La redynamisation de la zone commerciale de Maurepas-Coignières prend une tournure concrète. Au sein de Pariwest, la foncière Etixia va achever d’ici la fin de l’année la première phase du renouvellement des abords du magasin Kiabi. En plus de transformer cette zone précise, il s’agit plus largement du premier signal du vaste projet « Repenser la périphérie commerciale » qui vise à donner un nouveau souffle à l’ensemble de la zone commerciale comprenant Pariwest, le Forum Gibet et les Portes de Chevreuse. Ensemble qui constitue le deuxième pôle commercial de l’Ouest parisien.

La semaine dernière, Etixia, foncière immobilière de Kiabi, a organisé une conférence de presse pour annoncer la fin de la première phase de réaménagement du secteur de Pariwest lui appartenant. Cette phase concerne les deux anciens magasins Kiabi et Leader Price, pour une nouvelle surface de 4 200 m² (voir La Gazette du 23 juin 2020).

Une végétalisation intense

Les deux ensembles commerciaux ont été entièrement transformés, pour des travaux chiffrés à 5 millions d’euros. Ainsi, le Kiabi a déménagé dans l’ancien Leader Price refait à neuf, alors que l’ancien magasin Kiabi a été reconfiguré et divisé en quatre cellules commerciales. Ces dernières sont progressivement investies par de nouvelles enseignes : Afflelou y a déjà ouvert, l’épicerie vrac Day by day sera inaugurée le 13 octobre, Chausséa accueillera ses premiers clients courant novembre et la dernière cellule est en cours de commercialisation pour une ouverture souhaitée en décembre prochain. De plus, une nouvelle voie d’accès a été créée depuis le rond-point Schwartz et les parkings ont été mutualisés.

Mais il ne s’agit là que d’une première étape pour ce secteur de 20 000 m² qui va être entièrement réaménagé par Etixia d’ici la fin 2024. Pour bien la situer, cette zone est en bordure du rond-point Schwartz, et est délimitée par les rues Gutenberg et Kasteler. Elle comprend notamment les magasins Kiabi, Poullain, Noz, V and B, ou encore le nouveau Burger king. Une zone souvent décrite comme « moribonde » et enclavée, où plusieurs bâtiments ne sont plus occupés.

« L’objectif était de redonner du souffle aux commerces, parce qu’il y avait une déliquescence du commerce avec un taux de vacance qui grandissait », rappelle Etixia.

« Ce projet a été initié en 2018, rappelle Géraldine Niaulin, responsable du projet chez Etixia. L’objectif était de redonner du souffle aux commerces, parce qu’il y avait une déliquescence du commerce avec un taux de vacance qui grandissait. [Il fallait] donc lancer un plan d’action très ambitieux pour contrecarrer cette perte de vitesse et travailler sur des enjeux d’aménagement et urbains. » Un projet nommé « la Parenthèse verte », pour lequel la foncière met en avant un objectif de responsabilité environnementale.

« C’est vraiment un enjeu de proposer une végétalisation très intense du site, ce qui va être véritablement le marqueur de l’identité que l’on souhaite développer », alors que le secteur est actuellement « exclusivement artificialisé et déshumanisé », insiste Géraldine Niaulin, mettant en avant la proximité de franges naturelles et agricoles. Une végétalisation qui se retrouvera dans tout le projet, tant sur les toitures qu’au sol.

« Il y a un sujet qu’on développe sur l’agriculture urbaine puisque sur tous les interstices du projet, on veut proposer des espaces qui soient productifs et nourriciers, à proximité des consommateurs et des salariés », poursuit la responsable du projet, annonçant aussi qu’une ferme pédagogique pourrait être créée. Une agriculture urbaine qui aura droit à des déclinaisons sur le volet restauration du projet. « L’objectif est de développer des food-courts et des food-trucks qui valorisent les produits de circuits courts », ajoute Géraldine Niaulin.

Globalement, Etixia prévoit que « la Parenthèse verte » accueille à terme « loisirs, services et restauration, autour d’une offre commerciale mixant enseignes nationales et pépites locales, valorisant le savoir-faire et le terroir local ». Car l’objectif affiché tant par les élus locaux, que par la foncière, est de transformer ce lieu de consommation en un lieu de vie. Tout en rappelant qu’aucun logement n’est prévu dans cette emprise.

Ainsi, pourraient par ailleurs y être proposés, au sein des commerces ou en lien avec des associations locales, divers ateliers tels que des cours de jardinage, des ateliers culinaires pour apprendre à éviter le gaspillage, des cours sur la gestion du compost, des ateliers « do it youself », etc., énumère Etixia dans un communiqué.

