Trois ans et demi après une première réunion, suivie d’ateliers, une deuxième phase de concertation s’ouvrait le 21 septembre concernant le projet de réaménagement du secteur des IV Arbres, à Élancourt, avec une réunion publique de lancement, en visio. Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY), maître d’ouvrage, et la commune d’Élancourt, se sont entourées de l’agence d’urbanisme Attica, pour les études préalables, et de l’agence Traitclair, pour la concertation, en vue de transformer d’ici plusieurs années ce secteur dont le périmètre d’étude s’élargit à environ 50 hectares – tandis que la Zone artisanale (ZA) des IV Arbres en elle-même fait 5 ha – , et s’étend du transformateur RTE, au Sud-Ouest, à l’échangeur R12 au Nord-Est.

« C’est notre périmètre de travail, a-t-on déclaré du côté de SQY lors de la réunion, pour laquelle 52 personnes étaient connectées. Toutefois, ce n’est évidemment pas à cette échelle-là que pourront voir le jour peut-être une ou plusieurs opérations d’aménagement, c’est un secteur trop vaste. » Un secteur qui, en matière de caractéristiques, « subit un certain nombre de contraintes qui vont agir sur le projet », a de son côté exposé Marion Monique, architecte chez Attica. « C’est un site grevé par des infrastructures de réseau, estime t-elle. Les Lignes très haute tension (LTHT) sont très visibles, mais il y a aussi une canalisation de gaz qui traverse la plaine des sports du Nord au Sud et qui ne peut être dévoyée […]. Ce sont des choses qu’il va falloir prendre en compte dès les premiers éléments du projet. »

« À côté de ça, c’est un site qui a énormément d’atouts et relève beaucoup d’opportunités, poursuit-elle. Tout d’abord, une trame verte et bleue remarquable. On est quand même entre le bassin du fond des Roches, le bassin de la Boissière, France miniature […], et la coulée verte des Réaux, les jardins familiaux… On est par ailleurs sur un territoire extrêmement bien équipé, attractif pour les habitants d’Élancourt. On a des terrains de sport certes vieillissants, mais qui existent et sont aujourd’hui pratiqués, des jardins familiaux fédérateurs à l’échelle de la commune, et des équipements culturels, […]. On a aussi un territoire qui […] permet d’envisager un projet en plusieurs phases. »

Le périmètre d’étude s’élargit à environ 50 hectares, et s’étend du transformateur RTE, au Sud-Ouest, à l’échangeur R12 au Nord-Est.

En 2018, la réunion de lancement de la première phase avait été suivie d’un diagnostic en marchant, d’un atelier sur les orientations d’aménagement, avant une réunion de restitution. Au total, 300 personnes avaient pris part à cette phase, pour plus de 400 propositions formulées, « sur des sujets aussi variés que les circulations, les stationnements, les équipements, les commerces, la plaine des sports, les espaces verts, l’habitat », énumère Charlotte Hemery, cheffe de projet chez Traitclair.

Ce réaménagement du secteur des IV Arbres suivra cinq grandes lignes directrices, rappelle Joachim Solda, urbaniste opérationnel à SQY : affirmer une forte valeur paysagère et environnementale, favoriser les mobilités douces, fédérer la vie de quartier autour d’espaces publics diversifiés, mettre en œuvre un quartier des proximités, et proposer des formes urbaines durables. Si, en raison de la crise sanitaire, « on n’a pas pu continuer les travaux tels qu’on l’aurait souhaité », trois projets ont avancé « un peu plus sérieusement », a indiqué Thierry Michel, 1er adjoint élancourtois, en préambule de la réunion du 21 septembre.

En l’occurrence, le commissariat d’agglomération, espéré pour 2024, et pour lequel les travaux d’études sont en cours, le futur complexe tennistique, dont les travaux ont commencé et qui doit être livré l’année prochaine au parc des sports Guy Boniface, et enfin une galerie commerciale. Cette dernière, prévue pour l’automne 2023, aura pour locomotive l’Intermarché, qui devrait être déplacé de la rue du fond des Roches, dans la zone artisanale, au boulevard Grégory, « en front de boulevard », a annoncé Joachim Solda. Un bureau de tabac, une boulangerie, une pharmacie et un magasin bio, notamment, compléteront la galerie commerciale.

Les autres éléments du projet, eux, restent encore à définir, et « rien n’est figé » à ce stade, comme il a souvent été répété lors de la réunion. Y compris pour l’un des sujets les plus épineux, l’enfouissement des LTHT. Les documents de SQY indiquent que certaines seraient potentiellement enfouies à très long terme, tandis que d’autres seraient conservées en aérien. « En 2018, […] des études étaient engagées avec RTE pour la constitution d’un dossier […] qui permet d’évaluer la faisabilité d’un enfouissement, les potentiels fuseaux d’enfouissement et, enfin, avoir une première approche économique », précise Joachim Solda.

