La mise en concurrence du réseau de transports franciliens, décrite comme une « privatisation » par ses opposants, est sur les rails. Alors que le calendrier prévu pour les lignes concernées a été présenté en décembre dernier, le syndicat CGT des cheminots de Versailles a organisé un meeting le 10 juin dernier à Versailles contre ce projet, qu’il ne souhaite pas voir se concrétiser. Une cinquantaine de personnes – dont une majorité de cheminots mais aussi des usagers et des cégétistes d’autres secteurs d’activité – étaient présentes.
Crainte d’une baisse de la qualité de service
« Nous avons organisé cette réunion à destination des cheminots, mais aussi d’usagers, pour donner des éléments sur les enjeux de la période sur la question de la privatisation du Transilien, mais aussi du TER », résume, en ouverture des échanges, Matthieu Bolle-Reddat, secrétaire général du syndicat CGT des cheminots de Versailles. La date de cette réunion, à quelques jours du premier tour des élections régionales, n’était d’ailleurs pas un hasard puisque c’est la Région qui pilote la politique des transports.
« On entend des gens qui disent qu’on pourra faire jouer la concurrence, insiste Matthieu Bolle-Reddat. Or la loi et le projet de madame Pécresse sont très clairs, il ne s’agit pas d’une ouverture à la concurrence telle qu’on l’entend […] c’est bien une privatisation : le passage de notre monopole public actuel SNCF, à une entreprise de monopole privé qui va récupérer, ligne par ligne, l’ensemble de la ligne ou du lot de lignes. » Il craint également le « transfert de force » des salariés vers la nouvelle entreprise qui remporterait la ligne et une baisse de la « qualité du service public rendu aux usagers ».
Comme lui, les différents intervenants ont critiqué cette mise en concurrence. Notamment Didier Le Reste, président de l’association d’usagers Convergence nationale rail (CNR). « Nous sommes opposés à l’ouverture à la concurrence des activités de la RATP et de la SNCF, indique ce dernier. Il faut pousser le débat sur le fond avec l’ensemble des usagers et ceux qui croient que l’ouverture à la concurrence aura demain des vertus. […] On peut s’apercevoir, à l’aune des expériences que nous avons en France, que rapidement la qualité de service se dégrade, que les coûts augmentent. » Selon Didier Le Reste, la « privatisation » fera en plus que « les lignes bénéficiaires » ne pourront plus compenser « les lignes déficitaires », et « la sécurité ferroviaire pourrait pâtir d’un manque de vision globale de l’ensemble du réseau à cause de la séparation des lignes par opérateur ».
En 2025 pour les lignes N et U
Pour rappel, Île-de-France mobilités (IDFM) a dévoilé le calendrier de mise en concurrence de la SNCF, ligne par ligne, en décembre dernier. L’objectif affiché par IDFM, d’après son communiqué, est « d’améliorer la qualité de service pour les voyageurs », ainsi que de « mieux accompagner le développement des villes et départements d’Île-de-France en renforçant la fiabilité du service et engager une optimisation de la performance économique des contrats qui doit permettre de dégager des marges de manœuvre pouvant être réinvesties dans le développement de l’offre de transport ». Des arguments évidemment contestés par les opposants à la mise en concurrence.
Du côté des lignes locales, ce calendrier prévoit que l’opérateur soit désigné en 2025 pour les lignes N et U, et en 2032 pour le RER C.