions à un certain nombre d’associations. […] Je ne partage pas cela avec un certain nombre de mes collègues. Nous avons besoin de ces associations. Il ne faut pas prendre des mesures discriminantes en direction de certaines associations. C’est une question de démocratie. […] je sais que vous intervenez sur demande de monsieur Rabeh. Les maires de SQY doivent bien montrer que leurs arbitrages ne sont pas des arbitrages politiques surtout lorsqu’il s’agit d’associations qui font le bien public pour les autres. Sinon, on enlève toutes les subventions aux associations qui ne sont pas de notre bord politique !!! Restons exemplaires et n’ayons pas une logique de chasse aux sorcières. Le fonctionnement démocratique de notre agglomération est une condition de notre image […]. »

Et d’ajouter : « Cette subvention a d’ailleurs déjà été débattue en commission et il n’y a pas eu de problème. Il faut rester dans le processus démocratique à SQY. Ils ont en plus fait un bon travail. » Assurant n’agir à la demande de personne, François Morton a précisé qu’il n’accusait l’ADLT « de rien, mais je n’ai pas eu tous les éléments nécessaires à la prise de décision. Je demande juste un sursis pour pouvoir prendre une décision. […] ».

C’est donc bel et bien pour sortir d’une « querelle politicienne » que le président Fourgous a souligné que « ce qu’il s’est passé à Plaisir et à La Verrière, c’est vrai que l’on aimerait bien être certains qu’il n’y a pas des opérations purement politiciennes qui sont menées contre certains élus. Cela pose un problème de vouloir asphyxier une association qui fonctionne, pour des raisons politiciennes. Il faut qu’on arrête avec l’interventionnisme politique et qu’on retrouve la sérénité de cette gouvernance partagée. »

Soutenant du bout des lèvres la démarche de leur collègue Génération.s de Trappes, Bertrand Houillon (Génération.s) et Didier Fischer (DVG), sont également intervenus pour s’étonner du quasi-doublement de la subvention à cette association.

Revenant au débat, le maire de Trappes (Génération.s), Ali Rabeh, a donné son point de vue. « Il n’y a pas de chasse aux sorcières à Trappes. Nous subventionnons […] des associations qui sont dirigées historiquement par des acteurs politiques, membres du conseil municipal et d’un bord politique très différent de celui du maire. […] Le sujet n’est pas de régler nos comptes politiquement mais d’essayer de respecter un certain nombre de principes. L’association dont on parle prend des positions politiques affirmées, c’est son droit. Elle fait des appels au vote. […] Nous parlons là de la légitimité d’une subvention uniquement destinée à une seule amicale de locataires sur l’ensemble des communes de l’agglomération, il y a matière à s’interroger. […] J’accepte le débat et la confrontation. Cette association a le droit d’exister. En revanche, je suis vraiment sceptique sur la qualité et la réalité du travail qu’elle réalise. Et c’est ce qui justifie le quasi-doublement de sa subvention. J’ai des raisons de penser que tout cela n’est pas légitime. »

Au bout du compte, la subvention de l’ADLT a bien été votée. D’autant que les critères pour accorder des subventions par l’Agglomération sont très encadrés et que les résultats et bilans des associations qui en demandent sont regardés de très près. L’ADLT mène des activités de prévention, formation et animations culturelles, sportives et sociales envers les familles, les jeunes et seniors. L’association apporte un soutien administratif et juridique auprès des habitants au-delà de la commune, et organise du soutien scolaire.

Neuf autres associations ont aussi touché des subventions de l’Agglomération. Certaines dont la vocation intercommunale reste encore à démontrer mais qui entrent dans le champ des compétences et missions de politique de la ville, d’action sociale ou de santé de l’agglomération. Au final, comme l’ADLT.

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