Saint-Quentin-en-Yvelines va devoir réaliser 3,9 millions d’euros d’économies l’an prochain. En raison de la chute des dotations de l’État et de l’augmentation progressive de la participation de l’agglomération à la redistribution des richesses entre collectivités, des réductions ont dû être faites dans de nombreux postes de dépenses. Un sujet vivement débattu pendant presque deux heures, lors du conseil communautaire du jeudi 20 décembre, au menu duquel figurait le vote du budget 2019. La fiscalité pour les Saint-Quentinois n’a quant à elle pas augmenté.

Si les choix budgétaires pris ont été défendus par la majorité de droite en raison du contexte financier, l’opposition de gauche a pour sa part regretté certaines des orientations. Mais la grande partie du débat entre élus a surtout porté sur une lettre aux habitants diffusée quelques jours avant le conseil, dans laquelle les maires de Guyancourt, La Verrière, Magny-les-Hameaux et Trappes s’insurgeaient contre une « baisse des services aux habitants ».

Une prise de position publique qu’ont peu goûtée les maires de la majorité, qui ont co-signé à leur tour une lettre publique (seule la signature du maire de Coignières, élu quelques jours plus tôt, n’était logiquement pas apposée à l’un des deux documents, Ndlr). Ils y dénoncent un « tract purement ‘‘politicien’’ » et reprochent la diffusion « parfois de simples hypothèses de travail » finalement non retenues.

Au cœur des orientations du budget 2019 figurait donc cette fameuse augmentation de la péréquation pour Saint-Quentin-en-Yvelines, et donc la nécessité de dégager plusieurs millions d’euros d’économies. Sur son site internet vie-publique.fr, le gouvernement explique que « la péréquation est un mécanisme de redistribution qui vise à réduire les écarts de richesse, et donc les inégalités, entre les différentes collectivités territoriales ».

En tant qu’ancien Syndicat d’agglomération nouvelle (San), SQY bénéficiait d’un système dérogatoire au Fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales (FPIC)… qui prend progressivement fin à partir de cette année. La sortie de ce dispositif entraîne donc une augmentation sur quatre ans de sa participation financière au FPIC. Par ailleurs, c’est notamment pour compenser cette perte que l’idée est soulevée depuis plusieurs mois de faire évoluer la communauté d’agglomération en communauté urbaine (voir notre édition du 24 avril).

« Il est important de signaler que SQY a entamé le fameux processus de retour au droit commun et aura donc une augmentation significative de la péréquation, jusqu’à 17 millions d’euros à terme (par an, Ndlr), rappelle en introduction du budget Stéphane Mirambeau, vice-président en charge des finances, et maire SE de Villepreux. Avec l’augmentation très forte au niveau du FPIC, nous avions dû trouver 3,6 millions d’euros cette année (en 2018, Ndlr). »

« On ne peut pas chercher des économies sur ce qui est la vie quotidienne de nos habitants », estime dans les rangs de l’opposition Guy Malandain, maire DVG de Trappes.

Pour 2019, ce sont « 3,9 millions d’euros de plus » qui doivent être économisés, poursuit-il. Et d’ajouter : « L’objectif fixé est l’équilibre budgétaire sans augmentation de la fiscalité, et de réduire nos dépenses réelles de fonctionnement. » Pour sa part, évoquant une « crise importante » traversée par l’agglomération et faisant un parallèle avec la situation financière du pays, le président de SQY, Jean-Michel Fourgous (LR) admet dans un souhait affiché de « parler vrai » : « Quand on a des baisses pareilles, bien sûr qu’il va y avoir une baisse du service public. »

Pour parvenir à réaliser les économies visées, le vice-président aux finances a donc listé les coupes budgétaires et les mesures prises, qui touchent de nombreux services. Pour l’éclairage public par exemple, le budget va diminuer de « 643 000 euros » dont « 400 000 passent en investissement », explique-t-il. Les enveloppes vont également baisser dans les budgets alloués à « la voirie », aux « eaux pluviales » où « on passe d’une logique préventive à une logique plus curative », la « politique de la ville » pour laquelle le Département récupère une partie des prérogatives, ainsi qu’à la culture et aux subventions aux associations.

