Pendant six ans, le Docteur Ferradji, chef du pôle enfants au centre hospitalier de Plaisir, s’est battu pour ouvrir une unité de pédopsychiatrie dans le Sud des Yvelines. « Ce projet est né du constat que le territoire est sous-doté pour ne pas dire pas doté du tout en lits d’hospitalisation, pour la tranche des 8-12 ans en souffrance psychique dans le Sud », explique-t-il. Mais en octobre 2019, le professionnel de santé a finalement obtenu gain de cause, lorsque l’Agence régionale de santé (ARS) a donné son aval, pour financer ce nouveau service à l’hôpital de Plaisir. Une enveloppe globale entre 1,5 et 3 millions d’euros par an leur sera allouée pour rendre l’unité pérenne, selon les estimations du Dr Ferradji.

Une enveloppe entre 1,5 et 3 millions d’euros par an

Un investissement non négligeable, quand on sait que la seule véritable unité de pédopsychiatrie pour les pré-ados dans les Yvelines se situe au Nord, à Montesson, avec six lits. Mais ce service est « tout le temps » saturé, selon le professionnel de santé. « Il n’y a aucune possibilité d’hospitalisation pour cette population d’enfants sur le territoire Sud Yvelines, en dehors des services de pédiatrie. Mais [ce dernier] s’occupe du corps de l’enfant et non de sa santé mentale », explique-t-il. En attendant, son pôle enfants à Plaisir parvient à s’organiser et essaye de les envoyer au centre hospitalier Sainte-Anne ou à la Pitié-Salpêtrière.

Mais l’arrivée de cette unité psychiatrique pour les 8-12 ans pourrait changer la donne. Huit lits d’hospitalisation, soit huit chambres, sont prévus dans le bâtiment 26 du centre hospitalier de Plaisir. Anciennement affecté à la maison de retraite « Les Hirondelles », le bâtiment de quatre niveaux va être transformé pour accueillir ces enfants.

Et l’opération ne devrait pas durer plus de six mois, selon le cahier des charges des travaux. Un aménagement rapide et économique, qui satisfait le Dr Ferradji. « On a été vertueux dans la réflexion. […] Le site de Plaisir dispose d’un plateau technique assez conséquent et d’un patrimoine architectural riche, du coup, sur le plan économique, on n’a pas besoin de construire un nouveau bâtiment », explique-t-il. Sachant que les travaux ont déjà commencé.

« C’est une réponse limitée »

Cette unité va donc apporter des soins et un accompagnement de jour, comme de nuit. Sachant que des hôpitaux ouverts de 9 h à 16 h existent déjà, mais cela ne suffit pas, selon le professionnel de santé. D’où la création d’un service complet à Plaisir, qui est d’ailleurs central sur le territoire, fait remarquer le Dr Ferradji.

Ce service aura également la particularité d’être une unité de crise. Les enfants pourront rester entre trois semaines et un mois, selon le docteur. « La réalité nous dicte cet impératif. […] On peut être vite saturés », justifie-t-il. Cette solution permettrait ainsi d’éviter de recourir aux placements en urgence. « Cette unité permettra de mieux répondre à ces situations et donnera plus de temps pour trouver la meilleure option pour chaque enfant pris en charge », anticipe-t-il.

Le bâtiment accueillera donc des enfants victimes de violences, de maltraitances, ou d’abus, et qui ont besoin d’être séparés du milieu familial ou du foyer de l’aide sociale à l’enfance, illustre le professionnel de santé. Ils seront donc accompagnés par des pédopsychiatres, mais aussi par des psychologues, des orthophonistes, des éducateurs, ou encore par des assistants sociaux.

Et au-delà des prises en charge individuelles, des activités en groupe auront lieu comme de la médiation culturelle, artistique, ou encore sportive. Il sera même possible dans certains cas, de faire des hospitalisations conjointes parent-enfant, assure le Dr Ferradji. Mais pour que tout fonctionne correctement, une trentaine de personnes doivent être recrutées.

Sauf que ce nouveau service pourrait ne pas suffire. « On est très contents, même si huit lits ce n’est pas beaucoup. C’est une réponse limitée », reconnaît le professionnel de santé. Pourtant, quatre lits – en plus des huit – ont ouvert au printemps dernier à l’hôpital André Mignot à Versailles. Mais ce ne serait toujours pas assez.

Et c’est sans compter l’impact de la crise sanitaire qui a fait exploser les demandes de prise en charge. « La fréquentation des urgences et des centres médico-psychologiques a doublé, voire à plus que doublé, regrette-t-il. Alors que les dotations de l’État n’ont pas augmenté depuis dix ans. »