Une nouvelle étape de franchie pour les projets de rénovation urbaine programmés à La Verrière, Plaisir et Trappes. Le 11 février, le conseil communautaire de Saint-Quentin-en-Yvelines a en effet adopté une charte intercommunale de relogement. Ce document engage les 12 communes dans le relogement des ménages concernés par une démolition dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). Un sujet particulièrement contesté par une partie des habitants du Bois de l’étang à La Verrière, qui ont récemment appris que le quartier sera finalement concerné par des démolitions d’immeubles.

Comme le rappellent les documents de l’Agglomération, la charte intercommunale de relogement « est une demande de l’Anru afin d’encadrer et de définir la mise en œuvre des opérations de relogement dans le cadre du NPNRU ». En l’occurrence à Saint-Quentin-en-Yvelines, sont inscrites dans les dispositifs de l’Anru, les villes de La Verrière, Plaisir et Trappes. D’après les chiffres de Grégory Garestier (DVD), vice-président de SQY délégué à l’habitat et maire de Maurepas, environ 1 000 logements sont concernés par des démolitions, soit « à peu près, à l’heure actuelle, 500 ménages » à reloger.

À Plaisir, la rénovation urbaine va concerner le quartier du Valibout, pour un projet estimé à 65 millions d’euros.

Et c’est au travers de la charte de relogement de SQY que « la solidarité intercommunale » va s’exercer, avec la possibilité de proposer aux familles un relogement dans leur ville ou dans l’une des 12 autres communes de l’agglomération en fonction de leur souhait. « Il a notamment été convenu dans cette charte, dans une logique de solidarité intercommunale, que chaque bailleur et réservataire (structure ou institution qui participe au financement de la construction de logements sociaux, et qui, en contrepartie, dispose d’un droit de réservation sur les logements, Ndlr) s’engage à étudier le relogement des ménages concernés par les démolitions dans le respect des objectifs qualitatifs ambitieux de la charte », confirment ainsi les documents de l’Agglomération.

« Il va y avoir un certain nombre d’instances, au niveau municipal déjà, qui vont étudier les dossiers avec les bailleurs et SQY, pour permettre de reloger ces familles sur le territoire de la ville. Et si toutefois ils n’y arrivent pas, [ils pourront] mobiliser les contingents soit des bailleurs sociaux qui sont présents sur le territoire, ou travailler avec d’autres bailleurs sur l’ensemble du territoire, précise Grégory Garestier. […] Quand un ménage souhaitera partir de la ville dans laquelle il habite actuellement, c’est le niveau intercommunal qui jouera, avec une proposition faite au maire (de la ville d’arrivée, Ndlr) qui pourra motiver son avis et qui garde la main sur sa stratégie de peuplement. »

La charte présente également d’autres aspects. L’un des objectifs est notamment « de donner une priorité » pour « reloger les familles dans un logement neuf ou conventionné de moins de cinq ans », ajoute le vice-président à l’habitat. Tout en étant attentif à ce que les capacités financières des personnes relogées soient en adéquation avec le futur loyer.

Si cette charte de relogement, ainsi que les orientations stratégiques de SQY en matière d’attributions de logements sociaux, a été votée la semaine dernière, c’est « parce qu’on doit passer en comité national d’engagement Anru d’ici le mois de mai et que c’est une condition pour permettre d’avoir les financements, notamment Anru, des trois villes », souligne Grégory Garestier. Le vote des élus communautaires a donc marqué une nouvelle avancée vers le lancement des rénovations urbaines à Trappes, au Valibout à Plaisir et La Verrière.

Les démolitions continuent de faire débat à La Verrière

Mais dans cette dernière commune, le sujet fait fortement débat actuellement. En effet, le quartier du Bois de l’étang est désormais concerné par une réhabilitation comprenant la démolition de trois ou quatre immeubles, soit entre 212 et 264 logements, alors qu’une rénovation sans destruction était auparavant annoncée. D’autant que le nouveau maire, Nicolas Dainville (LR), s’était jusque-là toujours affiché contre une option avec démolition (voir notre édition de la semaine dernière).

