Trois seniors ont trouvé un emploi, trois sont en formation, quatre sont en recherche active avec des entretiens et le dernier a un projet de reconversion. C’est le bilan que fait la Fondation agir contre l’exclusion (Face) à la fin de sa Job academy de trois mois, le 24 juin à Promopole. Ce programme visait à travailler sur le retour à l’emploi de 11 seniors âgés de plus de 45 ans. « Il y a un lourd travail lié au deuil du passé, explique Clarisse Gorce, cheffe de projet emploi pour la fondation. Ils sont nombreux à être au chômage. »
En effet, le taux de chômage en France pour les plus de 50 ans est de 5,4 % en 2020. C’est toujours moins que celui des 25-49 ans qui est de 7,4 %, selon les chiffres de l’Insee. Mais cela n’empêche pas leur besoin d’accompagnement quant « à remettre le pied à l’étrier », reconnaît notamment Florence, filleule de la promotion, comptable et actuellement en formation pour monter en compétence.
Cette année, Face a donc innové en lançant une Job academy beaucoup plus intense qu’habituellement pour les seniors, intitulée « Pour un rebond gagnant ». « On avait la volonté de faire plus intensif du fait du Covid et de proposer plus d’actions pour pas qu’ils ne restent chez eux à ne rien faire », justifie en partie la cheffe de projet.
« Ça permet de se remotiver, surtout pendant cette période… »
Ils ont ainsi ajouté des ateliers pour travailler le retour à l’emploi. Commencé le 31 mars, le programme a d’abord permis la création de binômes parrain-filleul. Le premier devant accompagner le deuxième dans son projet de réinsertion pendant trois mois. Durant cette période, la promotion a également suivi, pendant huit jours, le parcours Valoriser son image professionnelle (VSI), grâce au partenariat avec l’agence Pôle emploi de Trappes.
Toute la promo a d’ailleurs fait un retour positif sur l’importance de ce travail de valorisation pour les faire avancer. « Ça permet de se remotiver, surtout pendant cette période… », affirme Jean-Michel, filleul au sein de la promo. Ce chef de projet en informatique a été « brutalement licencié » d’une start-up après avoir fait quatre ans chez elle et 17 ans avant chez IBM.
« J’ai cherché, mais souvent ce qu’on me disait, c’est que j’ai trop de compétences. […] En informatique, on recherche des plus jeunes qu’on va payer moins », explique-t-il. Actuellement, Jean-Michel est en recherche active d’emploi et il a déjà eu plusieurs entretiens, chose qu’il n’avait pas faite depuis longtemps.
Également grâce au VSI, Idriss a pu redéfinir son projet professionnel. « Je me suis retrouvé à ne plus savoir quel était mon projet pro », raconte-t-il. Avant d’intégrer la promotion, il était en recherche d’emploi, après avoir mis la clé sous la porte. Aujourd’hui, Idriss est en reconversion. Ce parcours « vous fait sortir de votre coin avec un regard neuf sur votre recherche », observe-t-il.
Le reste de l’accompagnement s’est ensuite organisé sous forme de huit ateliers en visioconférence, grâce au partenariat avec la mutuelle AG2R et son programme « Impuls’45 ». Étaient ainsi abordés les différentes formes d’emploi, les réseaux sociaux, le rebond dans sa vie professionnelle, ou encore la gestion du stress et le burn-out. Cette dernière situation a d’ailleurs touché certains filleuls de la promotion. Florence a fait un burn-out dans son ancienne entreprise. Mais elle a su rebondir et fait désormais une formation en gestionnaire comptable et fiscale pour ouvrir son champ des possibles. « J’ai du mal à me lancer, mais aujourd’hui je suis contente de ce que j’ai fait. […] Il faut du temps pour se relever », témoigne-t-elle.
« Il faut redescendre de sa planète »
D’autres, en revanche, vont avoir du mal à se mettre sur les réseaux sociaux. Pourtant, aujourd’hui, ils sont essentiels pour trouver un emploi. Refaire son CV, sa lettre de motivation, faire une page LinkedIn, semblent inutiles pour certains et le bout du monde pour d’autres. La marraine de Ludovic témoigne : « Au début, il y avait un vrai blocage sur les nouvelles techniques, comme faire les plateformes d’emploi […] et ça fait beaucoup de changements, surtout si on est déjà expérimenté. Il faut accepter de sortir de sa zone de confort et d’accepter les remarques. »
C’est l’un des problèmes majeurs du retour à l’emploi chez les seniors. « C’est tout le travail de remise en cause qui est dur », observe Clarisse Gorce. Mais, sous prétexte d’avoir eu une longue carrière professionnelle, certains ne veulent pas s’adapter au nouveau monde du travail. « Il faut redescendre de sa planète », affirme la cheffe de projet emploi.