« Ça peut sembler beaucoup pour certains, mais quand tout baisse et qu’on a moins d’argent qui rentre, il faut que chacun participe à l’effort que nous devons faire », estime le vice-président aux finances, assurant un peu plus tôt qu’il y aurait cependant une poursuite de l’investissement et du désendettement. Dans les rangs de l’opposition de gauche, ces diminutions jugées nécessaires par la majorité ne sont cependant pas vues d’un bon œil.

« Le désaccord n’est pas sur ‘‘il faut des économies ou pas’’, souligne Guy Malandain, maire DVG de Trappes et vice-président de SQY à l’habitat. Ceci dit, la question de fond qui va nous séparer, c’est où est-ce qu’on prend les économies. » Avant de préciser : « On ne peut pas chercher des économies sur ce qui est la vie quotidienne de nos habitants. Le sport, la culture, la voirie, il faut que la communauté d’agglomération reste engagée là-dedans, et il faut promouvoir les associations, comme on promeut l’économie. »

Marie-Christine Letarnec (PS), maire de Guyancourt et vice-présidente en charge de la ville innovante, a quant à elle relevé « un vrai problème de lumière sur l’ensemble des villes » et fait part de son inquiétude concernant « l’état des routes » pour lequel elle assure recevoir de nombreuses lettres des habitants : « Et là aussi, je m’inquiète sur la baisse du fonctionnement. »

« Quand on a des baisses pareilles, bien sur qu’il va y avoir une baisse du service public », admet Jean-Michel Fourgous (LR), président de l’agglomération.

Quelques jours avant le conseil communautaire, les maires de gauche avaient justement publié une lettre aux habitants titrée « Non à la baisse des services aux habitants ! », où ils affirmaient leur opposition ferme à ce budget. « En tant que maires, nous connaissons le contexte économique difficile pour les collectivités locales, y écrivent les maires de Guyancourt, La Verrière, Magny-les-Hameaux et Trappes. Mais les budgets sont des questions de choix et de priorités. Or, aujourd’hui, choix est fait de sacrifier tout ce qui permet de créer du lien entre les habitants des 12 communes de Saint-Quentin-en-Yvelines. »

C’est d’ailleurs autour de ce tract que le débat a rapidement tourné, la majorité y répondant également dans un communiqué public où elle reproche à son opposition des « attaques » et la diffusion d’éléments « mensongers ». Ce dernier point fait référence à la mention dans le tract de l’opposition de pistes d’économies évoquées, mais non retenues, comme la suppression de la gratuité d’accès à l’Île de loisirs. « Quand on a un conseil des maires, on travaille sur des hypothèses, adresse Jean-Luc Ourgaud (DVD), regrettant que certaines aient donc été rendues publiques et assurant que tous les maires étaient au courant de leur abandon. Je trouve que le contrat de confiance, aujourd’hui, vous lui avez mis un petit coup de canif. »

« Je suis ravie que la gratuité n’ai pas été mise en cause, on n’a pas eu l’arbitrage du président (avant le conseil communautaire, Ndlr), maintenant que des choses aient bougé très bien mais on s’inquiétait », se défend Marie-Christine Letarnec. Un argument abondé par Bertrand Houillon (Génération.s), maire de Magny-les-Hameaux : « J’avais demandé d’avoir les arbitrages finaux, que je n’ai pas eu et que j’ai réclamé jusqu’à cette semaine. » Après plusieurs échanges sur les directions prises par le budget, Joséphine Kollmannsberger (LR), maire de Plaisir et première vice-présidente de SQY a apporté l’un des mots de la fin.

« Elle est où la satisfaction totale d’un budget comme celui-là ? Elle n’est nulle part, pour nous aussi c’est compliqué, résume-t-elle, insistant sur des difficultés venant de l’État. Ça n’a pas été simple de dire ‘‘il faut couper là ou là’’. Évidemment qu’on a des idées différentes, et pas les mêmes priorités. Le budget qui nous a été présenté, on pouvait certainement faire autrement, mais il a le mérite d’être là et d’être équilibré. » À l’issue des débats, le budget a été approuvé par 42 voix pour, 26 contre et une abstention.

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