Un marathon à Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY). Cela devrait devenir une réalité le 2 octobre 2022. L’agglomération recevra ainsi pour la première fois de son histoire l’une des épreuves sportives les plus mythiques. Un projet sur lequel SQY planche depuis plus d’un an et demi, selon Laurent Mazaury (UDI), vice-président aux sports à SQY et élu à Élancourt, joint par La Gazette. « On a commencé à travailler dessus […] au début du premier trimestre 2020, évoque-t-il. Puis le confinement est arrivé […]. On aurait aimé pouvoir le lancer déjà cette année, donc on a un an de retard lié aux problématiques sanitaires. »

Ce projet « s’inscrit dans la logique de SQY en matière de sport en général, et en particulier dans l’attente des Jeux olympiques 2024 », affirme l’élu. « On a la chance d’avoir des JO qui sont essentiellement des sports nature : trois épreuves de vélo et le golf. Ce sont d’ailleurs typiquement des sports dans l’ère du temps, pouvant être aussi bien pratiqués de manière familiale, mais également en plein air, souligne-t-il. Il y a un élément qui nous semblait complémentaire, c’était celui de la course à pied, car tout le monde peut courir. Tout le monde court déjà à SQY, le territoire s’y prête particulièrement, car on a la capacité […] de courir sans jamais croiser de voitures, en utilisant nos pistes mixtes, qui sont à la fois vélo et pédestres. »

Une épreuve officielle sur plus de 42 km, mais aussi des épreuves adaptées à tous

Ce marathon sera aussi l’occasion de « traverser l’ensemble du territoire, et également l’ensemble des sites olympiques », ajoute Laurent Mazaury, soulignant que si une épreuve phare officielle de 42,195 km, labellisé FFA (Fédération française d’athlétisme), aura évidemment lieu, seront aussi proposés un marathon en relais de quatre personnes, un semi-marathon, une course grand public de 7 à 10 km, et des courses enfants. Ces « épreuves diverses » permettront aussi aux « gens un peu moins aguerris, que ce soit sur des semi-marathons ou sur des distances plus courtes, dans toutes les catégories, [de] concourir », poursuit-il. « Donc ça permet de mettre à la portée du plus grand nombre le sport. C’est vraiment le sport le plus simple et le moins cher à pratiquer », résume-t-il.

Si lors d’un conseil municipal à Élancourt, en mai dernier, Laurent Mazaury avait déclaré que le marathon passerait « dans l’ensemble des communes » de l’agglomération, il nous a annoncé, cinq mois plus tard, que ce ne serait pas le cas pour la première édition. « On a regardé la faisabilité et l’usage des différentes routes, et on ne veut pas gêner les automobilistes, justifie-t-il. On sera sur un tracé essentiellement autour des sites olympiques. »

L’élu évoque aussi des raisons d’éloignement géographique et « des problématiques de dénivelés » autour de certaines communes. « Sur un marathon, il faut limiter au maximum le dénivelé, rappelle-t-il. Le secteur de Magny en redescendant, et le secteur de Plaisir, Les Clayes et Villepreux, qui oblige à descendre et donc à remonter, posent aussi un problème sportif. Donc on restera certainement sur la partie la plus plate. »

Sur les documents du marché public, il est indiqué que le départ et l’arrivée des différentes épreuves devraient se faire depuis le site du Vélodrome national. Au moins 3 000 participants devraient être présents, espère Laurent Mazaury. « Sur Élancourt, au trail (le premier Élancourt champions trail du 16 octobre dernier, Ndlr), il y avait déjà 600 participants. Donc sur un marathon, ça peut aller très très vite », avance-t-il. À terme, ce sont même « 10 000 personnes » qui sont attendues pour cette « grande fête du running à SQY », d’après les documents du marché public.

La première édition ne traversera pas les 12 communes et sera surtout axée autour des quatre futurs sites olympiques de SQY, dont le Vélodrome national, qui devrait être le lieu de départ et d’arrivée du marathon.

Parmi elles, peut-être les meilleurs marathoniens du monde. « J’espère qu’ils viendront, qu’ils n’auront pas un calendrier international qui les envoie ailleurs. Il va falloir qu’on les séduise. À mon avis, ils ne seront peut-être pas là la première année […]. Mais j’espère que dans les années à venir ils seront présents », glisse Laurent Mazaury, avant de dresser un parallèle avec le golf : « Quand on a commencé l’Open de France de golf à SQY, au début, on avait quelques Européens, et puis au bout d’un moment, on a eu tous les Européens y compris les Anglais, […] et on a fini par organiser la Ryder cup. Ça a pris 20 ans. »

