Ouverte il y a deux ans et demi, la ferme-école Graines d’avenir, à Magny, grandit plutôt bien. Le site, qui forme des jeunes à partir de 15 ans au métier de maraîcher-primeur, a mis en place depuis septembre dernier un système d’hébergement pour certains de ses étudiants, et prévoit d’en ouvrir d’autres, et de s’agrandir et développer certaines filières de formation à partir de la rentrée prochaine.
« On a entamé des travaux pour atteindre notre taille critique, avec trois promotions de 12 élèves. Donc on va avoir des salles de cours supplémentaires, un atelier de transformation digne de ce nom pour des promos complètes, où on va pouvoir faire des jus, des soupes, de la conservation », commence par résumer Bruno Aimard, cofondateur et directeur opérationnel de la ferme-école, rencontré sur place le 20 mars dernier.
Jus, soupes, ou encore confitures, vont ainsi pouvoir être réalisés grâce à l’atelier de transformation, qui devrait être opérationnel en juillet. Il sera doté de matériel professionnel digne de cuisines de restauration. « Si on veut développer de l’agriculture locale, des circuits courts, il faut faire de la transformation. Si vous faites de l’agriculture locale et bio par exemple, vous n’avez pas de serres chauffées, vous ne faites pas de tomates en hiver. […] Avec la transformation, on peut proposer toute l’année les différents fruits et légumes, sous forme fraîche ou de conserves. Et quelque part, quand on fait un plan alimentaire ou autre, c’est des compétences qui sont recherchées », explique Bruno Aimard.
Et de poursuivre : « Et après, il y a tout l’aspect boucler la vie d’un légume : on les récolte, on les met au marché, ensuite on remballe, on va préparer les commandes du lendemain avec […] et après, quand ils arrivent à maturité, au lieu de les donner ou de les jeter car ils sont trop murs, on les transforme, et ça, c’est aussi vertueux, et si demande, on peut ouvrir des places de restauration avec la cuisine, on fait vraiment cette vie du végétal et du légume. »
Ce qui s’inscrit pleinement dans le diplôme de CAP primeur délivré par la ferme-école, en plus du titre professionnel d’ouvrier de production horticole. Et « on pousse plus loin en allant sur la conservation et […] en allant sur la cuisine », avance Bruno Aimard, qui projette d’ouvrir une section cuisine en 2025.
Et ce n’est pas la seule nouveauté prévue par la ferme-école, qui va ouvrir en juillet prochain dix places d’hébergement supplémentaires : six pour de l’hébergement sept jours sur sept de jeunes de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), et quatre places au sein d’un appartement en semi-autonomie.
Ces hébergements s’ajoutent à ceux déjà en place depuis l’automne dernier, disposant de six places pour des jeunes qui y sont logés cinq jours sur sept. Même si pour l’instant, seulement cinq jeunes les occupent, sur un effectif total d’une vingtaine de jeunes suivant leur formation au sein de la ferme-école. Le directeur opérationnel entend, à travers ces différents types d’hébergements, « toucher certains publics qu’on n’aurait pas pu avoir autrement, avoir une mixité au niveau de notre école, car on est convaincus que c’est à travers cette mixité qu’il y a un enrichissement mutuel » et « aller chercher des jeunes plus loin dans le territoire, car on a beau être connectés aux transports urbains, on a parfois des jeunes qui viennent de Rambouillet, pour qui la mobilité peut être un frein. Donc [on veut] augmenter notre rayon d’action ».
Parmi les jeunes hébergés en semaine sur le site, Yannis et Matthias, respectivement 15 et 17 ans. « Les cours, je n’accrochais pas du tout, confie le 1er cité, Plaisirois auparavant scolarisé en classe Ulis au collège de la Clef de Saint-Pierre, à Élancourt. Ma prof d’Ulis m’a proposé de venir ici, elle disait qu’elle faisait ses courses souvent le mercredi ici (les jeunes proposent leurs produits en vente directe tous les mercredis, Ndlr). Au début, je n’étais pas trop chaud, mais après deux ou trois stages, ça m’a plu du coup je suis venu », confie-t-il, séduit par le modèle de type Écoles de production, avec deux tiers de pratique et un tiers de théorie.
« J’étais au lycée, et je n’accrochais pas en cours. Avec ma tante, on a regardé les écoles qui étaient moins scolaires. J’ai fait un stage et j’ai accroché directement, le fonctionnement était moins linéaire », raconte le 2d, qui vient du 94 et assure qu’il « arrive mieux à suivre, quand on est sur des plus petits groupes, on arrive mieux à se concentrer ».
Le jeunes souhaitant suivre leurs pas et s’inscrire à la ferme-école peuvent venir aux portes ouvertes, organisées chaque mercredi, et effectuer des stages découverte jusqu’à fin juillet. Détails sur ferme-ecole.org.