Après UVSQ-sat, Inspire-sat 7. Le Laboratoire Atmosphères, Observations Spatiales (Latmos), qui dépend notamment de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-
Yvelines (UVSQ) via son Observatoire de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (OVSQ), situé à Guyancourt, planche actuellement sur le lancement d’un deuxième satellite, a annoncé l’UVSQ dans un communiqué le 19 janvier.

Un an après le lancement d’UVSQ-sat, fin janvier 2021, c’est donc un deuxième nano-satellite qui est en préparation. Un projet qui montre les ambitions du Latmos en matière de missions spatiales et revêt de nombreux avantages, selon son responsable Mustapha Meftah, ingénieur au Latmos. « Ça nous permet de tester de nouveaux systèmes et de valider des technologies plus abouties et de se baser sur le retour d’expérience sur le premier satellite », explique-t-il, contacté par La Gazette, ajoutant qu’en augmentant le nombre de satellites, « on va pouvoir faire des mesures précises scientifiques, notamment de variables climatiques essentielles ».

Les missions du deuxième nano-satellite resteront, ainsi, pour la plupart, identiques à celles du premier. « La première chose qu’il va faire, c’est mesurer le bilan radiatif, [c’est-à-dire] quantifier l’énergie perdue et gagnée par la Terre, et indirectement si on gagne plus d’énergie que l’on en perd, la température de la planète augmente, expose Mustapha Meftah . C’est un paramètre clé au niveau scientifique. Ensuite, à partir d’une bonne quantification de ces données, on peut alimenter des modèles. »

La deuxième mission consiste en un sondage de l’ionosphère, une des couches de l’atmosphère. « Ensuite, on a d’autres objectifs technologiques, poursuit l’ingénieur. On embarque avec nous une carte Lifi (technologie de communication sans fil basée sur l’utilisation de la lumière Led) pour tester de nouveaux protocoles de communication et vérifier qu’on peut, à l’avenir, par exemple, réduire les harnais électriques dans les satellites, en utilisant ces technologies sans fil. Enfin, on intègre une carte radio amateur, car on travaille avec le Radio club local F6KRK. »

Des différences sont toutefois à noter entre l’UVSQ-sat et Inspire-sat 7. Le futur nano-satellite, pesant 3 kg, pourra réaliser « une étude plus approfondie de l’ionosphère » et, sera d’aspect plus grand, avec des capteurs plus gros « et plus sensibles », permettant ainsi d’« améliorer la précision » des mesures, indique Mustapha Meftah.

Mais en attendant de mener à bien ces opérations, il faut poursuivre la préparation du lancement. Ainsi, une quinzaine de personnes à l’OVSQ – titulaires et étudiants – travaillent depuis le début de la crise sanitaire sur le futur nano-satellite, qui sera en grande partie Made in SQY. « On (l’OVSQ, Ndlr) est maître d’œuvre et maître d’ouvrage », assure Mustapha Meftah.

Il ajoute que, outre le fait de recruter en stage des forces vives venant entre autres d’instituts de formation du territoire saint-quentinois comme l’Estaca ou l’UVSQ, le Latmos cherche aussi « à pousser les acteurs locaux », comme l’entreprise Ermatel, basée à Trappes, « pour les harnais et câblages ». Même s’il reconnaît que « on doit aussi acheter des composants venant d’ailleurs ». Plus généralement, « la partie intellectuelle vient de SQY », avec « des centres d’usinage, des circuits à imprimer, cartes électroniques, pièces mécaniques », résume-t-il.

Tous ces protagonistes sont sur le qui-vive pour aboutir au lancement du satellite en janvier 2023. Pour une durée de deux ans. « Concernant UVSQ-sat, notre contrat, c’était un an. Donc on a atteint un an, c’est mission accomplie pour UVSQ-sat, mais on a fait une autorisation de rester en orbite pour quatre ans au total […]. Concernant Inspire-sat 7, on a fait une demande pour qu’il soit opérationnel au minimum deux années. On a doublé car on est un peu plus sûrs de nous au niveau de la fiabilité », souligne Mustapha Meftah, espérant là aussi que le satellite reste dans l’espace pendant quatre ans.

UVSQ-sat – qui est « toujours opérationnel » et « distribue de la donnée », selon Mustapha Meftah – et Inspire-sat 7, se retrouveraient ainsi en orbite simultanément. « Ce serait unique, assure l’ingénieur du Latmos. Une constellation de cubes-satellites en orbite, opérationnels, il n’y en a pas ou très peu. En France, il n’y en a aucune. »

Une prouesse, mais le Latmos souhaite aller plus loin et, à terme, envoyer une constallation d’une cinquantaine de nano-satellites dans l’espace. « C’est peu envisageable d’envoyer 50 très gros satellites, ça va être très coûteux et très compliqué, argue Mustapha Meftah. Tout l’enjeu aujourd’hui, c’est de voir comment on miniaturise ces charges utiles et comment on envisage à un moment une constellation de 50 satellites. »

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