UVSQ-Sat. C’est le nom du nano-satellite conçu par le Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales (Latmos). Ce laboratoire, relevant notamment de l’Université de Versailles- Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l’université Paris-Sorbonne, est spécialisé « dans l’étude des processus physico-chimiques fondamentaux régissant les atmosphères terrestre et planétaires et leurs interfaces avec la surface, l’océan, et le milieu interplanétaire », peut-on lire sur son site internet.

Le Latmos, où travaillent actuellement près de 200 personnes, est né de la fusion de deux entités, le Centre des environnements terrestre et planétaire (CETP) et le service d’aéronomie, en 2009. Il a alors quitté Verrières-le-Buisson (Essonne) pour s’implanter à Paris et à l’Observatoire de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (OVSQ), situé à Guyancourt.

Ces dix ans d’existence, célébrés le 23 mai dernier (voir encadré), ont aussi été l’occasion de faire un point sur les prochains projets du laboratoire. Notamment la mission UVSQ-Sat, en partie financée et pilotée par l’UVSQ, et dont le lancement est prévue pour la fin 2020.

Une dizaine de personnes du Latmos travaillent sur ce projet. Parmi elles, Mustapha Meftah, principal investigateur de la mission. « On est en phase de développement, on est en train de fabriquer la plateforme du satellite, c’est-à-dire des cartes électroniques permettant de piloter un satellite : une carte de puissance, une carte de communication, un ordinateur de bord…, fait-il savoir. On est aussi en train de développer les différents composants et capteurs. »

Le satellite doit remplir trois principaux objectifs, énumérés sur le fascicule de présentation de la mission : mesurer, durant au moins une année, le flux infrarouge émis par la Terre et le flux solaire qu’elle réfléchit, mesurer l’éclairement solaire, et augmenter le degré de maturité technologique d’un détecteur associé à un programme de dispositif médical, ce dernier permettant de davantage décrypter le comportement de cosmonautes en orbite, notamment dans des situations complexes.

« On envoie un satellite, on fait des mesures sur une durée donnée (par exemple, cinq ans, Ndlr), on cale le modèle sur la durée donnée, on essaie ensuite de prévoir ce qui va se passer, et on regarde aussi ce qui a pu se passer », précise Mustapha Meftah, ajoutant que l’antenne située à l’extérieur de l’OVSQ permet de « commander les satellites et récupérer les données ».

La mission répond à trois problématiques : recherche, industrie et éducation. Dans ce dernier cas, il s’agira de s’interroger sur « comment on va utiliser ce programme pour enseigner auprès des jeunes les différentes composantes, comment un satellite est fait, comment on fait pour gérer la science, pour faire des outils de simulation… », détaille le membre du Latmos.

Le coût de l’opération s’élève à « 800 000 euros », selon Mustapha Meftah, qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et espère, d’ici 2023, lancer au moins dix satellites pour mettre en orbite une constellation des satellites dédiés à l’observation de la Terre.

Dix ans d’existence et la volonté d’aller toujours plus vite

Né en 2009 de la fusion du Centre des environnements terrestre et planétaire (CETP) et du Service d’aéronomie, le Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales (Latmos) a dû s’adapter toujours plus rapidement aux évolutions du monde actuel.

« Le bilan (de ces dix années, Ndlr) est extrêmement positif, on a vu les changements et on a dû se mettre à niveau, juge Mustapha Meftah, du CNRS-Latmos-UVSQ, principal investigateur de la mission UVSQ-Sat (voir article). Une des composantes majeures est que l’on s’associe beaucoup plus facilement aujourd’hui avec des partenaires industriels. » Des liens ont notamment été tissés avec la société yvelinoise de mécanique industrielle Carta-Rouxel, ou encore l’entreprise Nanovation, spécialisée dans la fabrication de couches minces et de nanostructures à base d’oxyde de zinc.

Cela participe à la volonté du Latmos de développer « des instruments pour mieux mesurer, comprendre et avoir des actions concrètes, pouvoir faire pression sur les gouvernements », selon les termes de Mustapha Meftah. Mais aussi de s’adapter à un monde qui s’accélère. « La recherche spatiale change de temporalité », glisse-t-on du côté du laboratoire

Pour Mustapha Meftah, on assiste à l’ « arrivée de nouveaux acteurs dans le monde spatial, dynamiques, réactifs », qui « nous mettent dans une position où il faut aller aussi au plus vite », sans oublier « la miniaturisation » qui « oblige à faire de la science avec des éléments plus petits et en ayant des délais de développement les plus courts possibles ».

D’où la volonté de « développer des instruments miniaturisés, agiles, rapides, dans un délai court de développement, car sur certains programmes, on a travaillé 15 ou 20 ans, ce qui n’est plus compatible avec une carrière », poursuit-il.