72 % des familles concernées par le relogement souhaitent quitter le Bois de l’étang, voire la commune, annonce Marie Sizun, directrice déléguée chez Seqens Yvelines, le bailleur du quartier de La Verrière. Les résultats de l’enquête sociale sont tombés, lors de l’inauguration de la Maison du projet – également une maison de quartier – le mardi 16 novembre, dans le cadre du projet de rénovation urbaine du Bois de l’étang.

198 familles à reloger

En effet, sur les plus de 600 logements sociaux concernés par le projet, 404 doivent être réhabilités et 212 seront démolis. Ainsi, parmi les 198 familles visées par la démolition, 85 % ont répondu être favorables au relogement, et 74 % le sont pour le projet, selon le bailleur. « D’habitude, les gens sont attachés au quartier, et la difficulté c’est de leur proposer un relogement dans le quartier, mais, aujourd’hui, les familles demandent pour aller ailleurs », pointe Marie Sizun, étonnée des résultats de l’enquête sociale, qui ne reflètent pas le climat délétère planant au-dessus du projet, depuis le début de l’année.

Certains habitants de La Verrière, et même d’autres communes, sont vent debout contre le projet de réhabilitation du Bois de l’étang. En témoigne la réunion publique du 5 juillet qui avait été particulièrement agitée. Environ 200 personnes étaient présentes ce jour-là, dont un grand nombre réclamait « un projet sans démolition », comme on pouvait le lire sur les nombreuses pancartes brandies par la foule (voir notre édition du 13 juillet). En revanche, ils étaient beaucoup moins nombreux lors de l’inauguration mardi dernier de la Maison du projet, en dépit de quelques personnes vindicatives venues dénoncer la démolition de trois des dix bâtiments du quartier.

En effet, ce projet d’une très grande ampleur a pour objectif de désenclaver le quartier et de favoriser la mixité sociale. « On a des problématiques sur le stationnement, sur les voitures ventouses, la mécanique sauvage, la structuration du quartier qui date des années 70, sur les points de deal qui bénéficie de cette structure urbaine, sur le problème d’accès aux pompiers, sur le manque de points de distribution de billets… », énumère le maire de La Verrière, Nicolas Dainville (LR).

La création d’une coulée verte

Ainsi, le projet, financé à hauteur de 77 millions d’euros, prévoit de créer une meilleure offre commerciale, mais aussi de dédoubler le pont de la Villedieu d’ici 2025, pour donner un accès plus large aux piétons et aux cyclistes. Le carrefour de la Liberté sera lui modernisé, poursuit le maire : « Pour avoir une vraie entrée de ville. » Il y aura aussi une ouverture sur la RD 58.

La création d’une coulée verte est également à l’agenda. Le projet prévoit aussi la construction d’une nouvelle école et maison de quartier, dont l’espace sera mutualisé. Et les lignes à haute tension passant au-dessus de l’établissement scolaire devraient être enfouies. En plus de la rénovation des immeubles, ces derniers seront résidentialisés. « Les toits seront élancés, la devanture sera plus attractive pour donner un nouveau souffle au quartier », conclut Nicolas Dainville.

Mais toutes ces propositions ont besoin d’être améliorées par les habitants, selon l’édile. D’où l’inauguration de la Maison du projet. Une concertation sur la rénovation du quartier a été ouverte du 18 octobre au 21 novembre, avec des ateliers thématiques les 9, 16 et 18 novembre. Une urne est également installée dans la maison pour recueillir les avis des habitants. Et cette discussion va perdurer après, selon Fouzi Moussa, l’adjoint aux travaux, à l’urbanisme et aux ressources humaines. « On démarre les échanges avec la population. La fin des ateliers ne va pas clore la concertation. […] On a besoin que les gens participent et on ne veut pas décider à leur place », explique-t-il.

« Ils veulent [participer] de manière anonyme »

En revanche, les habitants n’auraient été qu’une quinzaine au premier atelier du 9 novembre, selon ce dernier. Certains auraient justement peur de s’exprimer à découvert. Car, en effet, ce soir-là, un groupe de personnes ont manifesté leur colère devant la Maison du projet, raconte l’adjoint à l’urbanisme. « Beaucoup de gens veulent participer, mais ils veulent le faire de manière anonyme », soutient le maire de La Verrière.

Ce qui explique les résultats de l’enquête sociale, qui a étonné les différents pilotes du projet de rénovation urbaine. Ces derniers en ont conclu que les plus vindicatifs au projet sont en fait peu nombreux. « C’est là où on a la contestation la plus haineuse qu’on a des habitants qui veulent partir. Pourquoi ce contraste ? […] On a des gens […] qui ont acquis un statut dans ce quartier et qui ne veulent pas que celui-ci bouge. […] Leur véhémence a à voir avec le fait qu’ils sont minoritaires », analyse le préfet délégué pour l’égalité des chances, Raphaël Sodini.

En effet, dans la salle de la Maison du projet, ils sont peu nombreux à être venus, sachant qu’il s’agissait d’une conférence de presse. Mais ils n’ont pas hésité à s’exprimer. « Ne vendez pas un monde meilleur si vous nous demandez de partir », apostrophe l’un d’entre eux. « La drogue, les voitures ventouses, c’est votre problème, vous êtes responsables », poursuit-il véhément, sûrement pour dénoncer le projet de rénovation qui ne résoudrait pas un des problèmes de fond qu’est l’insécurité.

Quel calendrier des travaux pour la rénovation du Bois de l’étang ?

Lors de l’inauguration de la Maison du projet à La Verrière le 16 novembre, le bailleur Seqens a donné quelques précisions sur le déroulement de la rénovation urbaine, que va connaître le quartier du Bois de l’étang. Notamment, deux relogements ont déjà eu lieu, il en reste désormais 198. Ces derniers devraient avoir lieu entre 2022 et 2024, selon Marie Sizun, directrice déléguée chez Seqens. La démolition commencera ensuite dans la foulée, fin 2024, espère-t-elle. Concernant la réhabilitation, celle-ci devrait commencer fin 2022, début 2023. « On va avoir entre deux et trois ans de travaux de réhabilitation et deux ans ensuite de travaux de résidentialisation, explique-t-elle. Le quartier va être un immense chantier pendant cinq, six ans. »