Une nouvelle fois, l’université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) et le Latmos (Laboratoire atmosphères, milieux et observations spatiales) sont impliqués dans un projet d’envergure internationale. L’agence spatiale américaine (Nasa), en collaboration avec plusieurs partenaires internationaux, va partir à l’assaut de Titan, la plus grosse lune de Saturne, avec un drone-hélicoptère baptisé Dragonfly (libellule), dont le coût est évalué à 1 milliard de dollars. Le lancement est programmé en 2027 pour un atterrissage et le début des opérations dès 2034. La durée nominale de la mission est fixée à deux ans et demi.
Étudier les sites géologiques
Cette mission de la Nasa permettra notamment d’étudier des sites géologiques à la surface de Titan, le plus gros satellite naturel de Saturne. C’est à ce stade qu’intervient le Latmos. Comme on peut le lire sur le site internet de l’UVSQ, « la contribution française principale, pilotée par le Latmos, porte sur la conception et la construction du système DraMS-GC, un chromatographe en phase gazeuse qui fait partie de DraMS (Dragonfly Mass Spectrometer), un ensemble instrumental permettant une analyse chimique des échantillons de sol […] couplé à un spectromètre de masse. Ces deux modes d’analyse permettront de rechercher et d’identifier une large palette de composés organiques et de potentielles biosignatures (traces de vie) dans des échantillons d’atmosphère et de surface. »
Plusieurs chercheuses et chercheurs de l’UVSQ qui prennent part à cette mission livrent d’ailleurs leurs éclairages sur les enjeux de cette mission. Caroline Freissinet, astrochimiste au Latmos et responsable scientifique de l’instrument français, y explique pourquoi le choix s’est porté sur un engin volant plutôt que roulant. « On pense que sur Titan, il est plus facile de voler que de rouler. Même après l’atterrissage de Huygens, l’environnement et la nature du sol de Titan sont encore mal connus. L’atmosphère quant à elle y est très dense, quatre fois celle à la surface terrestre, et la gravité très faible, un septième de la Terre, ce qui est une très bonne configuration pour voler facilement. Et puis, avec un drone, on peut sonder des environnements très différents, en parcourant plus d’une dizaine de kilomètres lors de chaque vol », détaille la chercheuse.
L’objectif de cette mission est de confirmer ou d’infirmer si Titan a pu être habitable dans le passé. « On pense que Titan abrite un environnement qui pourrait contenir des ingrédients chimiques nécessaires à l’apparition de la vie », poursuit Caroline Freissinet, malgré sa température moyenne à la surface avoisinant -180 °C en raison de son éloignement du Soleil (1 milliard de kilomètres).
Dans cet article du site de l’UVSQ, un enseignant-chercheur au Latmos en exobiologie, Cyril Szopa, précise qu’ils vont rechercher des « bio-indicateurs, des signatures chimiques d’intérêt pour la vie. On sait qu’il y a de la chimie complexe, notamment dans l’atmosphère, mais jusqu’à quel niveau de complexité ? »
L’UVSQ et le Latmos n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de missions spatiales. Début 2021, le nano-satellite UVSQ-SAT développé depuis 2018 par le laboratoire Latmos a été lancé avec succès par la société SpaceX, depuis la base de Cap Canaveral en Floride. Il a actuellement la capacité de transmettre des données scientifiques relatives au déséquilibre énergétique de la Terre, une première pour les universités françaises.
En 2012, le Latmos était déjà impliqué dans la construction de l’instrument SAM (Sample Analysis at Mars) embarqué à bord du rover Curiosity, envoyé par la Nasa, ou encore dans des instruments à bord de Rosetta et d’ExoMars avec l’ESA (l’Agence spatiale européenne). L’université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines rayonne par sa présence dans de nombreux classements nationaux et internationaux. Son positionnement international parmi les 20 meilleures universités mondiales est régulièrement attesté dans plusieurs classements, tels que Shanghai (ARWU), Times Higher Education (THE), QS, CWUR et Leiden.
CREDIT PHOTO : NASA