Déjà cinq mois d’activité pour la ferme-école Graines d’avenir, à Magny-les-Hameaux. Implantée sur le site historique de la ferme de Buloyer, elle prépare les élèves à un CAP primeur et à un diplôme d’ouvrier de production maraîchère en répondant au modèle des Écoles de production, des établissements privés d’enseignement technique, reconnus par l’État, et proposant à des jeunes de 15 à 18 ans des formations avec un tiers de théorie et deux tiers de pratique. Et cinq mois après sa première rentrée, le 4 octobre 2021, le premier bilan est très positif, selon Bruno Aimard, le directeur opérationnel de la ferme-école.

« On a été au rendez-vous, affirme-t-il. Le modèle des Écoles de production est vraiment le modèle qui correspond à la vision qu’on avait de ce projet, au bénéfice des jeunes. » Il cite notamment l’exemple du lendemain de la rentrée, où les élèves étaient déjà à la récolte « pour livrer les cantines de C’Midy (prestataire fournissant les cantines scolaires du département, Ndlr). »

« On avait déjà anticipé la mise en culture des terres, ajoute Bruno Aimard. On avait à cœur que les jeunes arrivent avec […] déjà des légumes à récolter, transformer ou vendre. » Il loue une formation « dans la réalité professionnelle du métier, où on répond à de vraies commandes de vrais clients aux conditions du marché ».

Depuis octobre, les types de fruits et légumes cultivés et récoltés ont varié en fonction des saisons. « L’été, on a fait aubergines, poivrons, piments, tomates, fenouil… On a aussi fait tout ce qui est légumes de conservation (courges, carottes, poireaux, oignons) […]. En ce moment, on commercialise des endives, nous précisait Bruno Aimard le 10 mars. On a lancé des champignons, qui donneront l’année prochaine, des patates douces, des plantes aromatiques… »

L’école compte aussi sur des partenaires tels que C’Midy donc, mais également Les Fermes de Gally, Biocoop, La Vie claire, Le Garde-manger (magasin de produits fermiers à Magny, Ndlr), les Comptoirs du potager de Versailles, ou encore des commerçants des halles de Rungis. Des ventes directes à destination des particuliers sont également organisées tous les mercredis de 13 h 30 à 16 h 30.

Des partenaires très divers, qui permettent aussi aux jeunes de trouver des stages, et nécessitent de s’adapter en fonction des besoins, différents selon le type de client. « Par exemple, certains leur ont dit : ‘‘Vos choux étaient exceptionnels’’, ou ‘‘Vos tomates, nous, pour la machine, c’était un peu trop mûr’’ (dans le cas des cantines, Ndlr), alors que c’est ce que cherche un particulier, illustre Bruno Aimard. On aurait pu ne faire qu’une Amap, et commercialiser et assurer nos ventes. La seule chose, c’est qu’on a un objectif de formation, donc on doit avoir une diversité de clients pour qu’ils voient les différentes facettes du métier, et eux choisiront ce qui leur plaît le plus. »

La majorité des enseignements sont pratiques et liés aux métiers de maraîcher et primeur. Mais des matières théoriques sont aussi au programme (maths, physique ou français par exemple), et peuvent même s’imbriquer dans des disciplines pratiques, comme pour de la vente en anglais. Du sport, des cours de cuisine ou des ateliers autour du théâtre d’improvisation sont aussi donnés, Bruno Aimard y voyant « un réel bénéfice pour les jeunes, car quand on vend, on se met aussi un peu en scène, on a parfois des clients pas faciles et il faut improviser et avoir du répondant ». Un professeur de théâtre, deux formatrices de matières générales et des intervenants sur le sport viennent donc compléter le corps enseignant aux côtés des deux maîtres-professionnels maraîchage et primeur. Pour cinq élèves au total.

Parmi eux, Taylan, 14 ans, qui était au collège Saint-François d’Assise de Montigny auparavant. Il confie avoir été attiré par « le côté moins scolaire et plus dans la pratique , et le fait d’être en extérieur » Maël vient elle de Rambouillet. « Je cherchais un lycée professionnel ou quelque chose comme ça […]. J’ai trouvé la ferme-école et j’ai fait un stage de trois jours en juin 2021, ça m’a beaucoup plu et je suis rentrée dans cette école », raconte la jeune fille de 15 ans.

Du côté des enseignants, on se dit agréablement surpris de l’implication de ces jeunes. « On a la chance d’avoir des élèves qui jouent le jeu de la responsabilité, de l’autonomie, se réjouit Donatien, le maître-professionnel spécialisé dans le maraîchage. Ça casse le rapport maître professionnel-élève. »

Pour les jeunes souhaitant intégrer les prochaines promotions, des portes-ouvertes sont prévues tous les mercredis après-midi. Des stagiaires de 3e sont aussi accueillis, la prochaine session ayant lieu la deuxième semaine des vacances de Pâques. Sans oublier les stages-découvertes, d’une durée de trois jours minimum et qui sont obligatoires pour intégrer l’école.