C’est un dossier vieux de sept ans qui a été, enfin, rouvert par le tribunal correctionnel de Versailles ce mercredi 17 novembre : celui de plusieurs cambriolages commis à l’encontre de l’association des jardins familiaux de Guyancourt. Deux des trois hommes suspectés d’en être les auteurs ont été condamnés à des peines de prison avec sursis.

Les faits les plus anciens remontent à 2014, lorsque plusieurs cabanons des jardiniers amateurs installés sur les parcelles de la rue du Moulin Renard avaient été fracturés. Dans la nuit du 27 au 28 décembre, les voleurs s’étaient alors emparés de plusieurs motoculteurs et d’autres d’outils. Un an plus tard, au mois de septembre, le site reçoit une nouvelle visite, « avec le même mode opératoire », souligne le juge.

Le tribunal confronte les versions

Sachant que le lieu regorge de matériel en tous genres, les malfaiteurs n’hésitent pas et forcent l’entrée de près de 50 cabanons. De nombreux biens sont volés : tondeuses, outils, groupes électrogènes et trois motoculteurs « tout juste remplacés », souffle l’un des jardiniers devant le tribunal. En plus de l’association, une cinquantaine de plaignants se sont constitués parties civiles.

Mais heureusement pour elle, après la première mésaventure, l’association avait placé, sur l’un des motoculteurs, un traceur GPS. En découvrant les traces de vandalismes le dimanche 27 septembre, les jardiniers ont pu conduire la police de Trappes directement vers les voleurs présumés. « Grâce à ces coordonnées, les forces de l’ordre ont retrouvé une partie des biens sur un terrain situé au Pecq et appartenant à [l’un des prévenus] », rappelle la juge de l’action policière. Âgé aujourd’hui de 31 ans, ce dernier a été interpellé avec deux de ses amis présents sur place.

Si les trois suspects ont d’abord nié les faits durant leurs auditions, le propriétaire alpicois est finalement passé aux aveux, trahi par la géolocalisation de son téléphone portable attestant de sa présence sur les lieux. Devant les juges, ce dernier n’a d’ailleurs pas hésité à mettre en cause l’un de ses complices bien que celui-ci, qui se défendait sans avocat, ait continué de nier en bloc.

« C’est lui qui m’a dit de le faire, j’ai pris des trucs dont j’avais besoin et lui a pris le reste. Tout ce qui n’a pas été retrouvé chez moi », avoue-t-il au tribunal qui a confronté les versions des deux hommes pendant plusieurs minutes. Également mis en difficulté par le « bornage » de son téléphone à proximité des jardins de Guyancourt entre « 1 h 47 et 2 h du matin », son comparse, de deux ans son aîné, s’est défendu tant bien que mal. « Je n’étais pas sur place », répète-t-il inlassablement en prétextant que le numéro que lui prête la police n’est pas le sien.

Des peines plus lourdes que celles requises

Jugeant qu’il n’est pas évident de requérir « une peine qui a encore du sens » après tant d’années, la procureure a proposé des peines allant de quatre à six mois de sursis, sachant que les deux trentenaires avaient déjà effectué des séjours en détention provisoire de six mois pour l’un et deux mois pour l’autre.

Le tribunal a finalement condamné le propriétaire du terrain à un an d’emprisonnement dont six mois avec sursis et son complice à une peine de huit mois de prison dont six avec sursis. Concernant le troisième suspect, il a lui été mis hors de cause. Le tribunal l’a effectivement relaxé « faute d’éléments matériels suffisants ».

Quatre membres de l’association étaient présents à l’audience. Encore touchés en 2020 par trois séries de vols, tous évoquent un fort sentiment d’insécurité. « À chaque fois que je pousse le portillon du jardin, je me demande si on a encore subi un vol », s’agace le vice-président de l’association. Les juges ont condamné les deux hommes à leur verser les sommes réclamées au titre des préjudices matériels et moraux, ce qui représente environ 13 400 euros.

« Ceux qui étaient présents se sont sentis écoutés par la justice, même si elle a mis très longtemps à rendre un jugement, souligne après l’audience l’avocate de l’association, maître Pauline Rey. Ils sont surtout soulagés que les actes dont ils ont été victimes ne restent pas impunis et attendent avec impatience l’indemnisation qui leur a été accordée. Ils ont l’espoir que ce jugement serve de leçon et d’avertissement à ceux qui estiment facile d’entrer par effraction sur leurs potagers, voler leurs outils et le fruit de leur travail et de leur solidarité. »

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