Il faudra donc probablement patienter avant de voir à SQY les meilleurs Kényans et Éthiopiens, qui s’imposent régulièrement dans les grands marathons, à Paris, Londres ou New-York, les plus grandes métropoles qui accueillent les marathons les plus prestigieux. « L’avantage d’une grande métropole, c’est qu’il y a l’image de la grande métropole. L’inconvénient, c’est le côté hyper urbain, juge Laurent Mazaury. On veut montrer que SQY est une grande métropole. Ça reste un territoire d’innovation, mais un territoire d’innovation qui est à la campagne. […] L’innovation s’y inscrit dans un cadre particulièrement bucolique. »

Et d’ajouter ensuite : « Un marathon, […] doit être dans un environnement qui est urbain, mais qui est avant tout vert. […] C’est certainement plus agréable en termes de pratique sportive et de respiration. […] L’air est beaucoup plus pur [à SQY] qu’à Paris. Donc je suis certain qu’on aura un grand succès avec ce marathon, qui est dans un environnement unique. »

« On ne va bien entendu pas concurrencer le marathon de Paris, mais on serait quand même contents de le faire », lâche également le vice-président saint-quentinois avec une pointe d’ironie. La date, en tout cas, ne risque pas de faire ombrage, la capitale accueillant le marathon en avril, contre octobre pour SQY. C’est d’ailleurs l’Agglomération qui a demandé la date du 2 octobre dans ses discussions avec les différentes fédérations de running.

« On a beaucoup travaillé sur l’aspect calendrier. Ça a plutôt convenu aux fédérations, car ce qui les inquiétait le plus, c’était justement cette partie calendrier, pour éviter qu’il y ait des chocs, explique Laurent Mazaury. Un marathon, il faut toujours le réfléchir par rapport au calendrier. Le calendrier sportif en Île-de-France est très chargé, donc il faut trouver une date qui soit suffisamment loin des autres marathons. En même temps, on a essayé de s’inscrire en harmonie avec les autres programmations des autres courses[…] qui ont lieu dans les communes de SQY et aux alentours. »

L’élu met aussi en avant l’atout climatique du mois d’octobre, « une période où la chaleur est moins écrasante » qu’en été. Il ajoute que cette date n’est néanmoins « pas inscrite dans le marbre » et que « si on se rendait compte l’année prochaine qu’en octobre ce n’est pas favorable, on pourrait la modifier ».

« Faire quelque chose qui reviendra chaque année »

Il l’assure par ailleurs : « Notre objectif est que ce marathon soit dans le calendrier amateur et professionnel pour une longue durée, ce n’est pas un one shot. […] On veut faire quelque chose qui reviendra chaque année, et, on l’espère bien, qui s’inscrive très rapidement comme étant un marathon dans lequel viendront participer les plus grands noms. »
Et pour séduire les instances dirigeantes, SQY entend miser sur les atouts de son territoire.

« Les fédérations seront ravies d’avoir un marathon qui sorte du cadre des grandes métropoles, affirme Laurent Mazaury. Avoir une épreuve qui sorte des sentiers battus de la grande métropole habituelle et pouvoir montrer que, en banlieue parisienne, en grande couronne, et encore plus dans une ville nouvelle, on va instaurer le marathon et montrer tout le côté sport santé de la course, c’est quelque chose qui motive les fédérations. »

Si le projet doit encore être délibéré par SQY, Laurent Mazaury se veut rassurant : « Ça sera définitif quand tout le monde aura délibéré, mais je suis sûr que ça recueillera l’unanimité des collectivités territoriales sans soucis, car le sport est œcuménique, pas partisan […]. C’est l’intérêt général, c’est ouvert à toute la population […]. Pour moi, c’est quelque chose qui, s’il n’est pas encore délibéré, est acté, et qui aura bien lieu. » Ce marathon est inscrit au budget de l’intercommunalité, qui devrait être voté en janvier, selon l’élu. Il prévoit une ouverture des inscriptions en mars prochain.

Dans les documents du marché public, on peut par ailleurs lire que SQY, pour l’organisation du marathon, « souhaite recourir à un prestataire » qui sera chargé de « la conception, le pilotage, la coordination et le bilan de l’événement » ainsi que de « la promotion […], la communication et le sponsoring [et] l’organisation opérationnelle ».

Des documents qui révèlent d’autre part que le marathon « viendrait en remplacement » du Trophée des entreprises, organisé chaque année par l’Agglomération à la fin du printemps. Ce que dément Laurent Mazaury : « Le but, c’est que ça coexiste. Si, à un moment donné, on envisage de fusionner les deux, pourquoi pas, mais à ce stade on n’a pas pris la décision de remplacer le Trophée des entreprises par le marathon. »

Le vice-président de SQY se réjouit en tout cas de la future arrivée d’un nouveau rendez-vous sportif sur le territoire, et insiste notamment sur l’aspect sport-santé : « [C’]est vraiment fondamental pour SQY, c’est quelque chose qu’on veut pousser un maximum, et c’est aussi pour ça que ce marathon est important. […] C’est [une] chose à laquelle on croit beaucoup. »

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