Une enseignante d’un collège de Trappes a été obligée d’être exfiltrée loin de la région Île-de-France après des menaces reçues à la suite d’un cours de SVT sur l’évolution de l’Homme, qu’elle avait donné, en décembre 2020, à des élèves de troisième, où étaient associés une image de singe et une photo du rappeur Soprano sur une frise chronologique.

Cette enseignante avait l’habitude d’utiliser des personnalités comme Kylian Mbappé ou Josiane Balasko pour rendre ludiques ses leçons. Elle est désormais obligée de vivre cachée loin de tout. « J’ai tout perdu, tout ce que j’ai construit depuis dix ans, cet homme m’a volé ma vie et j’ai eu très peur pour ma vie », expliquait-elle au téléphone à l’AFP.

La professeure avait décidé d’utiliser une image du rappeur pour « intéresser les élèves », peut-on lire sur une dépêche de l’agence France presse. Il n’en a pas fallu plus pour déclencher la colère d’un parent d’élève, explique Le Parisien, qui a révélé l’affaire. « Y’a rien qui vous choque ? […] Si vous ne voyez pas, cela veut dire que vous êtes un bon gros raciste. Faites tourner s’il vous plaît, on ne doit pas accepter », avait écrit à l’époque le parent d’élève sur Facebook.

Deux mois après ce cours, cette professeure avait été convoquée par son chef d’établissement pour un rendez-vous avec le parent d’élève. Le rectorat de Versailles a précisé à l’AFP que les forces de l’ordre avaient été « immédiatement informées » de l’incident et qu’une protection fonctionnelle avait été accordée à l’enseignante.

Après la publication sur les réseaux sociaux, la professeure, aujourd’hui âgée de 35 ans, avait reçu des dizaines de menaces, malgré la suppression desdits propos par le parent d’élève, après le rendez-vous qui avait été organisé par le rectorat entre le principal du collège, le parent d’élève et cette dernière.

Obligée de partir et vivre cachée

« Traumatisée par l’assassinat de Samuel Paty », qui avait eu lieu deux mois plus tôt, l’intéressée avait alors déposé plainte et reçu la visite des policiers du renseignement territorial qui lui avaient demandé de « quitter l’Île-de-France au plus vite », se souvient-elle. Elle a donc été obligée de quitter le département pour s’exfiltrer loin et a été « placée en congé pour invalidité temporaire du 3 février au 10 septembre » ; elle est désormais professeure dans une autre région en France.

Son harceleur condamné à de la prison ferme décide de faire appel

Quant au parent d’élève à l’origine de la publication, il a été jugé en novembre pour harcèlement au moyen d’un service de communication au public en ligne. Il a été condamné à six mois de prison ferme et 13 600 euros de dommages et intérêts par le tribunal de Versailles. Il a décidé de faire appel, comme le révèle l’avocat de la partie civile ; la date du nouveau procès n’a pas encore été dévoilée.

De son côté, l’enseignante déplore que personne ne l’ait soutenue hormis le Syndicat des personnels de l’Éducation nationale (Snalc) et explique « qu’elle a dû être exfiltrée en seulement quelques jours », car la situation se tendait. Une rencontre entre le rectorat et les représentants de l’enseignante a été organisée la semaine dernière.

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