Le 9 février, une cinquantaine de locataires se sont ainsi réunis au cœur du quartier pour demander à être impliqués dans le processus de rénovation urbaine. Le lendemain, au conseil municipal de La Verrière, le sujet a donné lieu à de vifs échanges entre le nouveau maire et sa prédécesseure, Nelly Dutu (PCF). Le 11 février, soir du conseil communautaire qui était retransmis sur les réseaux sociaux et notamment sur Facebook, plusieurs habitants du Bois de l’étang ont fait entendre leur voix dans la section commentaires du direct.

« Le projet, qui inclut une charte de relogement et des démolitions, a été décidé sans aucune concertation avec les habitants ni avec les associations des locataires comme le prévoit l’article 1.3 de la gouvernance de l’Anru, a par exemple regretté le Collectif des locataires du Bois de l’étang, s’adressant aux élus de SQY. […] Nous vous sollicitons pour remettre les habitants au centre de ce projet et exclure La Verrière de la charte de relogement. Si toutefois vous décidiez d’inclure La Verrière dans cette charte de relogement après avoir pris connaissance de l’absence de coconstruction avec les habitants, vous participeriez à un véritable déni de démocratie qui est un pilier fondamental de notre république. »

Lors du conseil communautaire, Nicolas Dainville a justement pris la parole pour défendre une rénovation avec des démolitions. Il a loué la charte de relogement, « qui permet une vraie solidarité intercommunale et qui place le choix du locataire comme premier critère de relogement, avec un certain nombre de garanties notamment dans la prise en charge des frais de déménagement, dans le reste à charge et dans la mobilisation des contingents pour loger en priorité les habitants concernés ». Le maire a également confirmé son intention ferme que La Verrière figure dans la charte de relogement.

« Certains, et je le regrette, dans ma commune, voudraient que La Verrière soit exclue de cette charte de relogement. Je pense que ce serait une catastrophe pour les habitants qui veulent partir et profiter des conditions exceptionnelles de cette charte pour être relogés, estime-t-il. Ce serait aussi une catastrophe pour les habitants qui veulent rester, car La Verrière ne figurerait pas dans cette charte, on ne pourrait pas réhabiliter de manière ambitieuse l’ensemble des habitations restantes. »

« Cette étape (le vote de la charte, Ndlr) est importante mais n’est pas décisive », insiste le maire de Trappes, soulignant la nécessité « que les habitants participent réellement à la coconstruction du projet ».

Il a une nouvelle fois « assumé » avoir changé d’avis sur les démolitions, nécessaires pour obtenir les crédits de l’Anru, qui permettent des investissements « tels que jamais on ne pourrait en avoir ». Nicolas Dainville a également ajouté que la concertation allait « s’intensifier », avec notamment des « ateliers qui vont permettre de discuter avec les habitants sur les aires de jeu, les aménagements, les modes de déplacement, le stationnement ». Le maire a conclu son propos en affirmant « que tous les habitants doivent être respectés » : « Ceux qui sont contre ce projet doivent être écoutés, on doit écouter leur colère, ceux qui sont pour aussi, ils ne doivent pas être intimidés. »

Dans la suite des échanges entre élus sur la charte, le maire de Trappes, Ali Rabeh (Génération.s), a à son tour pris la parole, alors que dans sa commune les relogements devraient principalement concerner le square Albert Camus. Il a insisté sur la nécessité « d’associer les habitants » à la rénovation urbaine.

« Cette étape (le vote de la charte, Ndlr) est importante mais n’est pas décisive, au sens où le plus important commence après l’adoption de cette charte du relogement, et qu’il faudra qu’on soit tous attentifs, je le serai dans ma ville, à faire en sorte que les habitants participent réellement à la coconstruction du projet, avance Ali Rabeh, rappelant que cette concertation figure dans le règlement de l’Anru. À Trappes, je souhaite qu’on prenne le temps, ça ne veut pas dire qu’il faut repousser aux calendes grecques nos projets parce qu’il y a des délais, il faut avoir engagé avant 2024. Nous sommes contraints par les textes à respecter un calendrier assez serré. »