Elles s’appellent Aïda, ou encore Marie-Leane. Âgées de 19 et 20 ans, elles ont commencé il y a deux semaines un chantier de rénovation dans la cage d’escalier du 26 et 28, rue de la Saône dans le quartier des Friches. Leur objectif : financer leur permis de conduire pour avancer sur leur projet professionnel. Aïda veut devenir agent de sûreté aéroportuaire et Marie-Leane agent d’escale. Toutes les deux soulignent avoir besoin du permis pour travailler. « Il faut le passer pour avoir un bon profil après », estime Marie-Leane.
Alors, grâce à ce chantier « éducatif », commencé le 23 août, elles et deux autres jeunes filles gagnent 10,57 euros bruts de l’heure et travaillent de 9 h à 16 h, cinq jours sur sept. Leur mission est de nettoyer, puis de repeindre, à l’aide de plusieurs couches sur plusieurs niveaux, les cages d’escalier des deux immeubles. Pour ce faire, elles sont accompagnées par des professionnels de l’entreprise Bativie, spécialisée en insertion dans le bâtiment. Elles ont également réalisé un projet artistique avec l’association Wake up, afin de décorer et d’égayer l’immeuble.
C’est la première fois qu’un chantier éducatif vise à aider les jeunes – issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville, comme celui des Friches – dans le financement de leur permis de conduire. Mis en place depuis 2015 par la mairie de Maurepas et son service jeunesse Tridim, les autres chantiers ont généralement vocation à les aider à payer leur Bafa ou un départ autonome, comme partir en vacances.
10,57 euros brut de l’heure
L’ouverture au paiement du permis de conduire est due à une demande des jeunes. « Il est remonté des animateurs qu’il y avait un vrai besoin », explique Pascale Denis (SE), adjointe à la politique de la ville, à l’animation et à la condition animale. Dix chantiers éducatifs sont donc prévus tout au long de l’année, en partenariat avec le bailleur Toit et joie, le Département et l’école de conduite Manes. Au total, depuis 2015, ils sont 220 à avoir pu participer au programme d’aide, tous projets confondus. « Nous estimons entre 25 et 30, le nombre de jeunes concernés chaque année », indique Félix Wembanyama, informateur jeunesse à la Boutique infos jeunes (BIJ).
Marie-Leane en est déjà à son deuxième chantier pour financer son permis de conduire. « Je veux l’avoir au plus tard d’ici octobre, et après je veux trouver un travail pour payer un prof d’anglais pour me perfectionner », planifie-t-elle, en pleine réorientation après un Bac pro en optique. Habitante de Maurepas depuis sa naissance, elle habite juste à côté du chantier.
Et c’est l’un des autres objectifs du dispositif : les faire œuvrer dans leur lieu de vie. « Les jeunes filles, on les connaît depuis longtemps. Certaines sont du quartier depuis toujours. Elles ont fréquenté les structures jeunesse depuis qu’elles sont toutes petites », raconte Félix Wembanyama.
Aïda par exemple a fréquenté dès son plus jeune âge le relai Marianne du CCAS, pour participer à des activités en famille. Cette jeune femme de 20 ans bénéficie, en plus de l’aide financière accordée par le chantier, de la garantie jeune, qui lui octroie une aide de 497 euros par mois, si elle prouve ses démarches dans l’avancement de son projet professionnel.
En effet, les chantiers éducatifs ne sont pas les seules aides desquelles peuvent bénéficier les jeunes. « Il y a un cumul de financement qui est possible », expose l’élue de Maurepas. Ils peuvent faire des demandes auprès de la mairie, de l’Agglomération ou encore du Département. D’ailleurs, la commune n’est pas la seule à proposer ce dispositif de rénovation. Cet été, la ville d’Élancourt en a par exemple également organisé.
À La Verrière, les jeunes ont repeint le hall du Scarabée
De nombreuses villes ont organisé des chantiers d’insertion cet été. À La Verrière, pendant tout le mois d’août, 16 jeunes âgés de 16 à 25 ans, venus de tous les quartiers, ont repeint le hall et les toilettes de la salle de spectacle Le Scarabée, encadrés par l’Afpi et l’Ifep. Par groupe de quatre, ils sont chacun intervenus une semaine, et ont reçu en contrepartie 300 euros en moyenne. Le maire de la commune, Nicolas Dainville (LR), les a remerciés le 1er septembre. « On est fiers du travail que vous avez fait, leur a-t-il adressé. C’est un chantier gagnant-gagnant. Gagnant pour les jeunes parce que ça fait une petite expérience sur le CV, […] vous vous êtes levés tôt le matin, vous avez gagné votre argent. Et pour nous, ça permet de rénover un lieu culturel avec des jeunes de La Verrière. »
Du côté des jeunes Verriérois, satisfaits de leur travail, l’un confirme avoir fait ce chantier pour l’argent. Tous ont en effet différents projets futurs, dont notamment le passage du permis de conduire. « Et pour La Verrière, c’est une bonne démarche : une semaine, c’est rien, autant venir là et faire ça plutôt que de rester dehors, avance un autre participant. Et le Scarabée, c’est symbolique : depuis qu’on est petits on vient ici avec l’école. »