C’était l’occasion. Dans le cadre de la tournée des sites olympiques de Paris 2024, qui s’ouvrait le 28 avril au Vélodrome national de SQY, avaient lieu des baptêmes sur piste pour Tony Estanguet et des membres du club Paris 2024 tirés au sort, ainsi que la presse. La Gazette s’est essayée. Nous avons ainsi fait plusieurs tours de l’anneau qui accueillera le cyclisme sur piste lors de la prochaine olympiade.

Histoire de voir ce qui nous attend, nous observons un précédent groupe, dont fait d’ailleurs partie Tony Estanguet, s’essayer sur la piste saint-quentinoise. Pour donner les consignes, un ancien pistard, de l’équipe de France, Benjamin Édelin. Interpellant les participants sur les particularités d’un vélo sur piste, la première d’entre elles étant qu’il est dépourvu de freins, le champion d’Europe en vitesse par équipes en 2017 livre ensuite ses recommandations sur la place des mains sur le guidon, à savoir « de part et d’autre de la potence, pour partir et s’arrêter ». « Dès qu’on est partis, on met les mains dans le creux », poursuit-il.

Il évoque ensuite le fait que le vélo soit en pignons fixes. « Ça veut dire qu’il n’y a pas de vitesses, il roule. Quand je tourne la pédale, la roue arrière est motrice, ça ne sert à rien de laisser aller le vélo car ça ne marchera pas, précise-t-il. Si vous êtes fatigués, il vaut mieux descendre [sur la partie basse de la piste]. » Les pédales doivent être disposées à l’horizontale, en levant la roue arrière, pour monter sur le vélo, et clipser ses chaussures.

Car oui, le cyclisme sur piste se pratique avec des chaussures qui se clipsent sur les pédales. « Sous votre chaussure, vous avez une cale sur l’avant du pied, explique Benjamin Édelin. Si je la fais tourner, l’arrière se met toujours en bas et l’avant en haut. Avec le devant de l’autre pied, vous arrivez tranquillement, vous glissez, et une fois que vous êtes en butée, vous appuyez fort sur le devant du pied. Vous entendez un “clac”, ça veut dire que vous êtes accrochés à la pédale. Pour enlever la chaussure, vous mettez le talon vers l’extérieur. On ne déclipse jamais les pédales avant d’être complètement arrêté. »

Les groupes doivent ensuite suivre un coach, nommé « poisson pilote », qui les guide sur la piste et imprime le rythme à suivre. « Il faut rouler au minimum à 30 km/h dans les virages pour tenir, prévient Benjamin Edelin. Plus vous êtes proche du coach, plus vous êtes en sécurité, et plus vous allez aller loin et haut sur la piste. » Le groupe s’élance, certains semblent très bien se débrouiller. En les voyant monter jusqu’à la partie la plus haute de la piste, une légère appréhension nous a envahis. Mais c’était bientôt à nous de passer. Après être, non sans mal, parvenu à clipser nos chaussures aux pédales, nous nous sommes élancé. Situés à l’arrière du groupe, nous avons rapidement perdu le rythme et le contact avec le reste du peloton. Faux départ, dira-t-on. Après deux ou trois tours, on nous fait signe de nous arrêter. Nous nous exécutons, en plaçant, comme indiqué, la main le long de la rambarde située au bas de la piste. Mais nous avons chuté dans la manœuvre. Plus de peur que de mal.

Nous avons le droit à un deuxième passage, avec quatre ou cinq autres novices. Nous commençons par rester accroché au peloton mais lorsqu’il faut monter sur la partie pentue, sans doute est-ce lié au stress, la panique, inconsciemment nous donnons des coups de guidon pour revenir vers le bas. Après quelques tours, on nous demande de nous arrêter en nous faisant comprendre qu’avec une telle manœuvre nous risquions de chuter assez sévèrement. On nous propose un troisième essai, nous préfèrerons en rester là.

Dans le reste du groupe, beaucoup sont très heureux des sensations, d’autres ne sentent plus leurs jambes, certains sont parvenus à monter tout en haut, d’autres pas. Et dans le précédent groupe, parmi les membres du club Paris 2024 ayant aussi eu la chance de pédaler sur l’anneau saint-quentinois, Fabrice, venu des Hauts-de-Seine, est aux anges. « Depuis gamin, j’ai toujours regardé le vélo sur piste, que ce soit les championnats du monde, les JO…, confie-t-il, lui qui pratique le vélo sur route quotidiennement. C’était l’occasion de tester [la piste]. Pouvoir le faire au Vélodrome, c’est quand même une belle expérience. […] Plus on va vite, plus on se dit que si on tombe, on peut se faire mal, donc il faut débrancher le cerveau quand on veut garder la vitesse et plus on monte dans la pente. » De mon côté, je repars certes frustré, mais tout de même content d’avoir participé à cette expérience. Les personnes intéressées peuvent elles aussi s’inscrire à des baptêmes sur piste sur le site internet du Vélodrome national.