Pour atteindre ces ambitions, Etixia prévoit de faire évoluer les 17 000 m² de bâti que compte actuellement la zone, pour atteindre 22 000 m² de surface de plancher. Mais sans artificialiser encore plus les sols, au contraire. « Nous, on prend le parti de rompre avec l’étalement urbain et de travailler avec de la densification, donc on va travailler en étage », résume Géraldine Niaulin. Elle prévoit par exemple la création de « rooftops » sur les toits des bâtiments. De plus, alors que cette zone est aujourd’hui pratiquement réservée aux voitures, Etixia veut y développer les mobilités douces, qui devront permettre de relier la zone aux espaces naturels voisins ainsi qu’au village de Maurepas.

« Un urbanisme désuet »

La philosophie des prochaines étapes est donc bien établie, même si elles ne sont pas encore tout à fait ficelées. Etixia en est en effet encore à l’étape de pré-commercialisation avec un calendrier prévoyant une livraison fin 2024. « Aujourd’hui on lance un appel aux porteurs de projet locaux, aux indépendants, aux associations, aux acteurs économiques, etc., qui se sentent impliqués ou qui ont envie de s’investir dans ces projets autour de l’économie circulaire, de la seconde main, du circuit court, de l’anti-gaspi ; pour étudier avec eux les projets », indique d’ailleurs la foncière.

L’évolution de la zone est en tout cas vue d’un regard positif par les maires de Coignières et Maurepas, Didier Fischer (DVG) et Grégory Garestier (DVD). « Je rappelle que Pariwest a maintenant 48 ans, donc c’est un urbanisme sous forme de boites à chaussures qui est complètement désuet aujourd’hui », souligne Grégory Garestier, précisant le taux de vacance qui y est d’environ 5 %. Le futur passera donc par une offre renouvelée : « On est sur un positionnement de développement durable, d’alimentation saine, de circuits courts, c’est une forte demande de nos concitoyens et il faut avoir un coup d’avance. On veut avoir ce positionnement que n’ont pas les autres [zones commerciales]. »

Voici un visuel de ce qu’Etixia projette comme environnement dans le secteur entourant le magasin Kiabi, même s’il ne s’agit pas d’un visuel définitif.

La transformation en cours du secteur Etixia se veut en tout cas être le premier signal de la métamorphose des 108 hectares de la zone commerciale englobant Pariwest, le Forum Gibet et les Portes de Chevreuse, pour laquelle l’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) a été lauréate en 2018 de l’appel à projets ministériel « Repenser la périphérie commerciale ».

« C’est un grand projet d’ensemble sur lequel on souhaite davantage de cohérence et de lien », précise Grégory Garestier. « Ce sont des zones vieillissantes, avec des problématiques qui datent plutôt des années 70-80 que du XXIe siècle, complète Didier Fischer, également vice-président de SQY chargé du commerce. On a des difficultés de circulation, un certain nombre d’immobiliers d’entreprises qui est très vieillissant. Donc il est nécessaire aujourd’hui d’anticiper. »

180 propriétaires à mettre autour de la table

Et si ce renouveau a débuté par Pariwest, c’est notamment car Etixia, ou encore Nhood (l’opérateur immobilier d’Auchan, Ndlr), y sont propriétaires de larges superficies. Alors que l’ensemble du secteur d’étude compte plus de 180 propriétaires différents : autant d’acteurs à mettre autour de la table et à accorder. « Ici, c’est plus facile parce qu’il y a Etixia, Nhood, ils ont des projets, résume Didier Fischer. Ça va être plus difficile du coté du Forum Gibet, notamment parce qu’il y a une multitude de propriétaires. » À cela s’ajoute la répartition des financements à déterminer. Ces contraintes font prédire à Grégory Garestier que la métamorphose totale de la zone, initialement prévue pour se terminer en 2030, se fera plutôt d’ici « 2040-2045 ».

Mais l’esprit général est déjà posé, tout comme les thématiques qui devraient être dévolues à chaque secteur de la zone commerciale. « On l’a déjà arbitré, confirme le maire maurepasien. C’est d’être dans une démarche environnementale innovante, de travailler sur les circuits courts et l’alimentation saine, en tout cas sur Pariwest. Et après, sur le Forum Gibet et les Portes de Chevreuse, on est plutôt sur faire venir les grandes enseignes au pied de la nationale 10 et de travailler aussi sur le pôle automobile. »

CREDIT PHOTO 2 : ETIXIA