Et de poursuivre : « Il y a en réalité trois lignes. […] Chaque ligne a des caractéristiques bien propres et qui nécessitent une prise en charge particulière. […] En 2019, les élus d’Élancourt et de SQY ont décidé d’élargir le périmètre d’enfouissement […] jusqu’à La Verrière. […] Conséquence de ce choix, une nouvelle convention d’études a dû être signée en 2019 avec RTE (le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, Ndlr), et les études ont été réengagées dans le courant de cette année-là. Donc il y a un gros travail d’actualisation, on n’est plus sur le même périmètre, on n’est plus sur les mêmes contraintes. […] On sera en capacité seulement début 2022 de donner des indications sur les fuseaux d’enfouissement potentiels, et surtout d’évaluer la faisabilité technique et financière. »

D’une manière générale, le projet n’en est qu’aux prémices. « Nous n’avons surtout pas souhaité construire un projet en chambre et arriver avec des choses stabilisées sur la table à vous présenter. […] Lors des prochains ateliers, on va rentrer un peu plus dans le détail, et c’est là qu’on commencera à rentrer sur la conception du projet », a assuré Joachim Solda alors que les questions fusaient sur de nombreux points.

France miniature « potentiellement mutable à long terme »

En l’occurrence, à ce moment précis, sur le nombre de logements. « Il y a trois ans, M. Fourgous et M. Desbans avaient bien expliqué que la condition pour avoir de nouveaux équipements sportifs, pour avoir une zone régénérée, […] c’était de construire du logement, pour faire rentrer des recettes dans cette équation », rappelle l’urbaniste. Concernant leur hauteur, « le PLU donne une hauteur maximale en R+4+ attique, et il n’est pas question de déroger à cette hauteur », complète Marion Monique, qui ajoute qu’Attica travaille « aussi à la diversification des typologies et des morphologies, pour ne pas avoir un quartier uniforme ».

Parmi les autres sujets d’interrogation des habitants, la présence ou non, sur la coulée verte, de mobilier urbain type tables de pique-nique et ping-pong, mais aussi d’un restaurant dans le quartier. « On n’est pas au stade où on va définir à quel endroit on va le faire, mais c’est des éléments qui vont être pris en compte dans notre étude », répond Thierry Michel. Concernant l’éventuel restaurant, il fait savoir que « rien n’est défini sur le nombre de commerces complémentaires et la typologie de commerces que nous pourrions installer, mais nous avons pris en compte, [le fait] d’essayer de créer une ‘’place commerciale’’ ». Il a aussi été réclamé que les mobilités douces et circulations piétonnes soient davantage envisagées. « C’est l’un des enjeux qu’on a identifiés comme forts », assure Marion Monique.

Des souhaits, mais aussi des craintes, ont été exprimés. Comme sur l’avenir de France miniature. Sur les documents de SQY, il apparaît que le parc, qui figure sur le périmètre d’étude, est « potentiellement mutable à long terme ». Joachim Solda se veut rassurant : « France miniature fait partie du périmètre d’étude, ce n’est pas pour ça que France miniature va partir. Aujourd’hui, on a une activité qui est en place, et il n’est pas question de remplacer France miniature par du logement, par de l’activité. Les gestionnaires de ce parc sont les bienvenus pour intégrer les réflexions et le travail de concertation, mais, à ce stade, il n’est pas prévu de les remplacer par d’autres types de constructions ou d’activités. »

Autre point de crispation : l’avenir des jardins familiaux, un temps menacés par la construction du commissariat, mais dont un déplacement est toujours envisagé. Le 13 septembre, l’association des jardins des IV Arbres, réaffirmait dans un communiqué « l’exigence de non-déplacement des parcelles », rappelant que celles-ci sont cultivées depuis plus de 40 ans. « Le ‘‘commissariat du futur’’ se situera sur le site actuel des tennis, il n’y a donc aucune raison de détruire ou déplacer les parcelles pour construire des logements le long du boulevard Grégory », écrit-elle notamment.

Thierry Michel reconnaît qu’ « aucun engagement ne peut être fait de savoir s’ils restent exactement là, s’il faut légèrement les déplacer ». « Il y aura à travailler sur ce sujet, en concertation avec l’association des jardins familiaux, mais d’autres partenaires, pour faire en sorte peut-être même de les développer », suggère l’élu élancourtois.

Cette question sera sans doute abordée lors de la suite de cette deuxième phase de concertation, qui se poursuivra par un atelier le 7 octobre, avant un autre atelier en décembre, puis un en février. La concertation doit s’étendre jusqu’en 2024, tandis que le lancement opérationnel de la première tranche de travaux est prévu pour 2025-2026, hormis donc les trois projets les plus avancés (commissariat, complexe de tennis et galerie commerciale), qui devraient eux voir le jour avant.

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CREDIT ILLUSTRATION : Attica pour SQY